Nouvelle guerre d’Algérie : et maintenant, la pâte à tartiner El Mordjene…

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Dans le long feuilleton des contentieux franco-algériens post-1962, il faudra donc ajouter, entre les crânes du XIXe siècle, l'accord migratoire de 1968 et la phrase malheureuse de Macron, le conflit El Mordjene. Quès aco, El Mordjene ? C'est une pâte à tartiner chocolat-noisette fabriquée par une entreprise d'Algérie (CEBON) et qui vient de connaître un double buzz au sein de la communauté algérienne d'ici et de là-bas. Avec des éclats jusqu'à nous...

Premier acte : une folie commerciale qui, à coups d'influenceurs amateurs et d'émoticônes gourmandes, vantent le produit sur les réseaux sociaux (surtout communautaires). Cette pâte serait un pur délice, avec son goût de noisettes grillées inimitable, et détrônerait la pâte rivale bien connue de nos ados. La campagne de pub officieuse est nettement identitaire. Avec la transhumance estivale des blédards, le buzz alimentaire prend encore de l'ampleur. Et nos médias officiels, comme l'a bien vu Jean Kast sur Boulevard Voltaire, relaient complaisamment cette vogue alimentaire algérienne qui débarque en France, comme France Info et France 3 Provence, par exemple. L'emballement entraîne des ruptures de stock, une flambée des prix (parfois le double du N...a, marque bien connue par chez nous...) et des approvisionnements clandestins. Et même des braquages à Marseille, comme le rapporte La Provence... Ce qui n'étonnera personne.

Mais voilà, le pot à l'étiquette représentant une femme voilée qui devenait le nouveau vecteur du prosélytisme algéro-musulman chez nous vient de subir un revers. En effet, il vient d'être interdit, cette semaine dans l'Union européenne. Le produit est soumis à une enquête « afin de déterminer les mécanismes de contournement qui ont pu permettre jusqu'à présent la mise sur le marché de cette marchandise », assure le ministère de l'Agriculture. Dans un texte envoyé à l'AFP, il apporte les précisions suivantes : « L'Algérie ne remplissant pas l'ensemble des conditions nécessaires pour permettre à un pays tiers d'exporter vers l'Union européenne des marchandises contenant des produits laitiers destinés à la consommation humaine dans le respect des exigences européennes en matière de santé animale et de sécurité sanitaire des aliments, l'importation de cette marchandise n'est pas autorisée par le cadre réglementaire applicable. » Au pays des normes infinies, cela ne devrait surprendre personne, là non plus.

Mais voilà, l'interdiction a inévitablement été interprétée en termes d'agression et de mépris. Encore un coup du grand méchant colonisateur qui ne supporte pas les succès du peuple algérien. Réaction on ne peut plus prévisible. Le Figaro s'est penché sur cette rancœur algérienne, nous apprenant au passage que « des trabendistes (petits trafiquants, en dialecte algérien) utilisent bateau et avion pour des opérations d'import-export en dehors de tout contrôle des États ». Il y a donc certainement de bonnes raisons pour que notre Union européenne, tatillonne même avec les produits et les commerçants les plus transparents, mette son nez dans cette crème algérienne.

Et donc, sur les réseaux sociaux, c'est la guerre qui recommence. Les pots de Mordjene sont affublés de gants de boxe pour affronter les pots de Nutella qui s'écrasent au sol, vaincus, avec ce slogan : « Il n'y a pas qu'en boxe qu'on met des KO aux Italiens », rappel de la victoire de l'Algérienne Imane Khelif face à l'Italienne Angela Carini, aux Jeux olympiques cet été... Le Figaro a aussi relevé des appels à boycotter Nutella pour protester contre cette « injustice »...

Vous savez quoi ? Ce soir, chez nous, ce sera galette à l'andouille et crêpe au N...a !

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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