Névrose climatique, suicide, infécondité… cessez de désespérer nos enfants !

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Dans un article du 17 juin, Marianne s’interroge : « Suicide, homicide, stérilisation… mais pourquoi Brut, Konbini & Cie sont-ils si morbides ? » Et de commenter : « Jeunes médias s'adressant aux jeunes, Konbini et Brut se sont paradoxalement fait une spécialité des sujets no future » : « Lundi : tuer son fils handicapé ; mardi : se suicider en 2020 ; mercredi : refuser de faire un enfant dans un monde condamné à la catastrophe ; jeudi : être transformé en engrais après sa mort… et ainsi de suite. Optimistes, passez votre chemin », en soulignant que « cette mode se répand peu à peu chez des confrères traditionnels » : « Ligne éditoriale commune : pendons-nous haut et court ! »

Sérieusement, combien de temps allons-nous encore laisser désespérer nos enfants ? Les angoisser jusqu’à tuer leur joie de vivre, les culpabiliser jusqu’à éteindre en eux l’envie de procréer ?

Leur culpabilité se décline en cercles concentriques, du plus local au plus général. On les pointe du doigt en tant qu’Occidentaux : vous êtes coupables d’avoir colonisé et opprimé. Et si ce n’est vous, c’est donc votre (grand-)père. Pour vous racheter, vous offrirez donc votre héritage, votre art de vivre, votre pays toutes frontières béantes en sacrifice expiatoire, et vous irez défiler contre le racisme dans la rue, votre pancarte et votre honte en bandoulière, comme jadis les grands pécheurs en robe de bure et la corde au cou.

On les pointe du doigt en tant qu’êtres sexués, coupables de jouer de leur virilité ou de leur féminité, cette identité, reçue en dotation initiale comme une évidence avant même la naissance (dès l’échographie, c'était marqué sur le dossier), dont on leur dit à présent qu’elle peut être contestée.

On les pointe du doigt en tant qu’humains : votre espèce est vile, la plus vile du règne animal, qu’elle a tenu sous sa coupe avec cruauté. Pour pénitence, vous répéterez mille fois les mantras antispécistes et vous priverez de viande pour l’éternité.

On les pointe du doigt en tant qu’organisme vivant émettant du gaz carbonique. Pour se faire pardonner de respirer, à défaut de se flinguer, au moins doivent-ils éviter de se reproduire et défiler docilement pour le climat derrière une Pythie au front ceint de couronnes de lauriers - ne vient-elle pas, entre autres distinctions, de se voir, à 16 ans et alors qu’elle a arrêté ses études depuis un an, attribuer un doctorat honoris causa par l’université de Mons ? -, portée en triomphe tel Little Bouddah. Greta Thunberg, eu égard à sa jeunesse et à ses fragilités, ne subit-elle pas, d’ailleurs, elle-même une violence dorée ? Comment gérera-t-elle psychologiquement la sortie de sa notoriété, quand la fête sera terminée, que le produit promotionnel qu’elle représente sera périmé ?

La canicule est prétexte à tous les Philippulus du climat pour prêcher l’apocalypse. Et tant pis si notre Histoire est émaillée de périodes de ce type. Tant pis si, lorsqu’il gelait à pierre fendre, cet hiver, on leur expliquait doctement qu’il ne fallait pas confondre météo et climat.

« Difficile de se projeter dans l’avenir, reconnaît Le Monde, ce 23 juin, quand la planète part en vrille : Éco-anxiété, burn out, environnement ou solastagie : nombre de Français développent une angoisse croissante face à une fin du monde qu’ils estiment inéluctable. » Et Laurent Alexandre met les pieds dans le plat sur Twitter : « La névrose climatique décortiquée dans Le Monde va conduire des gamins au suicide : les collapsologues sont coupables de paniquer la jeunes. »

« Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime/Frères, parents, amis, et mes ennemis même/Dans le mal triomphants,/De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,/La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,/La maison sans enfants ! » écrivait Victor Hugo. Un poème à donner d'urgence au bac de français. Pour conjurer ceux qui, les rendant inféconds, bourrelés de remords, angoissés par leur fin prochaine et tentés par l’euthanasie… en font des vieillards de 16 ans.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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