Nicolas Dupont-Aignan doit-il s’allier au Rassemblement national ? Et si la solution gagnante, c’était l’inverse ?
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Bien sûr, que c’est séduisant ; sur le papier, en tout cas. Comment ne pas imaginer que, par un mouvement d’entraînement dû à l’union et au fait politique majeur, les 5,5 % (7 % ?) de Debout la France et les 19,5 % (23 % ?) du Rassemblement national se transforment non pas en 25 % mais en 30 % ! Tsunami assuré, d’autant plus que, si le gouvernent populiste italien tient jusque-là, il pourrait y avoir dans toute l’Europe comme un parfum de révolte… « Non, sire Juncker, c’est une révolution. »
Hélas, l’arithmétique politique est étrange : n’a-t-on pas vu un inconnu immature, sans parti, arriver récemment à la tête d’un grand pays ?
Étrange, aussi, la méthode utilisée par Marine Le Pen : soit il s’agit d’une espèce de naïveté (« Oh, ce serait bien si… » - charmant, « Dis, Nicolas, on jouerait à ce que… » - touchant), soit il y a un calcul, par exemple faire apparaître Nicolas Dupont-Aignan comme un diviseur, méchant, en ces temps d’union réclamés par les électeurs de droite.
De droite, certes ; laquelle ? Parce que si la droite est divisée, c’est qu’elle est multiple. Si personne ne l’incarne, c’est qu’elle est indéfinie. Oui, Emmanuelle Ménard a raison de croire que la morale chrétienne est porteuse d'avenir. Oui, Marion Maréchal a raison de penser que le combat est culturel. Oui, la droite a perdu ses marques à force de courir après la gauche sociétale, ses lubies post-humanistes et ses tambours de guerre médiatique qui nous assourdissent et nous tétanisent depuis quarante ans. Mais ce que nos deux espérances ne voient pas, c’est que d’autres évidences n’en sont pas, que leurs choix économiques sont tout autant induits par une saturation libérale, mondialiste et anglo-saxonne. La droite française n’a jamais goûté les loups de l’Homme, et l’argent, pour elle, n’y produit pas de l’argent mais des richesses collectives. Et puis, il y a la gloire, l’acte éclatant comme justification de tout : non, Mesdames, lorsqu’elle est girondine, la droite française rêve d’un pays, de « ce » pays (aurait-elle dit, en corrompant notre langue) sans débats enflammés, une aire désanimée, raisonnable, rationnelle ; restreinte, ratiboisée, raréfiée. La France est une flambeuse, noble désargentée, qui voyage en première avec un billet de seconde, comme ce fut dit par un général allemand, mais au moins, elle voyage ! Étriquée, la France n’attire plus les regards du monde.
Sous forme de boutade, il y a exactement deux ans, j’avais dit à Louis Aliot : "Ce n’est pas Nicolas Dupont-Aignan qui devrait rejoindre Marine Le Pen, mais l’inverse !" Un an plus tard, Nicolas Dupont-Aignan aurait eu plus de voix que Marine Le Pen : peut-être est-ce injuste et regrettable, mais le président de Debout la France a plus d’atouts. La France n’est pas l’Italie, Poujade et Boulanger n’y font qu’un petit tour et puis s’en vont. Le populisme français se nomme bonapartisme et, hélas, le jouvenceau de l’Élysée en a volé le costume.
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