Notre-Dame est revenue à Notre-Dame !
Pour la réouverture officielle, le 8 décembre, le pape ne sera pas là et le Président parlera finalement sur le parvis… Qu’importe ! Ce vendredi 15 novembre, Notre-Dame est revenue à Notre-Dame, et c’est là l’essentiel. La cathédrale est réanimée, au sens étymologique du mot. Elle est la première à entrer. Elle vient de Saint-Germain-l’Auxerrois, où elle a été posée le temps des travaux. Dans les rues parisiennes, une procession aux flambeaux immense l’a accompagnée. La statue - un fac-similé, car l’originale, trop fragile, a été transportée directement en camion -, sur un brancard fleuri, est portée par les chevaliers du Saint-Sépulcre. De loin, vus du Pont-Neuf, les cierges allumés en serpentin sur les quais de Seine étroits ressemblent aux « lucioles sortant de la grande catacombe » chères à Philippe de Villiers.
Immense foule pour accompagner Notre-Dame à #NotreDame ! La statue, qui était restée intacte, revient chez elle. Elle sera la première à entrer ⬇️ pic.twitter.com/0fAJcAo9j8
— Gabrielle Cluzel (@gabriellecluzel) November 15, 2024
La miraculée
Savez-vous que cette statue de deux mètres est appelée « la miraculée » ? Cette Vierge intacte au milieu des gravas, c'était un concentré d’espérance dans la déréliction générale. L’abbé Stéphane-Paul Bentz, chapelain de Notre-Dame, parle, sur RCF, de « prodige » : « Il y avait un amas de pierres et de bois à ses pieds, mais elle est restée debout. » Il y voit tout un symbole : « Dans la tradition chrétienne, la Vierge qui reste debout, c’est le Stabat Mater : la Vierge debout au pied de la Croix. »
Si l’on en croit le site de la boutique de Notre-Dame qui en propose une reproduction aux touristes, « dès le XIIe siècle, un autel dédié à Marie était adossé au pilier sud-est de la cathédrale. Cet emplacement était un haut lieu de dévotion depuis le Moyen Âge. » Mais c’est bien plus tard, en 1818, que l'architecte Viollet-le-Duc a remplacé la Vierge du XIIIe siècle, détruite pendant la Révolution, par une Vierge à l'Enfant : cette « nouvelle » sculpture date du milieu du XIVe siècle. Elle provient de la chapelle Saint-Aignan, située dans l'ancien cloître des chanoines, sur l'île de la Cité.
Notre-Dame est escortée par les chevaliers du Saint-Sépulcre ⬇️ pic.twitter.com/gDdOli3k3m
— Gabrielle Cluzel (@gabriellecluzel) November 15, 2024
Claudel et Huysmans
C’est auprès de celle que l’on appelle aussi « la Vierge du Pilier » que le poète Paul Claudel se convertit, au cours des vêpres de Noël 1886 : « J’étais moi debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et je crus.. Dans son livre La Cathédrale, Huysmans décrit le visage de pierre : « La bouche se contracte en une apparence de moue et prédit des pleurs. Peut-être qu’en parvenant à empreindre en même temps sur la face de Notre Dame ces deux sentiments opposés, la quiétude et la crainte, le sculpteur a voulu lui faire traduire à la fois l’allégresse de la Nativité et la douleur prévue du Calvaire. » Sauf que cette fois, la douleur (de l’incendie) a précédé l’allégresse (du grand retour).
Pour la petite histoire (actualité oblige), en juillet 2017, Melania Trump, en marge d’une visite officielle de son mari, s’était rendue à Notre-Dame en compagnie de Brigitte Macron. Deuxième « first lady » - après Jackie Kennedy - de confession catholique, elle avait tenu à aller vénérer la couronne d’épines et avait posé deux bougies devant ladite statue. Monseigneur Patrick Chauvet, qui leur servait de guide, les avait fait entrer avec ces mots : « Ici, il y a une première dame à visiter ! C’est Notre-Dame de Paris qui vous accueille, la maîtresse de maison et surtout la plus belle femme du monde ! » Donald Trump, lui aussi, est très attaché à Notre-Dame : « C'est si terrible d'assister à ce gigantesque incendie à Notre-Dame de Paris. Peut-être faudrait-il utiliser des bombardiers d'eau pour l'éteindre. Il faut agir vite », avait-il très vite tweeté (agaçant un peu, par ses conseils aussi radicaux qu’expéditifs, les Français). Et plus tard, lors d’un meeting, il avait déclaré que cette cathédrale était « l'un des grands trésors du monde », « probablement plus importante que pratiquement tous les musées du monde ». On dit le nouveau président des États-Unis mufle et misogyne ; il est au moins une « dame » qu’il respecte.
La « dame » sur son pilier
La « dame » - c’est d’ailleurs ainsi que l’appelait sainte Bernadette, à Lourdes - a donc retrouvé sa place sur le pilier. Pendant ce temps sonnaient les cloches. Le plus troublant (et le plus touchant) ? Entendre les mêmes prières, les mêmes cantiques que ceux que la foule spontanément rassemblée avait entonnés devant la cathédrale en feu, il y a cinq ans. La boucle est bouclée. On dit des cathédrales qu’elles sont des catéchismes en image : les pérégrinations de cette Vierge à l’Enfant racontent à elles seules l’incarnation, la passion, la rédemption et la résurrection. Jusqu’à la symbolique de son entrée dans la cathédrale tandis que les fidèles restent encore sur le parvis. Stabat mater dolorosa il y a cinq ans, elle est aujourd’hui Felix caeli porta, comme dans le cantique grégorien moyenâgeux Ave maris stella : heureuse porte du Ciel qui précède les élus.
Foin des politiques, des notables et des prélats qui se presseront à l'intérieur, le 8 décembre, le « vrai » retour de Notre-Dame, c’était ce vendredi.
❤️ la porte du chantier s'ouvre pour laisser entrer la statue de Notre-Dame de Paris #NotreDame #NotreDamedeParis pic.twitter.com/NG1AmbZWi7
— Infos cathos ❤ (@infoscathos) November 15, 2024
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43 commentaires
» la Vierge du XIIIe siècle, détruite pendant la Révolution, » Pas pendant, par.
MERCI pour ce bel article.
Merci madame Cluzel de nous relater ce retour de la statue de la vierge Marie dans la cathédrale qui porte son nom , et le retour des croyants dans qui font vivre la foi chrétienne et donnent toute la raison d’être de cette église .
C’est tout à votre honneur de relater cet évènement qui a été peu médiatisé , si bien que je l’ai appris par vous et c’est une des raisons d’être de BV: être là où les autres médias ne sont pas.
Gageons que tout ce que compte la France de journalistes » mainstream » se presseront pour se faire les relais du discours autosuffisant d’un président en représentation permanente , qui se veut le symbole incarné du mondialisme « heureux « .
A cent lieues des participants à cette procession : tout en abnégation et retenue .
Après cela , la présence de Mr MACRON n’a pas beaucoup d’importance !! Merci Mme CLUZEL pour votre article
Gabrielle a toujours les mots justes en toutes situations et avoir cité la foi de D.Trump en Notre Dame et sa vierge, en est un exemple. A l’occasion de son élection, reviennent ces qualificatifs misogyne, vulgaire … au moins Marie ne partage pas les propos de ses détracteurs, elle lui a prouvé en le sauvant de son récent attentat. En quoi serait il vulgaire d’honorer le pouvoir de Marie ! Les détracteurs se rendent ils compte qu’ils tombent dans la vulgarité sans avoir à les y pousser ?
Quant à l’origine de l’incendie … les initiateurs sont les mêmes que ceux qui refusèrent d’envoyer des avions Canadair pour l’éteindre rapidement. Les priver de dons colossaux était inacceptable. C’est ainsi que fonctionne le Mozart de la finance mais Marie nous a entendus : Dehors le traitre, pas chez moi, ton fiel je n’en veux pas !
Merci Marie, merci Gabrielle d’être son interprète.
Un grand merci madame Cluzel de votre témoignage. Vous faites partie de ces personnes qui savent se concentrer sur l’essentiel et cela mérite d’être souligné. Il est des symboles forts en chaque drame que nous traversons qui démontrent bien que nous nous devons d’espérer.
Nous les croyants somme pleins de joie de revoir la DAME revenir là ou elle n’aurait jamais du partir de Notre Dame de Paris.
J’habite loin de Paris mais je suis très sensible à cette rénovation après ce sinistre incendie qui a bouleversé jusqu’à l’international et qui permet aujourd’hui de rouvrir à nouveau Notre-Dame de Paris. Merci à Mme Cluzel pour cette entrée en matière qui nous fait communier à cette immuable tradition. J’espère en tout cas que, quelles que soient les raisons qui ont amené à vivre cette catastrophe, la France trouvera le moyen de protéger beaucoup mieux à l’avenir cette majestueuse cathédrale. A elle seule, elle est et reste tout un symbole.
Maintenant rénovée de fond en comble, on y fera pas de travaux avant longtemps. Le risque d’incendie par un mégot n’est pas pour tout de suite. Voilà pour cette église. Et les autres, toutes celles qui brûlent dans le pays régulièrement ?
Le 8 décembre, ce n’est pas macron qu’il faudra mettre en avant, mais bien tous ces « salauds » de milliardaires, tous ces anonymes, qui ont contribué proportionnellement à leurs moyens à Notre Dame, ce magnifique édifice témoin splendide de notre civilisation judéo-chrétienne. Mais je doute que machiavel pensera à rappeler ce qui est à l’origine de la construction de cette cathédrale rayonnante.
Malgré tout il est une promesse de Macron tenue malgré d’immenses difficultés : remettre cet édifice en service. Le choix d’un Officier Général sans compétences d’architecture mais plein d’autorité et de foi fût prépondérant . Merci à eux deux . . . quoi qu’il en coûte ! Amen .
Curieusement, le culte de la Vierge Marie est resté très vivace alors que la foi en dieu s’est quelque peu dispersée.
On entend souvent des personnalités évoquer leur dévotion à la vierge.
C’était le cas d’Alain Delon qui nous a quitté au mois d’août.
Marie est le symbole de l’amour, indépendamment même de la religion.
Effectivement le verbe aimer est anagramme de Marie et de nombreuses femmes s’appellent ainsi. Si les gens sont comme moi attirés par la présence féminine ( mon avocat, mon médecin, mon coiffeur, mon vétérinaire, mon chef de service, sont des femmes…) .
Marie incarne aussi la féminité et je ne suis sans doute pas le seul à espérer que Dieu, après tout, pourrait être une Femme, pourquoi pas, les antiques évoquaient la Déesse Mère.
Jésus est un homme. Quand à Dieu le Père, c’est un coeur de père et il aime comme les entrailles d’une mère
Merci Gabriel pour votre article , il fait chaud au coeur , je suis ravie que le psychopathe qui souriait lors de l’incendie de la Cathédrale ne puisse faire son discours à l’intérieur de Notre Dame
Ca ne m’avait pas échappé non plus.
En tant qu’ immigrationniste de l’Islam délibérément affiché, les causes de l’incendie ayant été manifestement dissimulées … ce président en prétendue mission officielle n’a rien à faire à Notre Dame sauf en tant que pécheur repenti.
Longue vie à Notre Dame ….et voilà notre belle cathédrale qui va revivre ..heureusement celui qui se croit le bon Dieu ne parlera pas à l,intérieur..bravo à tous les gens qui étaient à la procession
Merci Gabrielle, grand merci. Vous témoignez de votre foi, vous nous transmettez votre passion, merci. D’autant que nous provinciaux, nous n’avons pas le plaisir de suivre ces cérémonie exceptionnelles. Vous nous les rendez vivantes, votre hommage tout à la gloire de Notre Dame. Beaucoup de monde dans cet accompagnement dites-vous. Beaucoup de monde souhaitera découvrir le nouvel éclat de Notre Dame. Je suggérais que soit institué un droit de passage privilégié pour les personnes âgées au reste à vivre précaire, et aux handicapés, ce qui leur éviterait bousculades inadaptées à leur santé. J’ai appris qu’il était possible de réserver un droit de visite. Espérons qu’il sera judicieusement exploité. Au delà de cette approche pratique, vous évoquez l’attitude de Trump pendant l’incendie, utiliser des bombardiers d’eau. Certains se moquent. Je suis de ceux qui sont à moquer. J’ai décroché mon téléphone, appelé la gendarmerie pour suggérer que soit exploitée la mousse utilisée par les sapeurs pompiers sur terrains d’aviation. Le gendarme, certainement déboussolé par mon appel, m’a simplement répondu : « merci, nous prenons note » . A la suite, j’ai pris conscience de ma stupidité : les pompiers parisiens pas du tout préparés à exploiter cette technique. Et pourtant, noyer Notre Dame dans un nuage de mousse aurait peut-être évité ce qui a été vécu. Gabrielle, encore merci pour votre témoignage.