La nouvelle guerre des classes

La réforme du code du travail était au menu du conseil des ministres du 28 juin. Elle illustre "la nouvelle guerre des classes", très bien décrite par Michael Lind dans un article paru dans American Affairs : les salariés perdront des protections au profit des managers.

La nouvelle guerre des classes a suivi la fin de la guerre froide. Cette guerre des classes oppose les élites politiques, intellectuelles et managériales aux classes travailleuses populistes. Elle a produit le Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Les néo-libéraux de la "drauche" considèrent qu’il n’y a plus de classes sociales et que nos sociétés seraient méritocratiques. Ils attribuent le populisme à la bigoterie ou à l’irrationalité. Mais la guerre des classes renvoie aux travaux de James Burnham sur la révolution managériale et à la sociologie de John Kenneth Galbraith.

George Orwell avait résumé la pensée de Burnham. Le capitalisme disparaît mais n’est pas remplacé par le socialisme. La nouvelle société est planifiée, centralisée et non démocratique. Les nouveaux dirigeants sont ceux qui contrôlent la production sous le nom de managers. Une aristocratie de talents au sommet et des demi-esclaves à la base.

Les managers peuvent venir du privé ou du public et ils sont largement héréditaires. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les industries se sont organisées en monopoles ou en oligopoles. D’immenses sociétés remplacent le marché. Le secteur privé tend à dominer le secteur public en finançant les campagnes directement (aux États-Unis) ou par la voie des médias (en France).

Ainsi, de 1909 à 1970, les 100 plus grosses sociétés britanniques sont passées d’une part de marché de 16 % à 45 %. Aujourd’hui, les deux firmes majeures dans l’aviation réalisent 100 % des gros avions et 70 % dans les boissons gazeuses non alcoolisées.

Après la dépression de 1917, il y eut des chocs entre les élites et les travailleurs. Cela se résolut par l’État-providence en Allemagne, au Japon, aux États-Unis et ailleurs. Depuis les années 70, la fin de la guerre froide et depuis la crise de 2008, ces immenses sociétés ont beaucoup délocalisé à la recherche de fiscalités plus avantageuses et de salariés moins payés, ce qui a nuit au progrès technique.

Ces énormes sociétés ont aussi fait appel à l’immigration de masse, destinée à briser le front des travailleurs. Mais ces délocalisations plus cette immigration ont tué l’État-providence qui régissait nos sociétés et ont fait renaître le géant chinois. Ces États-providence ont fonctionné à crédit, mais ils sont destinés à faire faillite, tout comme le cosmopolitisme engendre le chaos et le terrorisme.

Les managers sont allés trop loin dans les délocalisations et l’immigration et doivent s’attendre à de nouveaux chocs populistes.

Mylène Troszczynski
Mylène Troszczynski
Député européen du groupe ENL

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