« Je ne veux plus faire semblant pendant que notre pays s’écroule et que notre civilisation s’effondre ! »
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Jean Lassalle sort d'une année riche en combat, avec notamment "la reine des campagnes", comme il l'appelle, celle pour l'élection présidentielle dont Emmanuel Macron est sorti victorieux. Quel bilan tire-t-il des premiers mois de celui-ci à l'Élysée ? Les Français peuvent-ils encore se "lassalliser" ? La France peut-elle se relever ? Jean Lassalle - l'homme qui se targue de toujours avoir eu "la baraka" - se confie en exclusivité à Boulevard Voltaire.
Jean Lassalle, vous sortez d’une année 2017 riche en combats puisque vous avez été notamment candidat à l'élection présidentielle. Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois du Président Macron ? Selon vous, dans quel état est la France aujourd'hui ?
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Pourquoi la France se promène-t-elle avec une telle dette, avec un tel sentiment de stress ? Cette angoisse assaille la plupart d’entre nous, quelles que soient d'ailleurs les couches sociales, même si celle qui n'a rien la vit évidemment beaucoup plus difficilement.
Selon vous, la France est-elle perdue ? Les Français, aujourd'hui, savent-ils encore à quel saint se vouer ?
À vrai dire, il n’y a pas que les Français dans cette situation. Mais restons en France.
Il s’agissait de la campagne présidentielle, donc de la reine des campagnes, celle qui permet d’élire un nouveau Président.
Ensuite, j’ai écrit Résistons ! C’était mon projet pour la France. Et je suis le seul à avoir présenté un projet en tant que tel. Les autres ont tous présenté un programme. Un programme consiste à vous dire : « On vous arrache une dent, on vous fait les ongles, on vous taille les cheveux, on vous refait un peu les rides, etc. »
Mon projet pour la France, au contraire, c’est : « Qu'est-ce que je suis ? Que faut-il envisager pour que je puisse rester sur la trajectoire de vie ? » La France est un très vieux pays. Comment peut-on retaper la France ?
L'absence totale d'équité dans l'expression des candidats. Voilà ce qui m’a frappé. Je ne savais pas que nous en étions rendus si bas. D’ailleurs, je ne sais quel institut a donné les chiffres ces derniers jours. C’est mon fils qui me les a rapportés. Je suis à un jour et quelque de temps de télévision, radio, presse écrite, tout réuni. Messieurs Macron et Fillon sont à quelque chose de l’ordre d’un mois et demi.
Je ne pensais pas qu’on pouvait empêcher un candidat de parler comme cela a été fait.
Du jour au lendemain, tous les médias, sauf le vôtre et quelques autres peu nombreux, m’ont fermé les portes comme si on ne me connaissait plus.
Je ne pensais pas que cela pouvait se produire au pays des droits de l’homme. Là, précisément, où le peuple s’est déclaré souverain, entraînant dans son sillage des dizaines d’autres pays. Cela a été une grande surprise.
Puis, j’ai enclenché les législatives dans un contexte de scepticisme monstrueux. Je sentais que je n’avais pas le droit d’interrompre ce que j’avais engagé si jeune. Cette décision me dépassait. Mettre moi-même un terme à ma destinée n’était pas concevable. Que le peuple me sanctionne s’il le voulait ; je lui en donnais l’occasion.
Êtes-vous convaincu de votre destin présidentiel ?
Les téléspectateurs vont probablement me prendre pour pire que je ne le suis. Mais nous vivons depuis une vingtaine d’années une période très instable. Nous en avons perdu totalement le sens. Rendez-vous compte, perdre le sens, perdre de vue à ce point le bien commun et ignorer à ce point qui nous sommes !
Et bien, je pense que, comme dans toutes les périodes instables, les Français voudront d’une manière ou d’une autre reprendre leur destin en main. Il suffira d’un simple incident. J’espère que ce ne sera pas sanglant, car je suis pour les combats pacifiques.
Vous lancez votre mouvement Résistons ! S’agit-il d’un mouvement qui veut fédérer toutes les autres oppositions contre Emmanuel Macron et sa vision mondialiste ?
Tout cela n’est que péripéties. On ne me coupe pas en tranches. Je suis quand même le premier qui ait marché. Je me suis tapé 6.000 kilomètres à pied. J’ai fait un tour de France tandis que Macron a fait trois fois le tour de sa cuisine. Et si ceux qui l’ont suivi ont fait chacun deux kilomètres, c’est déjà beaucoup.
Je revendique toujours cette posture du marcheur.
Lorsque j’ai entrepris ce tour de France, c’était pour aller à la rencontre de nos concitoyens. C’était, aussi, déjà pour poser un acte de résistance et d’opposition au système qui s’est emparé de nous et qui est en train de nous dénaturer. Il nous fait basculer de la civilisation dans laquelle nous avons joué un très grand rôle vers un matérialisme absolu qui nous dépouille de tout.
Je reste le marcheur du tour de France à pied. Les autres parlent beaucoup, mais moi je reste celui-là. Comme c’était prévu, j’ai affiné le caractère résistant de mon mouvement. Cela a été le fil conducteur de toute ma vie et me marque de plus en plus, car je sens que les temps l’exigent. Donc, résistons dans le cadre de Résistons !
Je suis donc tout cela à la fois. Mais je suis aussi celui qui sait chanter, celui qui se sert de toutes les possibilités qui lui ont été données par la nature. À chaque fois, c’était pour attirer, ou essayer au moins, l’attention de nos compatriotes sur le fait que notre pays se faisait beaucoup de mal à lui-même.
Je crains ne pas voir, du point de vue du citoyen, de continuité dans mon action. Lassalle pourrait apparaître comme un certain nombre de coups qui lui ont valu, comme ce fut le cas cette année, de se "lassalliser".
"Lassalliser", cela veut dire : « Ce type a quelque chose. Il a un fort accent, on ne comprend pas tout ce qu’il dit, mais il a quelque chose. Mais après, il disparaît et il ne raconte plus ce qui lui arrive. »
À force d'accuser le gouvernement d'être soutenu par de grands groupes, de parler de grands lobbyings financiers, n’avez-vous pas peur d’être considéré comme un complotiste ?
Je suis effectivement de plus en plus qualifié de complotiste. Plus aucune émission télévisée ne m’invite et plus un journal ne me consacre un bout de papier. Pour la énième fois, je suis en train de traverser tous les déserts du monde. Je crois que je vais, effectivement, faire l’objet de très violentes attaques. Mais c’est le propre de tous ceux qui se lèvent un jour en disant : "Je ne supporte plus, je ne veux plus faire cela, je ne veux plus faire semblant à ce point pendant que notre pays s’effondre et pendant que notre civilisation s’écroule sous nos yeux."
Pour autant, l’opinion publique ne me lâche pas. Et j’ai la baraka. J’ai toujours eu la chance de m’en sortir. En tout cas, je ne peux plus continuer à faire semblant dans ce contexte vichyste que j’ai dénoncé.
Vichy, c’était la peur. 1 % de résistants, 20 % de collabos et 80 % de Français qui attendaient de voir de quel côté allait tourner le vent ! On y est un peu. Alors, on m’a dit : "Mais Vichy, tu te rends compte, on n’a pas eu de déportation massive." J’ai répondu : "Je ne pense pas qu’il y ait de déportation massive, mais on n’a pas besoin de tout cela aujourd’hui puisqu’on contraint des hommes et des femmes au suicide par le désespoir."
Je veux que la France retrouve l’espace et la place qui doit être la sienne et en Europe et dans le monde.
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