Niche parlementaire : les députés du RN osent davantage

Après le meeting de Beaucaire, le week end dernier, et le JT de 20 heures sur TF1 de Marine Le Pen, lundi soir, le RN a achevé sa rentrée avec une séquence parlementaire. En effet, ils étaient une douzaine de députés du Rassemblement national à se serrer sur l’estrade de la salle des conférences de presse de l’Assemblée nationale.

Des propositions « de bon sens »

Conduits par Jean-Philippe Tanguy, les élus du parti à la flamme ont détaillé les sept propositions de loi qu’ils porteront, le 12 octobre prochain, dans le cadre de la niche parlementaire annuelle allouée à chaque groupe d’opposition. Comme un symbole, les débats s’ouvriront avec la proposition de loi visant à « soutenir les femmes souffrant d’endométriose » de Jean-Philippe Tanguy, rapportée dans l’Hémicycle par le député des Bouches-du-Rhône Emmanuel Taché de La Pagerie. Et la plupart des propositions sont de même facture : la création d’un complément de revenu pour les étudiants, baisse de la facture énergétique des Français… Des propositions « de bon sens » pour les députés du groupe qui veulent prouver « aux Français que nous travaillons et que nous collons à leur préoccupations », comme l'assure le député des Alpes-Maritimes Bryan Masson. Ce dernier rapportera la proposition de loi de Marine Le Pen visant à « supprimer ou suspendre les allocations familiales pour les parents d’enfants criminels ou délinquants ».

Et c’est l’autre volet de cette niche. Convaincre que cette offensive sociale n’a pas fait oublier les fondamentaux du parti : l’insécurité et l’immigration. En plus de la proposition de loi de Marine Le Pen, la députée Alexandra Masson défendra une loi visant à « renforcer le contrôle des déclarations de minorité des étrangers ». Une proposition qui tombe en pleine crise de Lampedusa. Des sujets qui étaient cruellement absents lors de la précédente niche du Rassemblement national en décembre 2022.

« Rien que pour le geste sans vouloir le reste »

« On a fait le choix de textes relativement consensuels. » En sortie de conférence de presse, le député de Moselle Alexandre Loubet ne cache pas sa satisfaction. « On espère que ces textes seront adoptés, et si ce n’est pas le cas, nous démontrerons combien les autres partis sont sectaires et préfèrent les intérêts de leur parti à ceux de leur pays. »

C’est tout l’enjeu de cette second niche : maintenir la pression sur les adversaires tout en assumant totalement sa ligne. Si la niche précédente avait quelque peu sacrifié la ligne au profit du consensus, force est de constater que les députés du RN osent davantage. Il faut dire que les émeutes sont passées par là, que l’exécutif est sorti essoré de la séquence retraite et la gauche plus divisée que jamais. « Ce n’est pas une proposition polémique mais c’est une proposition de réponse », assure Bryan Masson.

Se faire accepter par ses pairs et maintenant riposter, la niche du RN obéit, au fond, à une stratégie éprouvée et terriblement simple : proposer des lois suscitant l’approbation des Français tout en laissant les oppositions les rejeter en bloc par logique partisane. « Ces textes devraient normalement recueillir l’assentiment de la majorité des députés », sourit le député de Vaucluse Hervé de Lépinau. Ce dernier devra défendre l’abrogation de l’écriture inclusive et n’ignore pas que les débats devraient se montrer particulièrement offensifs. Une opposition que Marine Le Pen attendra au tournant, puisqu’elle défendra elle-même une proposition visant à accorder l’asile politique à l’activiste Julian Assange, admiré par cette même gauche. Un nouveau coup de ciseaux dans le désormais famélique cordon sanitaire.

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