« Non je n’ai pas « insulté » les antivax. Ceux qui le prétendent mentent et desservent leur cause »

manif

Mon intervention sur France Info, le 17 août dernier, a fait l’objet d’un détournement et d’une polémique scandaleuse sur Twitter. On peut retrouver le passage ici, six minutes avant la fin.

Ce que j’ai dit, c’est que le président de la République parlait trop des vaccins, cherchait à en faire un référendum sur sa personne, référendum qu’il perdrait d’ailleurs s’il persistait. Ce n’est pas très pro-Macron, contrairement à ce qu’affirment mes accusateurs qui me présentent comme un macroniste acharné - premier mensonge.

J’ai ajouté que beaucoup d’« antivax » « se sentaient perdants, perdants de la mondialisation, de l’Europe, d’autres réformes (je pense au droit du travail, aux retraites, etc.) et qu’avec ce vaccin, ils étaient nombreux à se sentir à nouveau visés par « une escroquerie ». Dire de quelqu’un qu’il croit avoir été perdant par le passé et se sent menacé à nouveau de l’être n’est pas insultant - deuxième mensonge.

À la fin de l’émission, j’ai conclu en disant qu’une société qui fabriquait trop de « perdants », c’est-à-dire trop d’exclus, de victimes - c’est très clair si on écoute mes propos -, ne pouvait pas tenir. Aucun mépris, ici - troisième mensonge.

On peut être d’accord ou non, mais certains comptes Twitter ne se sont pas contentés d’exprimer un désaccord : ils ont travesti mes propos. Selon eux, dire des classes populaires qu’elles ont été lésées par la mondialisation, l’Europe ou les réformes revient à les insulter !

Pour rendre crédible leur manœuvre, ils ont créé un visuel avec mon visage, mon nom et un extrait tronqué de mes propos. Manipulation pure et simple : il suffit d’aller écouter le replay (voir lien au début de ce texte) pour le constater.

Ils ont transformé mon analyse de la sociologie des « antivax » (qu’on peut, évidemment, discuter) en dénigrement de ceux-ci : j’ai dit « ils se sentent perdants », ils prétendent que j’ai dit « ce sont des losers ».

Pire, ils ont osé affirmer que j’appelais à je ne sais quelle mise à l’écart ou élimination (!) des personnes en question ALORS QUE C’EST LE CONTRAIRE, j’appelle à les respecter et les intégrer davantage : j’ai dit « notre société est trop inégalitaire et produit trop de victimes », ils prétendent que j’ai dit « on doit se débarrasser de ces personnes » !

Ils ont déduit de mon métier et de mon parcours que j’étais leur adversaire, sans me connaître, et ont fait de moi un ennemi à abattre.

Le plus grave est qu’ils ont trompé de nombreuses personnes sincèrement opposées au vaccin et au passe sanitaire par ces manœuvres et ce visuel mensonger : elles ont vraiment cru s’être fait insulter à l’antenne. Même Boulevard Voltaire s’y est laissé prendre : nulle part n’est pris en compte ce que j’ai vraiment dit, à savoir que certains se sentent perdants et ne veulent pas être manipulés une seconde fois, d’une part, et que la société fonctionne mal, d’autre part. C’est tout simplement dégueulasse de mentir comme ça.

S’en est suivi, sur Twitter notamment, des insultes et des menaces de mort et de violence. Sans parler des remarques sur mon physique ou mon patronyme - y compris dans les commentaires de Boulevard Voltaire - délit de faciès très intéressant vraiment ! C’est cela, pour certains lecteurs, la vision de la démocratie ? Partager une image trompeuse et lyncher ?

Si votre cause est juste, vous n’avez besoin ni de travestir mes propos ni de m’injurier pour la défendre. Ce que vous faites depuis quelques jours est une caricature de la dictature que vous prétendez dénoncer et ne sert pas votre combat.

Antoine Boulay
Antoine Boulay
Consultant en communication et intervenant occasionnel sur France Info

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