Nouveau dérapage en Macronie : après Dupond-Moretti, Marlène Schiappa

schiappa

Est-ce un nouveau mode de communication « populiste » ou simplement une perte de sang-froid généralisée qui affecte en ce moment le gouvernement et la majorité ? Après la gestuelle vulgaire du garde des Sceaux à l'Assemblée, c'est sur un plateau télé que Marlène Schiappa a effectué sa propre sortie de route. Pourtant, on était sur France 5, et pas chez Hanouna, mais dans « C ce soir » (que je découvre avec vous), l'on était le 8 mars, Journée de la femme, et entre femmes, hormis l'animateur du débat, et il n'était pas question d'immigration. Mais justement, le sujet de la lutte contre les violences faites aux femmes a déchaîné les passions de ces dames.

Tout est parti d'une attaque de la réalisatrice (ne me demandez pas ce qu'elle a réalisé) Andréa Bescond sur le bilan de Marlène Schiappa : « Vous ne faites rien contre l’impunité des agresseurs. Il y a des femmes qui meurent, des femmes qui sont violées tous les jours. Toutes les sept minutes, il y a une tentative de viol... À votre place, honnêtement, je ne serais pas comme ça, toute détendue, en train de sortir un livre, vous voyez. » Ce qui a fait littéralement bondir la secrétaire d'État. Marlène Schiappa s'est levée, a menacé de quitter le plateau et s'est emportée : « Me dire à moi que je découvre les violences sexuelles, mais merde, quoi ! J’ai quelqu’un qui a été tué d’un coup de fusil ! Andréa, c’est trop facile de faire ce que vous êtes en train de faire. [...] Le débat est terminé, merci. Vous couperez. » Non seulement elle n'est pas partie mais la séquence n'a pas été coupée et le petit théâtre de l'entre-soi féministe a pu continuer. On va dire que là, le dérapage a été contrôlé.

Mais revenons au sujet, grave, des féminicides. Car notre féministe de service, la vraie, l'accusatrice du ministre impuissant, que fait-elle, elle, pour donner des leçons ? Elle vient de publier un texte dans l'ouvrage collectif 125 et des milliers, sorti ce 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes. On peut le lire sur Le HuffPost. C'est le récit d'un de ces 125 féminicides, celui d'Alham Sehili, mais un peu particulier car « à cause de la police ». Ben voyons !

Certes, cette jeune femme de 32 ans, maman d’un bébé de deux mois, a été tuée par son mari à Strasbourg, le 16 avril 2010, un jour après qu’un policier a refusé d’enregistrer sa plainte pour violences conjugales, l'invitant à s'adresser à son commissariat de quartier. Avec, paraît-il, ces mots malheureux : « Mais, s’il m’arrive quelque chose ? — Vous direz que c’est de la faute de la police. » Oui, il y a eu défaillance de l'État, lequel a été condamné, le 17 mars 2021, par le tribunal judiciaire de Strasbourg pour dysfonctionnement du service public de la justice. Mais évidemment, ce « à cause de la police » est devenu le refrain de l'histoire dans un milieu et à une époque où tous les motifs sont bons pour accabler la police. Tellement pratique. En revanche rien, aucun élément sur le mari violent d'Alham... Cause première ? Cause seconde ? Cause matérielle ? Cause efficiente ? Pas de nuance aristotélicienne chez Andréa Bercond. Son « à cause de la police » est le seul verdict possible.

Pas étonnant : selon Marianne, Andréa Bescond « se classe à gauche, parmi les néo-féministes tendance convergence des luttes ». Avec son cortège d'impostures et de contradictions : face au ministre, elle dénonce l'impunité des agresseurs, mais il faudrait lui dire que ce n'est pas tout à fait le programme de la NUPES en matière judiciaire et carcérale...

Un nouveau cas d'école de cette capacité exemplaire de la gauche féministe et de la gauche tout court à tordre le réel pour lui imposer son angle, sa grille de lecture : après le coup de la culture judéo-chrétienne, dénoncé ici par Gabrielle Cluzel, la cause des féminicides, ce serait la police. Quant au facteur culturel et migratoire, c'est évidemment le grand oublié, le grand censuré de la réflexion de ces dames. L'enquête avance lentement : après la piste de la culture judéo-chrétienne, peut-être que, en cherchant bien...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 13/03/2023 à 9:56.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Il faut oublier cette personne ..on lui donne beaucoup trop d’importance …ce qui est bien dommage …peut être à t’elle d’autres talents .

  2. Il est de ces productions cinématographiques où je la verrais tenir à merveille certains rôles; totalement à contre-courant de ses ambitions.

  3. Un seul fait bien médiatisé et voilà que tous ces représentants de l’Etat le prennent à leur cause pour marteler leurs propos dénonciateurs, et surtout en faire une généralité . Serait-il possible que dans ce pays que ce soit pour les crimes de sang, de toutes les agressions commises vis à vis des femmes comme tout un chacun, d’ identifier les auteurs par leur origine , leur religion, etc… on peut s’attendre à des surprises de taille !!!

  4. Pourquoi s’étonner ? Les serviteurs, les laquais, ne peuvent pas être plus grand que leur maître…
    Quant aux mensonges, aux manipulations, désinformations, intolérance et violence, la gauche extrême ou non en remontrerait à Poutine.

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