Nice : qu’est-ce que c’est vérité ?

Jésus ne donne pas de réponse à Pilate lors de ce dialogue de l’Évangile de Jean. Il y a répondu ailleurs : Il l’incarne et elle libère. Mais il y a aussi des vérités des hommes.

Il y a la vérité des prétoires. Les parents d’un enfant de quatre ans fauché par un camion fou à Nice lors de ce qui devait être une fête veulent la connaître. Déboutés par le parquet, ils se sont constitués partie civile, et une instruction aura donc lieu, orchestrée par un juge (théoriquement) indépendant et impartial.

Des mensonges, il y en a déjà eu dans cette affaire tragique. Mentionnons, pour mémoire, les deux plus connus. Sandra Bertin aurait-elle menti sur les pressions exercées par la Place Beauvau ou est-ce les dénégations du ministère qui outrageraient la vérité ? Le mensonge par omission lors de la commission parlementaire du 6 septembre 2016 sur l’affectation de l’escadron de la gendarmerie mobile affecté à la protection du dîner du Lui-Président en Avignon a heureusement fait long feu.

La responsabilité de l’attentat incombe, bien sûr, à son auteur et à tous ceux qui auront contribué à sa radicalisation. Ils sont nombreux : tous ceux qui prêchent un islam hégémonique et violent et tous ceux qui financent ces prêcheurs, c’est-à-dire nous, in fine, à cause de notre appétence immodérée pour le pétrole. Il y a aussi tous les États lâches qui abdiquent devant d’autres États pervers et enfouissent leurs têtes dans du sable pour ne pas voir leur dangerosité.

Sur la gravité elle-même de l’attentat, ce sera plus compliqué de déterminer des responsabilités. Le camion est allé beaucoup trop loin dans sa course, il aurait dû être stoppé bien avant. Pourquoi ne l’a-t-il pas été ? Loin d’être une question de Yaka-Faukon, les réponses devront identifier toutes les insuffisances et les incohérences d’un système de sécurité complexe et vraisemblablement défaillant.

National ou local ? Il est difficilement concevable que l’un ou l’autre s’en sorte indemne, il y a sans doute eu des carences partout. Deux coupables ? Je suis tenté d’en rajouter un troisième : la subsidiarité à la française, ni efficace ni efficiente et très mal organisée par un État jacobin et centralisateur qui n’en a jamais voulu.

Le travail du juge d’instruction ne sera pas enviable, et il n’aura que des adversaires. Le local et le national auront intérêt à ne pas dévoiler toute la vérité, rien que la vérité, pour masquer leurs incuries. Les politiques viendront polluer son travail avec leurs postures que des médias obscènes relaieront complaisamment. Au nom de ces 86 morts, des 458 blessés et de leurs proches, je lui souhaite bonne chance pour établir la moins mauvaise vérité. Celle qui ne rendra pas la vie à cet enfant de quatre ans.

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