No sports!
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Un vieux copain avait pour habitude de dire : « Le sport, c’est dangereux pour ceux qui sont en mauvaise santé et ça ne sert à rien pour ceux qui sont en bonne santé. » Moyennant quoi : pas de sport ! Un adepte de Churchill. Le feuilleton du jogging parisien est-il en train de nous dire que le sport est dangereux pour tout le monde ?
Résumons l’affaire. Elle remonte au 16 mars, lorsque le Président s’adressa à la nation pour lui annoncer que la France entrait en confinement, sans toutefois prononcer le mot magique. Il avait peut-être fait un pari avec son entourage, comme on joue au « ni oui, ni non ». Allez savoir, l’histoire tient parfois à pas grand-chose. Donc, le 16 mars. Emmanuel Macron, hésitant entre le rôle de Père de la Nation et celui de médecin de famille (notez que Clemenceau était docteur en médecine !), nous expliquait en gros ce que l’on pourrait faire ou ne pas faire durant ce temps de réclusion. « Seuls doivent demeurer les trajets nécessaires, nécessaires pour aller faire ses courses […] et les trajets nécessaires pour faire un peu d’activité physique mais sans retrouver, là encore, des amis ou des proches… » Notons que la santé du corps - et c’est très bien - devient une sorte de droit fondamental. À la différence de celle des âmes. Rien d'étonnant, dans un pays plus enclin à construire des stades qu'à restaurer ses cathédrales.
Le Président, il a dit qu’on avait le droit de courir, donc, je vais courir. D’ici que certains s’y soient mis rien que parce qu’on avait le droit. Vous connaissez les Français… Car, on l’aura bien compris, Emmanuel Macron, par « activité physique », ne pensait pas haltérophilie ou danse gymnastique mais jogging - pardon, course à pied. Le beau temps aidant et l’homme étant un animal diurne, à la différence du hibou, de la chauve-souris ou de la panthère nébuleuse (on en voit peu, sous nos latitudes), les joggers - pardon, les coureurs à pied - se répandirent en bandes folles à travers les artères de nos « villes de grande solitude ». Alors, les autorités sanitaires et politiques s’en émurent, là aussi à juste titre. On accabla ces sportifs, leur reprochant de ne pas être disciplinés, même si, individuellement, la majorité d’entre eux étaient probablement en règle. Ou comment reprocher au citoyen lambda les conséquences de décisions politiques ou administratives que l’on a prises quelques jours avant.
Et comme, en France, chaque échelon doit ajouter son petit grain de sel, évidemment, Anne Hidalgo et le préfet Lallement ont décidé d’interdire, à Paris, le footing entre 10 heures et 19 heures. Fins observateurs, ils avaient remarqué qu'il y avait trop de monde dans la rue dans ce créneau. Anne Hidalgo expliqua à France Info qu’il ne s’agissait pas d’interdire le sport mais de le « concentrer sur des horaires où on trouvera moins de monde dans la rue ». Fallait pas être grand clerc pour deviner ce qui allait arriver : une concentration de coureurs après 19 heures, heure d’été aidant. Jeudi soir, dans l’émission « C à vous », le maire de Paris expliquait alors qu’à « 19 heures, il y a trop de monde, eh bien, il faut sortir un peu plus tard. On peut aussi courir la nuit, à d’autres moments ou plus tôt le matin. » On s’organise comment ? Un roulement dans la copropriété, la cage d'escalier, la rue ? Par exemple, les numéros impairs de la rue Poliveau pourront faire le tour du pâté de maison en tutu-poutres apparentes, à partir de 3 heures du matin. Problème : on n'a pas le droit de se réunir pour en discuter. Compliqué, tout ça.
En tout cas, courir la nuit, c’est une sacrée riche idée. Paraît-il, la délinquance a baissé depuis le début du confinement. Ce serait dommage de ne pas lui laisser une chance, à la délinquance, d’autant qu’il est interdit de courir à plusieurs.
Qu’est-ce qu’il disait déjà, Churchill, lui qui, accessoirement, gagna la guerre ?
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