Nouvelle-Calédonie : après le référendum, le piège se referme !

Le boomerang prémonitoire de notre tribune du 18 octobre a frappé (http://www.bvoltaire.fr/referendum-en-nouvelle-caledonie-leffet-boomerang/). Le référendum du 4 novembre dernier a révélé au grand jour la perversité idéologique des accords de Matignon de 1988 et de Nouméa de 1998. Le piège subversif qu’ils recelaient s’est refermé sur les loyalistes calédoniens qui y avaient candidement souscrit.

L’écrasante majorité loyaliste, consacrée par l’authentique référendum d’autodétermination de 1987, scandaleusement passé à la trappe, a fondu comme neige au soleil. Croyant naïvement frôler les 70 % des suffrages, les partisans de la Nouvelle-Calédonie française n’en préservent que 56,67 %.

Normalement, ce devrait être néanmoins suffisant pour que la cause soit entendue avec, de surcroît, une participation record de 81,01 %. Mais il en va tout autrement dans le cas d’espèce, en raison des stupéfiantes dérogations électorales pour forcer l’indépendance, manœuvre enfonçant la porte ouverte d’une décolonisation datant de 1946 et cherchant à surdimensionner la place du premier occupant du pays. À cette dernière aune, presque toute la planète devrait battre sa coulpe. C’est ainsi qu’ont été prévus deux autres référendums dans les quatre années à venir, qu’un tiers seulement du Congrès du territoire permet d’activer. Et même à leur issue, une victoire loyaliste ne serait toujours pas reconnue. Et dire que ce monstre démocratique a été constitutionnalisé par le Parlement de la République !

Dopés par ce soutien exorbitant, parachevé par un tripatouillage de la liste électorale spéciale, les indépendantistes ont ainsi atteint le score inespéré de 43,33 % des votants. Ils se sentent dès lors pousser des ailes pour combler leur court retard de 6,67 % à l’occasion des deux autres référendums. Circonstance aggravante : leur spectaculaire poussée dans le nord et les îles Loyauté coupe désormais l’archipel en deux, faisant surgir le spectre d’une partition.

Le 5 novembre, la Nouvelle-Calédonie est ainsi entrée dans une nouvelle et âpre campagne électorale de quatre années, avec ses risques de débordements violents, et stérilisante sur le plan du développement. Belle prouesse pour un montage idéologique conçu pour pacifier l’archipel ! La seule question qui vaille à présent est comment se sortir de ce guêpier.

Il ne coûte rien d’explorer d’abord la voie de la raison. « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » (Guillaume d’Orange). Il faut tenter de convaincre les indépendantistes de renoncer aux deux référendums futurs en martelant deux arguments majeurs.

Le premier concerne l’illusion de la souveraineté, comme en atteste l’exemple édifiant des pays frères voisins, contraints de monnayer leur misère auprès des grandes puissances régionales. La Chine a déjà installé une base portuaire au Vanuatu et lorgne ouvertement sur le nickel calédonien. Dans l’inexorable appel d’air entre puissances conquérantes et surpeuplées du Pacifique et ses archipels pauvres et dépeuplés, la Nouvelle-Calédonie n’est qu’un fétu de paille.

Le second argument massue est la fragilité de l’espoir d’une victoire finale indépendantiste en raison de l’absence de toute réserve de voix. Il est hasardeux de spéculer sur la seule évolution démographique. Une nouvelle défaite du séparatisme ternirait sa dynamique du premier tour. La sagesse commande donc à la Nouvelle-Calédonie de ne pas scier la branche sur laquelle elle est assise en pérennisant la large autonomie du vivre ensemble dont elle jouit déjà, lui garantissant le meilleur niveau de vie de la Mélanésie, avec l’assurance tous risques de la France.

Et si la raison ne prévaut pas, alors les loyalistes n’auront plus d’autre choix que de relever le défi démocratique qui leur est imposé, dans une union sacrée retrouvée, reportant à plus tard les règlements de comptes avec leurs dirigeants munichois. Pour affermir leur détermination, il leur suffira de s’inspirer de l’exemple de leurs pères, premiers résistants ralliés à la France combattante en 1940. Le Bataillon du Pacifique s’est couvert de gloire dans les Forces françaises libres, Canaques et Caldoches côte à côte, comme déjà en 14-18. Les loyalistes doivent faire leur credo des paroles historiques du général de Gaulle mettant le pied sur le « caillou » lors de sa visite présidentielle : « Ici, c'est la France !"

Michel Franceschi
Michel Franceschi
Général de corps d'armée (2s) - Parachutiste des Troupes de Marine

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