« Nous ne savons pas ce qu’Emmanuel Macron nous reproche ! »
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Lors de la visite de Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a accusé Sputnik et RT d'avoir fait de la propagande pendant l'élection présidentielle française et d'avoir diffusé des contre-vérités. Pour Édouard Chanot, journaliste chroniqueur chez Sputnik, cette accusation n'a aucun fondement. Il propose aux lecteurs de Boulevard Voltaire de le vérifier eux-mêmes sur Internet. Emmanuel Macron et ses conseillers ont d'ailleurs souvent été invités, depuis avril 2016, dans les studios de Sputnik. Ils ont toujours décliné.
Emmanuel Macron a défrayé la chronique il y a quelques jours en accusant RT et Spoutnik pour lequel vous travaillez d'avoir fait de la propagande, d'avoir voulu jouer de l'influence pendant l'élection présidentielle, plus grave encore, d'avoir diffuser des contres-vérités, et de s'être finalement impliqué pour une force étrangère dans la Présidentielle française.
Qu'est-ce que vous avez à répondre à toutes ces accusations?
Ce n'est pas la première fois qu'il le faisait, c'était la troisième fois. Avant lui, Richard Ferrand, que l'on connaît pour d'autres raisons, l'avait fait. C'est toutefois la première fois en tant que chef de l'État. Et surtout, c'est la première fois devant les caméras du monde entier. C'est un peu « dérangeant », c'est le moins qu'on puisse dire.
Vos lecteurs pourront d'ailleurs faire l'expérience eux-mêmes. Vous tapez trois mots sur Google , par exemple Spoutnik, et Emmanuel Macron, ou encore Bahamas et au hasard Mathieu Gallet. Vous ne trouverez rien. Vous ne trouverez rien, tout simplement parce que Spoutnik s'est refusé à « relayer » ce genre de rumeurs.
On ne sait donc pas exactement ce qu'Emmanuel Macron nous reproche. J'ai plutôt tendance à penser qu'il est mal informé et mal conseillé. C'est effectivement une bête de com, et du contrôle de sa propre image au contrôle de l'information, il n'y a peut-être qu'un tout petit pas.
Je penche toutefois plutôt pour l'hypothèse de la mauvaise information, du suivisme de la doxa actuelle, et de cette espèce d'hystérie anti-russe qui nous vient principalement d'outre-Atlantique.
L'affaire continue. Nous l'avons évidemment invité depuis avril 2016, lui et ses conseillers, à venir dans nos studios pour répondre à nos questions. Ils ont toujours refusé catégoriquement de nous répondre.
C'est donc un peu ubuesque ! On nous empêche de faire notre travail et ensuite, on nous reproche de mal le faire.
Plus largement, il a accusé Spoutnik d'avoir notamment voulu influencer la campagne. Est-ce que finalement, ce n'est pas un peu ce qu'ont fait tous les médias, Spoutnik y compris, en prenant position parfois ?
Je vous rassure, Spoutnik n'a pas pris de positions claires, nettes et précises.
Spoutnik est un média public, russe évidemment. Nous ne prenons pas nos lecteurs pour des imbéciles. Ils le savent. Ils vont sur notre site. Ils écoutent les émissions en toute connaissance de cause. C'est à eux ensuite de faire leur propre jugement. Comme je le disais, Spoutnik reste un média public, au même titre que Radio France International ou France 24.
Reprenez les déclarations de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin en 2002 et 2004. Ils assumaient totalement que France 24, au moment de sa création, avait vocation à défendre et promouvoir la vision de la France et à faire rayonner, comme on dit, la France à l'échelle mondiale.
On voit derrière vous, un des slogans de Spoutnik : "Nous dévoilons ce dont les autres ne parlent pas". Quelle est la vocation de Spoutnik aujourd'hui dans le paysage médiatique français ?
Apporter des informations dites "alternatives". Je peux vous citer plusieurs exemples.
Récemment, Le Figaro a par exemple interviewé Vladimir Poutine. Certains extraits ont été coupés pour des raisons que j'ignore. Je ne leur fais absolument pas de procès d'intention. Le Figaro a coupé certains extraits, nous les avons publié. Il s'agissait de critiques de Guantanamo de la part de Vladimir Poutine.
Autre exemple, l'Etat islamique a utilisé des armes chimiques à Mossoul quelques semaines après la polémique autour d'Alep. Personne quasiment n'en a parlé en Europe occidentale. Nous avons publié l'information.
Nous pouvons multiplier un certain nombre de faits, d'informations factuelles de ce genre, que Spoutnik livre à l'attention de ses lecteurs.
Est-ce que vous ne pensez pas que cette information alternative qui dénote par rapport au monde médiatique dans son ensemble est à l'origine de ces accusations récurrentes contre les médias russes aujourd'hui en France ?
Oui, c'est sûr. Le fait d'être alternatif peut rapidement vous faire passer pour un vilain petit canard à l'égard de nos détracteurs.
Il y a clairement une campagne à notre encontre. Cela s'est clairement accentué il y a au moins un an avec la campagne présidentielle. Cela se ressent au quotidien.
Vous avez vous-même visité nos locaux. N'exagérons rien. Nous avons quelques collègues à Moscou. Mais en tout cas pour Spoutnik France, nous sommes une quinzaine.
Même si je voudrais bien d'une certaine manière, ce n'est pas nous qui allons changer la face de la politique française.
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