Niel, Pigasse et Saadé : trois patrons de médias s’attaquent à Musk et Trump

On peut être patron de médias et militer ouvertement... à condition d'être macroniste ! Panique à la Maison-Blanche.
Xavier_Niel

Trop, c'est trop ! Xavier Niel (Free, Le Monde), Matthieu Pigasse (Radio Nova, Les Inrock) et Rodolphe Saadé (BFM TV) déterrent la hache de guerre contre l’Américain Musk et le nouveau président des États-Unis, Donald Trump. Lequel doit en faire des cauchemars dans ses draps de soie, c’est certain.

Le dernier estoc en date vient de Xavier Niel, qui parle de Musk en termes choisis : « Je pense que c’est le plus grand entrepreneur du monde et, à côté de cela, un garçon qu’on peut qualifier au minimum de complexe et je peux utiliser un mot difficile, parfois un... connard. » On appréciera la complexité, justement, des griefs.

Ce à quoi Musk répond dans la même veine, plutôt brutale : « Ce type a été envoyé en prison » pour « proxénétisme ». Le prochain patron français réfléchira peut-être un peu plus longuement, avant d’aller mordiller les talons du cost-killer en chef de Donald Trump. Le raccourci de Musk sur les exploits judiciaires de Niel est factuellement erroné. Xavier Niel a en effet bénéficié d’un non-lieu, en 2005, sur les accusations de proxénétisme portées contre lui, mais le créateur de Free, qui a commencé dans le Minitel™ rose, a bien fait un mois de détention et écopé de deux ans de prison avec sursis et 250.000 euros d’amende, en octobre 2006, sur d’autres volets de cette sombre affaire de peep-shows strasbourgeois.

Quand les types de 130 kilos...

L’épisode portera peut-être Niel, qui pèse 10 milliards de dollars de fortune professionnelle, contre près de 400 milliards pour Musk, à méditer la sagesse de Michel Audiard : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent. »

Mais Xavier Niel, actionnaire du Monde, Télérama, Courrier international ou Le HuffPost, s'acharne à diffuser la bonne parole… progressiste, macroniste, européiste. « Xavier Niel n’a pour sa part jamais caché sa proximité avec Emmanuel Macron », écrit Le Monde, en 2021. « On est devenus copains », a-t-il confessé dans la presse, parlant de Macron. À Europe 1, en 2018, il avait exprimé sa distance vis-à-vis du pouvoir de son copain Macron, tout en nuances : « On a un super Président ! », lançait Niel.

Matthieu Pigasse, comme Xavier Niel, part au combat contre les méchants, ces médias si injustes envers les bienfaits de Macron et de la gauche mondialiste en général. Tremblez, Trump et Musk, il arrive ! Le 19 janvier, l'ancien banquier de Lazard gratifie X de trois messages guerriers : « Nous sommes entrés dans une guerre civilisationnelle. C’est ce gouvernement de la foule qui nous menace aujourd’hui, du pain et des jeux, populisme et démagogie, inculture et complotisme, libéralisme économique et conservatisme social, le tout mené par un petit groupe d’autocrates privilégiés. C’est contre cela qu’il faut mener le combat. Contre l’Internationale de la droite radicale et ses chiens de garde médiatiques. » À Libération, le mois dernier, Pigasse affirmait sa volonté de faire « l’union des sensibilités de gauche » : « Je veux mettre les médias que je contrôle dans ce combat, au service d’une conception ouverte du monde, progressiste », expliquait-il à nos confrères, avant d’ajouter : « Si vous regardez l’évolution de Radio Nova, c’est exactement ce que nous faisons, et ce que nous allons continuer à faire de manière de plus en plus forte. »

Macron devait bien cela à son ami Saadé

Toujours acéré, notre ami Jean Kast remarquait, dans BV, que « tout récemment, le banquier est également intervenu dans l’affaire du désormais fameux Merwane Belazar, ce chroniqueur remercié de France TV après la découverte de tweets pour le moins problématiques. Matthieu Pigasse a apporté son soutien au jeune barbu, dénonçant une intolérable "censure" orchestrée par "la droite radicale". » La fortune de Pigasse, elle, est invisible face à celle de Musk, mais l’homme caresse des ambitions médiatiques depuis longtemps. Et tant pis si ses médias (Radio Nova, Les Inrocks) ne sont pas en pleine forme. Il veut « jouer un rôle », exister donc. Lui aussi vole au secours du pouvoir et tente de sauver le soldat Macron.

Plus discret mais plus influent, Rodolphe Saadé, le troisième larron, patron de CMA CGM (23 milliards d’euros de bénéfice en 2022, 9 milliards de dollars de fortune professionnelle, selon Forbes), est mobilisé, ce 12 février, aux côtés du Président Macron à Marseille à l'occasion du passage du président indien. Macron devait bien cela à son ami Saadé.


Car Saadé s'est curieusement engouffré, tout récemment, dans le secteur des médias. L'armateur a acquis La Provence, puis La Tribune. En 2024, il a mis 1,5 milliard d'euros sur la table pour s'offrir les chaînes BFM TV, RMC, RMC Story ou RMC Découverte. Il a des participations dans le média en ligne de gauche Brut. Et 10 % de M6.

« Le milliardaire chouchou de Macron », comme le qualifie Mediapart, a aussi disputé à Xavier Niel la propriété du quotidien local marseillais La Provence. Les deux entrepreneurs se sont réconciliés sous d’excellents auspices : « La paix des braves entre Niel et Saadé, médiation menée durant des mois par le liquidateur Marc Sénéchal, a d'ailleurs été conclue dans l'avion présidentiel qui emmenait ces deux proches d'Emmanuel Macron en Algérie, en août 2022 », écrit le magazine Challenges. Lui non plus ne cache pas ses affections. Sur France Inter, en 2004, le patron de Libération Dov Alfon conte comment « une crise a éclaté au sein du groupe médias du milliardaire Rodolphe Saadé, sur fond de soupçons d’ingérence éditoriale en faveur d’Emmanuel Macron ». Des malintentionnés, sans doute !

Isolés et... intéressés

Les trois patrons Frenchy dressés par Macron contre Musk et Trump sont tout de même un peu isolés. Appuyés sur des médias à la peine, dévoués à un Président en fin de règne et largement désavoué dans les sondages, ils font face à une opinion française qui glisse à droite, demande un changement de cap radical et exige des solutions. Ce qui n'est pas une garantie de succès pour leurs médias... Le président américain tout-puissant replace les frontières, réinstalle les taxes douanières là où elles auraient dû rester et fait valoir l'intérêt de son peuple, créant une dynamique jamais vue vers un conservatisme décomplexé. La mobilisation du trio français mouché par Musk passe pour ce qu’elle est : un dernier sursaut du mondialisme hexagonal qui s'appuie sur le verrouillage médiatique et la connivence avec un pouvoir au bilan désastreux. Au passage, deux des trois soutiens de Macron ont intérêt à ménager l'État français, acteur majeur pour un empire des télécoms comme celui de Niel et pour un armateur comme Saadé. Tout cela a des allures de république bananière en déroute, mais pour la gauche, le scandale, le vrai, n'est pas là. L'horreur, c'est un autre patron de médias, un certain Bolloré. Rendez-vous compte : il serait... de droite !

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

78 commentaires

  1. Heureusement que Bolloré est la pour apporter de la diversité d’opinion dans les médias audio visuel au milieu de la jungle des médias gauchistes ou extrême gauchiste. Même si Cnews devrait a mon sens élargir son domaine d’information , notamment économique, géopolitique, scientifique et un peu moins tourner en rond sur les mêmes thématiques

  2. Quand on lit cet article en ayant bien en tête que les mondialistes sont l’élite privilégiée des pouvoirs d’extrême droite, comme celui d’E. Macron en France, élite richissime qui exploite les peuples, tous les propos deviennent clairs, cohérents :
    Extrême : violent, agressif. Par exemple « connard », « guerre civilisationnelle », « nous allons continuer à faire de manière de plus en plus forte »
    Extrême droite, c’est-à-dire élitiste : « la foule qui nous menace aujourd’hui », « populiste » (voulant être injurieux par ce mot, qui est pourtant un très beau mot : populiste = qui se soucie du peuple)
    Privilégier l’élite mondialiste richissime : « conception ouverte du monde ».
    Par contre, ce que je ne comprends pas, cher Marc Baudriller, c’est pourquoi vous ne mettez pas en évidence le positionnement d’extrême droite de toute cette clique mondialise, richissime en exploitant les peuples, totalitaire…
    Serait-ce le mot « extrême droite », pourtant très juste dans ce cas, qui vous ferait peur ?

  3. Sans Bolloré, le peuple français sera poussé dans les oubliettes de l’Histoire.
    Sans Bolloré, les médias comme BV, CNEWS et les autres seront fermés par ce régime autoritaire qui s’appellerait, pour ceux qui y croient encore, une république.
    L’Etat est gangrené en profondeur par le totalitarisme progressiste.

  4. C’est sûr qu’un empêcheur de piller en rond ne peut pas leur plaire. Quand on voit ou la gauche nous mène, on peut essayer n’importe quoi, ce serait de toutes façons moins pire, voire meilleur.

  5. C’est 3 petits garçons qui veulent jouer aux billes contre un autre qui à que des bouletsBof 3 prétentieux.

  6. Ah, ils sont tellement petit ces trois la. etr que Mr Trump et ses collegues ne passeront pas des nuits blanches avec leur bla bla bla. A travers eux on sent un peu la frustration du «  » »dirigeant » » » de notre pays. Pour le marche Francais cela pourrait marcher: voila des multibillionaires qui defendent la France……et en core. Tempete dans un verre d’eau.

  7. ….des jeux, populisme et démagogie, (…) inculture et complotisme, le tout mené par un petit groupe d’autocrates privilégiés. C’est contre cela qu’il faut mener le combat ». J’ai pourtant l’impression que nous vivons cela depuis près de 12 ans ! Il faut peut être mener ce combat ?

  8. ces personnages avouent implicitement que le « pouvoir » politique est dans la capacité de manipuler les esprits par les médias et la cupidité ..

  9. Quand ils arriveront aux chevilles de TRUMP et de MUSK , ils pourront leurs refaire les lacets . Si des « gens » essayent de vous tirer vers le bas …..C’est bien la preuve que vous êtes au dessus d’eux ………

  10. en france être milliardaire de gauche, c’est bien….. Mais être un milliardaire de droite, c’est nul! Que l’on se rappelle la première campagne d’Obama, financée par un mec très bien : un certain Donald Trump!!!! qui est maintenant un vilain, pas beau!! Arrêtons de subventionner ces journaux que personne ne lit!

  11. L’intimité entre grands patrons et le pouvoir a été maintenant théorisée et souhaitée par Mme Van der Leyen. Cette dernière souhaite que les Etats abandonnent tout ou partie de leurs prérogatives régaliennes au profit des grands groupes internationaux.

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