Naufrage de l’agriculture sous Macron : l’ex-député macroniste Jean-Baptiste Moreau balance (presque) tout !

Le Salon de l'agriculture était, naguère, décrit comme la vitrine de l'agriculture française. Il n'est plus, aujourd'hui, que le décor Potemkine auquel plus grand monde ne croit d'une agriculture « en danger de mort ».
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Quelques heures après le passage d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture, c'est l'interview à lire pour revenir sur Terre. Celle de l'ex-fan d'Emmanuel Macron et ex-député LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, éleveur de profession, qu'il vient de donner à nos confrères du Point. Tout ce qu'il dit est certes connu, et les dernières semaines ont révélé l'ampleur de ce qui n'est plus une simple crise mais une descente aux enfers, un naufrage. Mais il est bon d'entendre la parole d'un responsable proche du pouvoir actuel qui accepte, pour un temps, de cesser d'habiller la catastrophe des éléments de langage habituels.

Il y a trois semaines, ici même, je relayais cette information stupéfiante : la France, grand pays d'élevage, n'est plus capable de satisfaire la consommation de viande bovine. Jean-Baptiste Moreau valide : « Le cheptel ne cesse de se réduire. Nous ne sommes déjà plus capables d'assurer des volumes minimum pour faire tourner certains abattoirs, et d'ici deux ou trois ans, ce sera l'hémorragie, un grand nombre d'établissements vont fermer […] Si on ne trouve pas des solutions pour être attractifs, la production française va continuer à s'écrouler. »

La souveraineté alimentaire de la France ? Jamais le mot n'a été aussi répandu dans la bouche de nos dirigeants, sans que la réalité de la chose ait une quelconque consistance. Là encore, les chiffres de Jean-Baptiste Moreau accusent : « Nous sommes dépendants pour la plupart des productions, et ça s'effondre partout ! On importe la moitié de nos fruits et légumes, la moitié de notre volaille (contre seulement 13 % en 2000 !), même les productions des grandes cultures dégringolent. La betterave à sucre a fait la une de l'actualité récemment, mais on risque de perdre l'entièreté de la filière ! »

Cette semaine, le chemin de croix des agriculteurs français est venu s'enrichir d'une nouvelle station, d'une nouvelle production qui ne trouve plus preneur : les noix. Oui, les noix du Périgord, malgré leur AOP, malgré les végés, malgré les recommandations médicales sur les bienfaits nutritionnels des fruits secs. Dans un contexte inflationniste où les consommateurs privilégient les produits de première nécessité, la consommation de noix s'effondre. Et l'on assiste, ces jours-ci, comme il y a deux mois pour d'autres arboriculteurs, à des arrachages de vergers, en Corrèze. D'après le reportage de France Bleu, « les producteurs au niveau national ont écrit au ministre de l'Agriculture pour lui réclamer des aides. Ils attendent toujours une réponse. »

Jean-Baptiste Moreau est bien conscient des raisons de cet effondrement généralisé : concurrence déloyale hors Union européenne et dans l'Union européenne, normes environnementales que la France est la seule à s'imposer, poids des lobbies écolo sur les gouvernements, etc. On aimerait qu'il aille jusqu'au bout de sa lucidité et qu'il en tire les conséquences politiques. Comme pour le sabordage de notre parc nucléaire, de notre armée, celui de notre agriculture n'est pas seulement dû à l'évolution du monde mais d'abord à des décisions et un personnel politiques toujours aux manettes.

Un peu comme notre ex-député, d'ailleurs. En effet, Jean-Baptiste Moreau n'est plus député, mais plus vraiment agriculteur non plus, puisqu'il a révélé avoir cédé les parts de son exploitation à son associé et être devenu… lobbyiste chez RPP, comme il l'a lui-même annoncé dans un post publié sur le réseau professionnel LinkedIn, il y a quelques jours. On se méfiera donc désormais de ses prochaines déclarations, mais sa défaite électorale lui a au moins permis de livrer un bilan lucide de sa période macroniste, même s'il persiste à affirmer « Nous avons fait beaucoup »

Le Salon de l'agriculture était, naguère, décrit comme la vitrine de l'agriculture française. Il n'est plus, aujourd'hui, que le décor Potemkine auquel plus grand monde ne croit d'une agriculture « en danger de mort ». C'est Jean-Baptiste Moreau qui le dit, et là, il a raison.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

74 commentaires

  1. Ex député macroniste : tiens donc. Et maintenant il pleure alors qu’il a participé à son propre malheur.
     » Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences dont ils chérissent les causes » (Bossuet)

    • Faites la liste de tous ceux qui se sont brûlés les ailes en « collaborant ». C’est impressionnant. C’est une des raisons de la médiocrité crasse du personnel de la macronie. Plus personne ne veut y aller. On a voté pour une fin de règne amère. Très amère.

      • Étant depuis 2017 une république bananiere je ne crois plus au vote qui a sois disant élu macron pour un deuxième mandat, tout comme je ne crois pas aux victoires de Denis Sassou Geso et Bongo père et fils. Fraude, magouilles, corruptions l’on fait réélire mais pas le vote démocratique.

  2. Et là aussi on découvre l’étendue du désastre lequel n’est oas terminé car Macron ne laissera partout et dans tous les secteurs qu’ un désert et une pauvreté de la France dont s’en relever sera plus que difficile. Ceci dit, perte de l’industrie, perte du commerce, perte de l’agriculture ; en quoi vont être utiles toutes ces bouches à nourrir qui continuent de nous envahir.

  3. Salon de l’agriculture devenu musée de l’agriculture. Merci à tous nos présidents, carpettes de la commission européenne.

  4. Et si, l’objectif de Macron et consor était de détruire, sans en avoir trop l’air, l’agriculture aussi pour pouvoir prouver que, sans l’Europe, la France ne peut pas s’en sortir ? Alors il détruit et clame « L’Europe est la solution » et oublions la France pluisque ce n’est qu’une province de l’Europe… Et il pratique cette méthode assiduement. Nucléaire, Alstom, Alcatel, Lafarge, les chantiers de l’Atlantique, EDF, la SNCF. La liste serait trop longue mais l’agriculture, ne pas réagir lorsque l’Allemagne préfère l’avion de chasse américain au français, la commande de sous marins par l’Australie… ETC ! Principe révolutionaire, on détruit, on fait table rase et ensuite on se présente comme le sauveur.

  5. Il y a beau temps que j’ai compris que Macron n’avais pas été élu, mais « mis en place »… par un lobby de financiers internationaux propriétaires des medias mainstream qui ont fait toute sa « campagne ». Les Français écœurés n’ont pas voté, sans se rendre compte que cette abstention amplifierait leur malheur. Le but ? : faire disparaître la France. La noyer dans un conglomérat qu’ils appellent l’Europe, la rendre totalement dépendante d’un marché mondial dont ces financiers tirent les ficelles. Macron n’à aucun état d’âme. Il fait le « job » en bon technocrate énarque qui ne s’encombre pas de sentiments. Il sait que s’il « fait tout bien » ils l’aideront à devenir Président de cette ”Europe », son ambition suprême. Il est comme le général Nivelle en 14, qui n’à pas hésité à envoyer des dizaines de milliers d’hommes se faire tuer au Chemin des Dames, pour rien puisque tout a raté… Dans quel état va-t-il laisser le pays quand les Français vont enfin ouvrir les yeux ?

    • Bravo, bien dit, mais combien de français pensent et réfléchissent comme vous?? Faisons nous mêmes la révolution et abattons la dictature en place!

  6. Quand on sème on récolte c’est un principe pour l’agriculture. Pour la politique aussi. Des électeurs et des abstentionnistes ont aidé à refaire germer pour une nouvelle saison de cinq ans ce qu’on appelle la Macronie c’est à dire des produits de la finance mondiale qui n’ont pas leur place dans la terre française. Nous sommes au bord du gouffre avec ce Bonimenteur élu qui n’est autre qu’un plein de vent qui n’aime pas son pays et ne parle que d’Europe et de République. Notre nation c’est la la France, république s’il en est et notre souveraineté n’est pas à Bruxelles. Nous devons sortir de cette U.E. maléfique, le FREXIT s’impose ainsi qu’un grand remplacement politique en France.

  7. Trop de normes et trop de technocrates contrôleurs qui emm…. les paysans pour les respecter. La France commet la même erreur que l’ex-URSS quand elle imposait à ses paysans de travailler non pour eux mais « pour le peuple » (c’est à dire pour personne). Laissons nos paysans produire comme ils savent le faire depuis Sully et supprimons tous ces postes de fonctionnaires -contrôleurs qui imposent des choses que les autres pays de la planète ne s’imposent pas.

    • Vous avez raison. Labourage et Pâturage… Que Macron arrête d’em…er les Français. Frexit et destitution seraient les deux mamelles de la France pour la retrouver comme nous l’aimions.

  8. « Nous avons fait beaucoup »… Ah mais oui, hélas ! Comme cet ex-député le savait pertinemment (on ne peut pas être aveugle, benêt, au point de ne pas le voir), la mission de E. Macron et de ses adeptes est bien d’engraisser les mondialistes, le « monde de la Finance » comme disait l’autre, en pillant les pays européens sous la coupe de leur colonisateur, l’USA-UE. Et oui, en effet, ils ont fait beaucoup. Réussir à faire passer l’agriculture française, si prospère et si admirée, sous la barre du déficit, c’est « beaucoup », c’est même énorme. L’USA-EU doivent être ravis d’E. Macron.

  9. Encore un traitre qui ose s’exprimer alors qu’il n’est plus parlementaire mais qui a su pendant son inutile mandat, comme ses pairs, mentir et soutenir la politique agricole mortifère que mène ce gouvernement.

  10. Pourquoi la France devrait t elle avoir l’autonomie alimentaire ? Ce serait incongru dans le cadre de la politique Européenne. Ces régressions sont d’une logique implacable et un véritable succès pour la politique économique promue pas Macron, le petit chef d’une Europe inconsistant.
    Logiquement vous devriez vous battre pour sortir de ce système catastrophique sur tout les plans économiques, sociaux et récemment militaire. Arrêtez de faire les pleureuses, agissez.

  11. Toujours plus d’immigration =toujours moins de terres agricoles, de plus en plus de bétonisation et de besoin d’énergie et de moins en moins d’agriculteurs et éleveurs. Et des idiotes prétendent qu”il y a suffisamment de place pour tout le monde pour accueillir des migrants qui fuiraient les disettes ou la guerre au lieu d’essayer de développer leur pays . Qu’elle aille vivre en Asie ou en Afrique pour voir.

  12. La France n’a plus aucune volonté politique, si ce n’est de suivre les injonctions de Bruxelles.
    Et comme la France est endettée, elle n’est plus maître de son avenir, donc de ses décisions de reindustrialisation ou de relance dans quelque secteur que ce soit.
    Les hommes politiques, par leur incompétence, leur appât du gain et leur progressisme ont assassiné la nation et nous, les Français, incultes, sans mémoire et sans discernement, nous avons suivi des  » bergers  » qui nous mènent à l’abattoir.

  13. bientôt plus d’agriculture, on a plus d’industrie, la santé est bien « malade  » , l’éducation c’est pire , l’armée pareil et en plus il donne le peut d’armement qu’on a ! en 2027 la France sera parterre , le destructeur aura fait son job, et incompréhensible personne ne bouge !

  14. Le geste auguste du semeur, labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France nous avons appris autrefois, dans une autre république d’une autre France, mais aujourd’hui dans cette Europe des grandes multinationales de l’agroalimentaire tout doit être profits. La décadence de notre agriculture comme de nos industries est programmée de longue date, les gouvernements successifs de ces cinquante dernières années ont participés activement et ou par soumission et lâcheté à ce naufrage économique.

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