Nicolas Dhuicq : « À l’évidence, ce n’est pas du terrorisme mais un acte en lien avec une pathologie »
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Nicolas Dhuicq, psychiatre et élu, analyse le cas de l'auteur de l'attentat de Bayonne et s'élève contre le traitement médiatique de l'événement. Il revient, aussi, sur la question de l'islamophobie et de l'inculture et la faiblesse de nos dirigeants et souligne l'instrumentalisation de l'événement contre le RN au moment où il est en train de s'ouvrir.
Il s’appelle Claude Sinké, il a 84 ans et il avait tenté de mettre le feu à la mosquée de Bayonne. Deux personnes l’ont vu et ont tenté de s’interposer. Il leur a tiré dessus. Toujours la même question : terroriste ou déséquilibré ?
Je suis tout à fait étonné du double langage et de la différence de traitement. Dès qu’une personne commet un attentat, on nous parle de déséquilibré. Là, une personne d’un âge certain, qui a probablement subi des traumatismes et n’a peut-être pas supporté l’indépendance de l’Algérie et a nourri une haine pathologique, et on nous parle d’attentat. Or, à l’évidence, nous sommes dans un parcours solitaire, réactionnaire. Nous ne sommes pas, à mon avis, dans un acte de terrorisme, mais un acte en lien avec une pathologie.
On a l’impression que cet attentat intervient dans un contexte particulier, juste après l’attentat à la préfecture de police. Il viendrait justifier tous les procès pour islamophobie régulièrement faits aux médias ou au Rassemblement national, avec une posture du « tous coupable »…
Ce terme d’islamophobie est, en réalité, un outil de propagande inventé par les islamistes pour empêcher toute capacité de penser. Les premières victimes, du reste, sont souvent des populations musulmanes elles-mêmes. Il y a des attentats en permanence en Afghanistan. Il y a toujours beaucoup de morts en Syrie dans une guerre qui va peut-être entrer dans sa neuvième année. Les Algériens ne sont pas à l’abri, non plus, d’assassinats dans certaines zones reculées où des groupes islamistes reviennent.
C’est un mot inventé, avant tout, pour empêcher de réfléchir sur l’évolution nécessaire des islams. Et j’emploie bien le pluriel. En France, nous avons une population sous l’influence d’imams payés par l’étranger, soit par les Frères musulmans, comme M. Erdoğan en Turquie, par les finances du Qatar, ou encore des Saoudiens wahhabites qui, eux, mènent une guerre de propagande épouvantable. La question du voile est totalement en lien avec cette vision d’un islam sunnite complètement intégriste et dévoyé. Mais du fait des finances qu’il reçoit, il est dominant.
La classe politique française manque de culture générale à la fois sur l’histoire du Proche et du Moyen-Orient et sur l’histoire des islams. De fait, au lieu de soutenir les personnes, dans le monde musulman, qui luttent pour l’égalité des hommes et des femmes, et les femmes qui ne veulent surtout pas être voilées et veulent pratiquer un islam à titre privé comme la majorité des chrétiens le font, on renforce cette propagande en disant qu’une partie de la population est ostracisée, presque opprimée. C’est du pain bénit pour ceux qui veulent changer le corps électoral en donnant, comme le souhaite par exemple Terra Nova, le droit de vote aux populations immigrées. L’idée est, bien sûr, qu’ils votent bien, c’est-à-dire pour les partis de gauche.
Au moment où le Rassemblement national change, s’ouvre et propose une vision différente du monde et de la politique en France, il est très utile de pointer du doigt une personne ayant été sur une de ses listes, car ce parti ne contiendrait que des gens racistes et épouvantables.
Pensez-vous que des actes de réponse comme celui de Claude Sinké pourraient se multiplier ?
Nous sommes dans une ambiance très anxiogène des deux côtés. La lutte contre l’islamisme repose sur plusieurs axes de travail qui ne sont pas mis en œuvre.
La première est notre politique étrangère. Il faut cesser d’être inféodé aux puissances du Golfe, comme le Qatar et l’Arabie saoudite. Je rappelle que ces pays n’ont pas de Constitution. L’Arabie saoudite a des princes qui considèrent que leur mission, sur Terre, est de propager leur vision totalement réactionnaire, intégriste et rétrograde d’un islam wahhabite qui veut revenir à une vision idéalisée des premières années de l’islam. Au lieu de soutenir l’armée syrienne qui se bat pour libérer son territoire, on a fait exactement l’inverse.
Le deuxième aspect est d’enseigner à nouveau l’histoire, de façon chronologique, et en particulier l’Histoire de France dans sa chronologie. De cette façon, les jeunes Français, quels que soient leur milieu et leur origine, dominent cette culture française. Alors, ils peuvent s’ouvrir à l’extérieur.
Le troisième axe est de ne pas céder un pouce de terrain à ceux qui ont une vision de l’islam totalement dévoyée.
Thématiques :
islamophobie
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