Nouveaux rebondissements dans l’affaire de la statue de Jeanne d’Arc à Nice

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A Nice, la statue de Jeanne d’Arc, située dans le parc Jeanne d’Arc, devant l’église Jeanne d'Arc va-t-elle être déboulonnée et envoyée en Hongrie ? Tandis que l’affaire judiciaire connaît de nouveaux rebondissements, « le KDNP soutient toute initiative visant à sauver notre culture occidentale fondée sur le christianisme » écrivaient dans un communiqué commun, Péter Hanusi, maire d’un village de Hongrie candidat pour accueillir la statue, ainsi que le vice-premier ministre de Hongrie et chef du Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP), et le chef du groupe du KDNP. Réagissant sur les réseaux sociaux à ce communiqué, l’Atelier Missor regrette : « Autrefois, c'était pour le contempler comme ce phare philosophique. Marcher dans les pas de la France était un honneur. La France avait son rêve, et elle marchait vers celui-ci, mais pour le reste du monde, le rêve, c'était la France. Aujourd'hui, quand on se tourne vers la France, c'est pour voir un cauchemar. »

Contactés par nos soins, les artistes n’ont pas encore répondu à nos sollicitations mais pèse sur eux la menace d’une fermeture. Ils annonçaient il y a trois jours : « Notre atelier va faire faillite. Après 5 ans à tout donner, pour que notre atelier de sculpture réussisse sa mission de réenchanter notre monde gris, nos ennemis auront réussi à être les témoins de notre mort. » A cette proposition de reprise par la Hongrie, s'ajoute ce nouveau rebondissement ce mardi : dans le cadre de l'affaire judiciaire, le siège de la Régie Parcs d'Azur, commanditaire de la statue, était perquisitionné par des enquêteurs du service local de police judiciaire. Des investigations qui feraient suite, selon Nice-Matin, au signalement de l’élu d’opposition, l’écologiste Jean-Christophe Picard, qui avait écrit au procureur de la République pour lui demander d’enquêter sur un potentiel délit de "favoritisme".

La mise à mort des artistes

Rappelons que le tribunal administratif de Nice annulait la commande passée à l’atelier par une ordonnance le 14 janvier dernier, considérant que les conditions n’étaient pas réunies pour que la Ville s’affranchisse de la mise en concurrence. « Quel terrible symbole ! S'en prendre à un destin français, à une figure nationale et républicaine », avait aussitôt réagi le maire Christian Estrosi annonçant faire appel de cette décision. Face à cette évocation de « figure républicaine » s'agissant de la sainte, des internautes ricanent sur X. Rappelons-leur cette loi du 10 juillet 1920 qui institue « la Fête Jeanne d’Arc, fête du patriotisme », le deuxième dimanche de mai (jour anniversaire de la délivrance d’Orléans). N'en déplaise aux laïcards, sa célébration est toujours en vigueur et fait partie des douze journées nationales organisées chaque année par la République française.

A la tête du premier groupe d’opposition municipal « Retrouver Nice », Philippe Vardon nous explique que sur le plan juridique, « cette dernière décision est contestable » et qu’il existe des dispositifs s’agissant du domaine artistique permettant de passer commande en direct sans passer d’appel d’offres si « les travaux, fournitures ou services ne peuvent être fournis que par un opérateur économique déterminé, dans l’hypothèse où ce marché a pour objet la création ou l'acquisition d'une œuvre d'art ou d'une performance artistique unique. »

Acharnement idéologique ?

Mais surtout, l’élu proche de Marion Maréchal, dénonce un acharnement idéologique car, quelles que soient les questions juridiques, « dès son principe, la statue a été contestée par la gauche et l’extrême gauche locales parce qu’il s’agissait d’une sainte. Elles s’en sont pris à l’atelier Missor car réputé ne pas être à gauche. » Philippe Vardon rappelle que la justice avait par ailleurs dans un premier temps, débouté la demande du préfet des Alpes-Maritimes Hugues Moutouh le 26 février dernier, le juge du droit estimant que rien « en l'état de l'instruction, ne paraît propre à créer un doute sérieux quant à la légalité du contrat ». La statue de bronze de neuf tonnes avait pu être dévoilée le 23 octobre 2024 sur la place avant d’être à nouveau retirée le temps de la dorer à l’or fin et le temps que les travaux de voiries soient achevés. C’est quelques jours avant Noël, le 19 décembre, que Jeanne d’Arc était inaugurée par Christian Estrosi, sur le trottoir, en face du parvis de l’église.

« Je pose seulement la question en tant qu’élu de cette ville : va-t-on assister en France en 2025 au déboulonnage d’une statue ? La question se pose pour l’atelier Missor qui mène une action unique en son domaine. Pour faire une statue de ce volume, de ce caractère, de ce type, il n’y avait pas de concurrent. C’est la mise à mort de ces artistes », fustige Philippe Vardon qui s’étonne de « cet empressement de la préfecture à la faire démonter dans les meilleurs délais, alors même qu’il y a un appel en justice et qu’il y a des solutions cherchées pour trouver des financements ». Parmi celles-ci, une cagnotte de subvention populaire a été lancée, et le groupe d’opposition entend faire proposer au prochain conseil municipal d’inscrire la statue au budget participatif. « C’est inimaginable que cette statue soit démontée et ce n’est pas ce que les Niçois souhaitent », poursuit-il. Une nouvelle mobilisation est prévue samedi à 11h devant la statue...

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Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Le gauchisme, depuis 50ans, ayant infecté tous les services de la société, s’autorise à penser et à dénommer ce qui est art et ce qui ne l’est pas. Seul l’art gauchiste est vraiment de l’art selon eux. Il en est de même en poésie, en chansons, en théatre et cinéma et même en peinture.

  2. Nous aurions dû nous douter que si la Sainte Jehanne n’était pas approuvée par la gauche, l’extrême gauche et la gauche ultime, elle ne pourrait pas rester en place. En effet, la culture appartient à la gauche et c’est elle, toute puissante, depuis des décennies en matière de façonnage culturel qui a le monopole de choisir qui peut vivre ou mourir artistiquement. Nous ne pensions pas que ce serait aussi désastreux culturellement. Mais le fait est.

    • Les accords électoraux qu’Estrosi a passé avec les uns et les autres,a prouvé qu’il était copain tant de Macron que des socialistes.Ainsi,voici ce que disait Estrosi de M. Maréchal il ya neuf ans,lorsque Maréchal briguait un mandat en PACA: Il en dresse un portrait au vitriol. « Des trois Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen est la plus à droite. Elle est la plus sectaire, la plus dangereuse » a estimé Christian Estrosi.

  3. Quel pays sommes-nous devenus ! Et quelle « justice » ? Quand n’importe quel crime met des années à être éventuellement instruit et, hypothétiquement jugé, on trouve les moyens en quelques jours pour qu’un juge d’instruction s’empare de cette affaire au combien … politique.
    Du préfet au parquet, quelle honte !

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