Novlangue de confinement
3 minutes de lecture
Au secours ! Nous sommes très proches du novlangue d’Orwell. Les mots ne veulent plus signifier ce qu’ils disent : ils décrivent des concepts différents de leur sens normal. De même, et à l’inverse, l’absence systématique de certains mots, volontaire et calculée, tente de masquer une réalité qui ne doit absolument pas apparaître.
Quelques exemples.
« Les quartiers à forte concentration de population suivant le ramadan » : on trouve cette périphrase, jolie mais un peu longuette, dans la note d’instruction envoyée par le patron de la police du Calvados à ses hommes. N’y avait-il pas un moyen plus simple et plus concis de s’exprimer ? Dire, par exemple, « les … ». Je me demande bien quelle peut être cette « population qui suit le ramadan » ! Si vous avez la réponse, merci d’écrire à Boulevard Voltaire qui fera suivre.
Union nationale : arlésienne gouvernementale toujours attendue, jamais arrivée. Le Président la souhaite ardemment, lui qui, il y a quelques jours, déclarait au Financial Times qu’était venu « le moment d’une véritable “union sacrée” ». Superbe état d’esprit aussitôt mis en œuvre : l’opposition demande un délai de réflexion d'un ou deux jours avant de voter le plan de déconfinement que le Premier ministre présente, ce mardi, à l’Assemblée : demande rejetée ! Non mais ! Il manquerait plus qu’on laisse du temps à l’opposition pour réfléchir ! L’union nationale, c’est beau, mais sans l’opposition. En fait, c’est la désunion idéologique !
Démocratie : régime politique permettant au chef du parti majoritaire de refuser que le peuple, via ses représentants, se prononce par un vote sur un sujet particulièrement dangereux pour les libertés : le « traçage ». L’ineffable Gilles Le Gendre s’est surpassé : « Je ne vois pas comment un vote apporterait quelque chose de supplémentaire par rapport à un débat. » La dictature commence un peu comme cela : on discute, on papote, on discourt mais on refuse que le peuple s’exprime.
Distanciation sociale : les précieux ridicules ont frappé encore une fois. À force de vouloir faire les pompeux et les intellectuels, les crétins qui ont inventé cette expression se sont trompés. Selon le Larousse, la distanciation ne se définit que comme « le recul pris par rapport à un événement ». Rien à voir avec une mesure de proximité ou d’éloignement, au choix. Pourquoi ne pas parler simplement de « distance » ? Quant à utiliser le terme « social » pour dire que cela concerne les gens, c’est stupide. Du reste, Édouard Philippe, dans son discours devant l’Assemblée, a fait la moitié du chemin en parlant tout le temps de « distanciation physique ».
Chômage partiel : pendant cette crise, c’est du chômage total, mais provisoire. Si les mots ont encore un sens, le chômage ne serait partiel que si l’on travaillait une partie de la journée ou de la semaine.
Paradis fiscal : enfer, désormais, selon Bruno Le Maire, pour les entreprises y ayant leur siège social ou des filiales et qui, de ce fait, « je veux le dire avec beaucoup de force », ne pourront pas bénéficier d’aides de l’État. Pas de bol ! Cette disposition a sauté dans le projet de loi de finances rectificative. Exception au novlangue : paradis veut bien dire paradis. Youpi !
Thématiques :
Confinement
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :