Nicole Belloubet s’oppose (déjà) aux groupes de niveau annoncés par Gabriel Attal

Nicole Belloubet

Elle refuse « le tri social » au collège. Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation depuis le mois de février, s'oppose déjà à son prédécesseur devenu Premier ministre. Le dernier classement PISA confirmant le niveau dramatique des élèves français en français et en mathématiques, Gabriel Attal prévoyait des groupes de niveau pour les classes de sixième et cinquième dès la rentrée 2024 et pour les classes de quatrième et troisième l’année suivante. Cette réforme se proposait de faire évoluer chaque élève selon son niveau évalué lors d’un examen d’entrée en sixième.

Un assouplissement

Sauf que... les syndicats d’enseignants sont vent debout face à cette mesure ! D’une part, sur le fond, elle stigmatiserait les élèves et creuserait les inégalités. Et, de l'autre, sur la forme, les syndicats s’interrogent sur la faisabilité d’un tel procédé qui nécessiterait des professeurs et des salles de classe supplémentaires, tout en représentant un gigantesque casse-tête pour les emplois du temps.

Le 8 février, le projet arrêté des collèges présentant la réorganisation des collèges et notamment les groupes de niveau a été soumis au Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Sans surprise, il a été largement refoulé par l’ensemble de la communauté éducative (représentants des personnels, des parents, de la jeunesse, des collectivités, du patronat) : aucune voix en faveur, 67 voix contre et une abstention. Dans ce climat hostile, Nicole Belloubet doit donc redresser la barre et contenter les syndicats « dont elle est très proche », confie, à BV Roger Chudeau, député (RN) du Loir-et-Cher, qui a travaillé au ministère de l'Éducation.

Pour ce faire, elle prend le contre-pied du Premier ministre. L’apparente fermeté des propositions de Gabriel Attal telles que le redoublement ou encore ces groupes de niveau avaient « pour vocation de séduire la droite, et ça marche, puisque la cote de popularité de Gabriel Attal était en hausse après leur annonce », affirme, au téléphone, le député membre de la commission des affaires culturelles et éducation. Si une partie de la droite est convaincue, la gauche ne semble pas l’être.

C’est alors qu’entre en scène Nicole Belloubet. Pour satisfaire les syndicats, elle change les mots. « La règle » réclamée par Gabriel Attal devient « souplesse » dans la bouche du nouveau ministre. Quant aux « groupes de niveau », ils sont remplacés par des « groupes de besoins ». Nicole Belloubet propose une alternance entre cours en groupe et cours en classes complètes.

Bras de fer ou usine à gaz

Ce bras de fer entre la fermeté du plan « chocs des savoirs » de Gabriel Attal et l’assouplissement mis en œuvre par Nicole Belloubet est en fait une poignée de main. « C’est un pan du "en même temps" de la majorité pour rallier un large électorat en cette période électorale [les élections européennes] : séduire la droite et contenter la gauche », analyse Roger Chudeau. Pour le député, Nicole Belloubet et Gabriel Attal font de la politique politicienne sur fond de pédagogie. « Ils ne mènent pas de politique pour l’école à travers cette mesure. C’est une usine à gaz », déplore-t-il.

En effet, les groupes de niveau ne sont pas nouveaux, la gauche les a abandonnés mais c’était une pratique courante. De même pour les redoublements, Gabriel Attal se voulait novateur mais « cette pratique est autorisée par la loi de 2005 ». Rien d'innovant, in fine, mais seulement un tour de passe-passe sémantique pour contenter tout le monde sans changer grand-chose...

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Ce que l’un propose, l’autre le défait !
    Quant à Attal, il a fait des sauts de puce dans chaque ministère et n’a jamais concrétisé quoique ce soit ! Donc aucun bilan ! Les Français se font facilement avoir par des paroles ! Paroles, paroles……

  2. Le problème vient de l’éducation elle même. En français, faire faire des dictées, insister sur la grammaire, faire faire des devoirs et donner des livres à lire… en maths, pareil…et faire redoubler d’office ceux qui ne sont pas au niveau voulu.
    Comme « avant »…ça marchait tres bien… ceux qui ne suivent pas vont en apprentissage . Des inégalités il y en aura toujours, pas besoin de se torturer les méninges.
    .

  3. Dans la même lignée que la pensée des socialistes dont un certain Lionel Jospin , qui à son époque , avançait qu’il fallait viser un pourcentage très important à la réussite du BAC , on a vu ce à quoi à conduit cette dérive, des années plus tard , la France plonge dans les profondeurs des classements , alors cette dame Belloubet en est restée dans cet esprit calamiteux et comme personne n’osera lui en faire grief au sein du gouvernement et même du président , elle a un boulevard de décisions catastrophiques devant elle.

  4. Ce Macron est décidément totalement imprévisible. Il nome un premier ministre qui avait pris un bon départ pour le bloquer peu après en nommant une nullité patentée qui va à l’opposé des orientations de son ex ministre de l’Education. Bref l’archétype du « pauvre type », du nuisible comme le serait un moustique. A « Fly toxer ».

  5. Une société qui abandonne les principes de notation et de sélection est vouée à sombrer. On a déjà commencé

  6. Une solution pourtant bien simple qui consiste à aller voir comment font les pays qui s’en sortent mieux que nous en matière d’enseignement, semble n’être jamais monté au cerveau des ministres en charge de l’éducation, depuis au moins…mai 68 !

  7. Si toute cette faune de l’EN avait fait un stage de quelques années en entreprise industrielle elle aurait appris qu’on faut trouver des solutions aux problèmes sans en créer de nouveaux.

    • J’ai eu à recevoir dans mon entreprise des « stagiaires » de l’Education nationale, comme des chefs d’établissements et autres responsables. J’ai pu mesurer alors l’ampleur des dégâts. Des personnages d’une inaptitude abyssale dont près de 40% ont demandé à arrêter cette expérience. Il faut dire que c’était une entreprise à la tête du monde technologique et du système organisationnel. Ils étaient tombés comme des primates au milieu du 25ème siècle. Pour certains j’irais jusqu’à dire le Neandertal au milieu d’une réalité qui l’effrayait.

  8. La France est le 3e pays au monde en terme d’indiscipline en classe, d’après le classement PISA.Pilotées par l’OCDE, les études PISA évaluent les systèmes scolaires de ~80 pays selon divers critères, dont un « index de discipline », issu de plusieurs sous-dimensions (ex : chahut, écoute en cours, etc.). Le résultat de la France est catastrophique.

    La France est aussi le 2e pire pays du classement PISA concernant le bruit en cours. Les chiffres sont délirants : 52% des élèves déclarent qu’il y a du chahut la plupart du temps, un score hors-norme ! Pour comparaison, c’est 8% en Corée, 16% en Roumanie et 23% en Turquie.

    Dans ce classement PISA, la France est le 2e pire pays au monde concernant l’écoute et l’attention en cours. Le score de la France est : 2x plus mauvais que celui de la Roumanie 3x plus mauvais que celui de la Biélorussie 5x plus mauvais que celui du Japon

    Concrètement : 4 élèves sur 10 déclarent que la majorité du temps, la classe n’écoute pas le prof 5 élèves sur 10 déclarent que la majorité du temps, il y a du bruit et du chahut 6 élèves sur 10 sont arrivés en retard sur les deux dernières semaines.

    Heureusement, la situation dans nos écoles privées est « moins pire » que dans le public. Le score de discipline y est 4x meilleur Mais il reste assez médiocre, moins bon que les moyennes de l’immense majorité des pays classés

  9. La gauche est pour le nivellement par le bas …
    La médiocrité . D’un côté quand on importe 500 000 nouveaux arrivants bacs moins 5…
    Ne pas s’étonner du résultat

  10. Le problème de ces ministres un jour a la justice le lendemain a l’éducation après demain au sport…
    Il y connaissent rien …

  11. On trompe les élèves et les parents sur le réel niveau de leurs enfants. On leur laisse croire qu’il pourront tous être chirurgien. Ensuite on accuse parcoursup si on n’a pas l’orientation voulue.

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