Notre-Dame de Paris : un discours de Macron et… des vitraux de Buren ?
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Mgr Ulrich a présenté les cérémonies de la réouverture de Notre-Dame de Paris, qui auront lieu dans un mois. 7 décembre : éveil de l'orgue, vêpres, chant du Magnificat. 8 décembre : consécration du nouvel autel et messe. Tout cela serait parfait si n’y était inclus un discours de Macron le 7 et si la perspective de vitraux contemporains était écartée - il n’en est rien.
Il était initialement prévu qu’Emmanuel Macron parle sur le parvis. « C'était trop compliqué d'imaginer qu'on entasse le monde devant la cathédrale et qu'on rentre, l'affaire est trop longue », a expliqué Monseigneur Ulrich à l’AFP. Il causera donc en chaire. Mgr Ulrich, lui, a d’ores et déjà « spoilé » son discours : « le président de la République prendra la parole pour dire : nous avons tenu le pari ». Ces voûtes refaites avec art par des tailleurs de pierre aux techniques séculaires résonneront donc, pour leur inauguration, d’un discours d’auto-satisfaction oscillant entre orgueil et vanité. Reçus dans Notre-Dame de Paris en 1944 à quelques mois d’intervalle, le maréchal Pétain et le général De Gaulle eurent l’élémentaire correction de n’y pas discourir.
L’Art contemporain frappe à la fenêtre
L’interventionnisme présidentiel ne se limite hélas pas à ce discours. Contre les avis de la Commission national de l’Art et du Patrimoine (CNAP) et sans se soucier de la pétition de La Tribune de l’Art (234.332 signataires à cette heure), le projet des vitraux contemporains en remplacement de ceux de Viollet-le-Duc progresse, inéluctable. Qu’Emmanuel Macron promeuve l’Art Contemporain, logique : cet art officiel, où chaque concept est un produit financier, est celui de son monde globalisé, matérialiste et sans racines. Que Mgr Ulrich le veuille aussi n’est pas plus étonnant : les évêques se sont engagés dans cette voie il y a vingt ans, avec Mgr Albert Rouet (L’Église et l'art d’avant-garde, Albin Michel).
Didier Rykner, l’animateur de La Tribune de l’Art, toujours très bien renseigné, écrit sur X que « c’est cette semaine que l’auteur des nouveaux vitraux de Notre-Dame doit être choisi par un jury “indépendant”… Buren est en pôle position. » Interrogé sur cette douteuse indépendance, M. Rykner nous répond : les membres du jury « devaient sélectionner six finalistes. Ils l’ont fait. L’un s’est retiré dignement après le vote CNPA. Pour remettre Buren dans la course, on en a rajouté trois qui étaient éliminés, dont Buren… Indépendance je disais : ils n’ont même pas respecté le règlement du concours. » Et Baptiste Gianellesi, lanceur d’alerte du patrimoine parisien, de commenter : « Pourquoi s’encombrer d’un jury indépendant puisque, de toute façon, Emmanuel Macron n’en fait qu’à sa tête depuis le début ? »
Ils devaient sélectionner six finalistes. Ils l’ont fait. L’un s’est retiré dignement après le vote CNPA. Pour remettre Buren dans la course, on en a rajouté trois qui étaient éliminés, dont Buren… Indépendance je disais : ils n’ont même pas respecté le règlement du concours.
— La Tribune de l'Art (@ltdla) November 4, 2024
Buren rime avec Blistène
Nous nous étions déjà inquiétés de la présence de Buren, vieux cheval de retour de la politique culturelle lango-mitterrandienne, dans ce concours. Dans les années 1980, la Commission supérieure des monuments historiques s’était prononcée contre ses « colonnes » dans la cour du Palais-Royal. Jack Lang avait passé outre. A quoi servent les avis éclairés de cette commission ou de la CNAP ? On se le demande.
« Inspecteur général de la création artistique au ministère de la Culture » dans les années 2000 - imagine-t-on titre plus soviétique -, Bernard Blistène préside le jury du concours de vitraux. L’homme est très apprécié à l’Elysée. Buren est un de ses plasticiens préférés, avec lequel il a écrit des livres ou organisé des événements. Nous ne disons pas que le jury ne sera pas indépendant. Nous disons juste que si c’est Buren qui sort du chapeau pour nous coller des vitraux à rayures dans Notre-Dame de Paris, il ne faudra pas s’étonner. Contacté, Daniel Buren ne nous a pas répondu et nous n’avons pu joindre M. Blistène.
5 commentaires
Tout ça pour ça ? Si c’était pour mettre des vitraux modernes, c’était pas la peine de restaurer Notre-Dame à l’identique, il n’y avait qu’à la reconstruire résolument moderne. Le monarque au sommet de son « art » fait vraiment tout pour emm… le monde.
Burin? C’est pas lui qui a fait les » fameuses » colonnes pour Lang et Mitterrand?..Macron imite tonton cette fois..notre pitoyable acteur se met encore en scène.
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«Quand un type intelligent prend une décision absurde, c’est un problème psychologique», raille Alain Minc au sujet d’Emmanuel Macron
Du pognon balancé par la fenêtre .
Les anciens vitraux ayant été sauvegardés il sera peut être possible de les remettre à la place des horreurs contemporaines de macron dont le goût artistique laisse nettement à désirer.