Non, l’OTAN n’est pas morte

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Notre Président a dit que l’OTAN était en état de mort cérébrale. Ce disant, il a irrité la plupart des chefs d’État occidentaux pour qui l’OTAN reste le recours ultime en cas de menace grave, même si son intérêt et la confiance qu’on peut lui accorder ont diminués depuis que la menace soviétique a disparu et que l’Amérique regarde davantage vers l’Asie.

En France, notre appartenance à l’OTAN cristallise les critiques de tous bords depuis des années. Je les résume : l’OTAN, sous la coupe des USA, est devenue inutile depuis la disparition de l’Empire soviétique ; elle est même nuisible, nous maintient dans un état de subordination et présente un risque car elle peut nous entraîner dans des conflits que nous ne voulons pas. Enfin, et surtout, elle nous empêche d’avoir une défense indépendante.

Critiques pour l’essentiel sans fondement.

Cette alliance a été conclue, c’est vrai, à une époque où la menace soviétique était réelle. Cette menace semble avoir disparu ; du moins à court et moyen terme. Mais d’autres se font jour et l’Occident est toujours l’ennemi désigné. Une alliance est-elle superflue ?

Certains regrettent le « bon vieux temps » quand le général de Gaulle avait retiré la France de l’OTAN. Là encore, ignorance et caricature. Nous ne sommes jamais sortis de l’OTAN, même sous de Gaulle. La France n’était plus dans le commandement intégré, ce qui est très différent. Et il est vite apparu aux militaires que c’était une contrainte qui nuisait à notre propre efficacité car nous étions incapables de remplir seuls toutes les fonctions majeures d’une armée moderne, en particulier dans les domaines de la logistique, du renseignement et de l’appui feu, terrestre ou aérien. En réalité, nous avons toujours hypocritement continué à collaborer, à utiliser les mêmes procédures, à bénéficier des renseignements alliés, donc principalement américains. Ces faiblesses majeures demeurent aujourd’hui. Le retour dans le commandement intégré n’a rien changé à notre « dépendance », mais a facilité l’exercice du commandement et la collaboration avec les alliés. Alors oui, comme nous ne sommes plus une grande puissance, l’OTAN, à défaut d’un autre système d’alliance plus adapté qui reste à imaginer et créer, demeurait nécessaire. Si l’Europe, globalement plus riche et plus peuplée que les USA, s’était décidée, depuis trente ans, à prendre réellement en main sa défense, c’est dans ce cadre que cela aurait pu se faire, et la sortie de l’OTAN aurait alors pu se concevoir. Ce n’est pas le cas. Il n’y a aucune armée digne de ce nom en Europe ; la France est seulement parmi les moins mal nantis, et une somme de faiblesses ne fait pas une force.

Quant à l’argument que l’OTAN pourrait nous entraîner dans des guerres décidées ailleurs, je rappelle que l’OTAN est une alliance défensive contre une attaque qui viserait l’un de ses membres. Et nous nous en sommes très bien portés durant toute la période de la guerre froide. Car imagine-t-on un instant que les seules armées européennes auraient pu empêcher la guerre froide de se changer en guerre chaude qui se serait mal terminée pour nous ? L’OTAN nous a permis de gagner la guerre sans tirer un coup de fusil. Grâce aux USA, il ne faut pas l’oublier.

Et quand les USA sont intervenus en Irak, à part la Grande-Bretagne, aucun des autres pays de l’OTAN ne les a suivis, pas même le Canada si proche d’eux à tous égards. Alors, contrainte automatique de l’OTAN ?

L’OTAN reste-t-elle adaptée à la situation actuelle et aux menaces futures ?

Même si la menace soviétique a disparu, tous les pays de l’ancienne Europe de l’Est conservent une vive méfiance vis-à-vis de leur voisin russe. Ils ont un souvenir historique, lointain et récent, cuisant de leurs relations avec leur grand voisin qui a été conquérant pendant des siècles, puissance occupante pendant presque toute la deuxième moitié du siècle passé et ne connaît une démocratie relative que depuis trente ans. Pour ces pays, la sécurité reste l’OTAN, même ébranlée, et ils font toujours davantage confiance à la puissante Amérique qu’à une Europe frileuse, sans vision commune, sans chef, sans diplomatie, sans bras armé rassurant. Nous pouvons estimer ces craintes irrationnelles, mais elles existent et on peut comprendre pourquoi. Alors nous ne serions pas près de les entraîner derrière nous si nous persévérions dans ces intentions de sortie de l’OTAN avec aussi peu de précautions.

À suivre...

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