[Nécrologie] Gina Lollobrigida, belle Italienne et femme ultime
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Elle nous a quittés alors qu’elle n’avait que 95 ans. « Elle » ? Gina Lollobrigida, pardi ! Celle qui fut jadis surnommée, non sans raison, « la plus belle femme du monde ». Comme nombre de ses consœurs transalpines, elle était d’origine modeste ; ce qui l’obligea à fuir sa cambrousse natale pour tenter de faire carrière dans la capitale.
Elle débute alors dans le roman-photo, genre alors très en vogue, avant de finir bonne troisième au concours de Miss Italie, juste derrière la sublime Gianna Maria Canale, qui n’est pas encore l’égérie du cinéaste Riccardo Freda. Durant les quatre années suivantes, elle tâte du cinéma, alternant les seconds rôles, avant que ne survienne, mieux que la révélation, la consécration, avec Fanfan la Tulipe (1952), de Christian-Jaque, où elle partage l’affiche avec Gérard Philipe.
Là, elle y éclate non seulement d’une beauté insolente, mais aussi de formes si callipyges qu’elle en vient à incarner un véritable symbole national. Eh oui, n’en déplaise à la secte des transgenres indifférenciés et du métissage mondialisé : les femmes ne ressemblent pas à des hommes, mais ne se ressemblent pas non plus les unes et les autres. Comme si, derrière la dentelle et les froufrous, se nichait aussi l’âme d’un peuple, le cœur d’une nation.
Ainsi, en France, la très hiératique Michèle Morgan mise à part, les charmes féminins sont à l’époque souvent boulevardiers. D’Arletty en Martine Carol, de Ginette Leclerc en Dany Carrel, la Française est une jolie cocotte, une gouailleuse n’ayant pas froid aux yeux. Bref, son chic irrésistible est avant tout canaille.
Aux USA, hormis les fabuleuses Ava Gardner et Gene Tierney, les brunes sont sommées de s’y montrer blondes. Leur spécificité ? La fausse sophistication et la vulgarité authentique ; la preuve par le culte posthume honorant encore aujourd’hui Marilyn Monroe, actrice plus que limitée et potiche devant l’éternel.
Mais, une fois les Alpes passées, rien de tout cela. Comme si, loin des afféteries américaines et des coquineries françaises, la diva italienne faisait figure de femme ultime. Car elle est tout à la fois. Un peu maman, un brin catin. Sage et enjôleuse, un rien l’habille. Elle exhibe ses formes tout en les dissimulant, entre sortie de messe et entrée à la maison close. Quand elle s’adresse aux hommes, c’est en baissant les yeux ; mais dès qu’elle les ouvre, c’est le Vésuve et l’Etna réunis. Avec de telles créatures, à quels seins se vouer ? Un curé y perdrait son latin.
Gina Lollobrigida fut donc le prototype de ces femmes aussi sublimes qu’une Pietà de Michel-Ange : Sophia Loren, Claudia Cardinale, Stefania Sandrelli, Ornella Muti, Edwige Fenech, Rosalba Neri et, plus récemment, Monica Belluci. Peu importe que sa carrière n’ait pas toujours ensuite été à la hauteur des sommets que certains pouvaient espérer, sachant qu’elle demeurera à jamais la renversante Esmeralda, dans Notre-Dame de Paris (1956), le chef-d’œuvre de Jean Delannoy, film dans lequel on comprend bien pourquoi Quasimodo – l’un des plus grands rôles d’Anthony Quinn – était prêt à tout, ne serait-ce que pour recevoir, tel un saint Graal, l’aumône d’un seul de ses regards.
Après, on a toujours le droit de préférer Corinne Masiero à la diva qui s’en est allée.
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9 commentaires
Oui il est vrai que ces créatures transalpine comme Gina Lollobrigida n’ont pas usurpée leurs statut de plus belles femmes du monde , Silvana Mangano aussi ou la sublime Sophia Loren, qui, même sur le tard était d’une sensualité incomparable en duo avec Mastroianni dans le film « une journée particulière « . Elles ont toutes fait tourner les têtes, mais je vous trouve bien sévère avec Marylin qui jouait plus les potiches qu’elle ne l’était réellement !
Et puis, sans nier certaines situations douloureuses, elle ne nous a pas fatigués avec des combats féministes et autres #Me Too, quoi qu’elle ait pu vivre
Bien qu’elle ait eu 20 ans de plus que moi, je suis tombé éperdument amoureux de Gina lorsque j’avais 15 ans.
Je ne suis pas d’accord cependant avec votre commentaire sur Gene Tierney qui fut une magnifique actrice en même temps qu’une sublime femme.
Cela dit, il est très clair dans mon esprit que les plus belles femmes du monde viennent d’Italie
Très bel hommage à la sublime Gina. Merci Mr Gauthier.
Vous avez tout dit de la classe, l’élégance la beauté de Gina. Pour les hommes de ma génération (j’approche de 80 ans), elle était tout simplement divine, laissant loin derrière elle les actrices des différentes nationalités que vous avez évoquées et même ses « consoeurs » italiennes.
Avec le décès de Gina Lollobrigida, c’est tout l’esprit de la Femme, belle, sensuelle , respectable et honnête qui s’efface. On est à des années lumières de la vulgarité qui tend à se dicter comme modèle. Adieu Madame.
Fanfan la tulipe …Un film magnifique ..Si vous pouvez vous procurer le DVD n’hésitez pas .
comme cela est charmant d’évoquer cette belle personne. Merci à vous pour cet hommage. Il y a au moins quelque chose de beau dans ce monde
Gina Lollobrigida était LA femme. Une beauté parfaite. Même au saut du lit, elle devait être magnifique. Je trouve que la photo qui illustre l’article ne rend pas hommage à sa beauté.