Nuit blanche 2024 : un programme très woke à Paris

Capture d'écran Ville de Paris
Capture d'écran Ville de Paris

Une programmation « sublime et fascinante ». Voilà ce qu’Anne Hidalgo nous promettait, cette année, pour Nuit blanche, manifestation artistique consacrée à l’art contemporain, dont la 23e édition se déroulait en région parisienne, samedi 1er juin. « Nuit blanche sera à l’image de cette année 2024 : exceptionnelle et historique pour Paris ! », s’enthousiasmait déjà le maire de la ville, plusieurs semaines avant l’événement. Pourtant, si quelques œuvres parmi les 200 exposées ont su effectivement séduire le public, le reste de la programmation n’avait rien d’« exceptionnel » et s’inscrivait, au contraire, dans la droite lignée de ce que propose la mairie à ses administrés depuis de trop nombreuses années. Il suffisait, d’ailleurs, d’écouter attentivement Anne Hidalgo. Tous les mots clés judicieusement placés dans son discours d’introduction laissaient craindre une énième opération de rééducation idéologique : il y était question de « respect de la différence », de « diversité », d’« amitié entre les peuples », de « pluralité des cultures », de « couleurs qui s’entremêlent »… Bref, vous voyez le tableau.

Des œuvres politisées, au discours ultra-conformiste

Outre l’écriture inclusive utilisée sans complexe dans le descriptif de bon nombre d’œuvres, cette édition 2024 s’est en effet distinguée par une programmation résolument woke. Le parcours commençait très fort dans le Ier arrondissement avec la peinture d’un Christ noir et « teinté d’érotisme », exposée dans la chapelle Sainte-Agnès de l’église Saint-Eustache. Bonjour l’appropriation culturelle !
Non loin de là, place du Châtelet, une splendide performance chorégraphique alertait les passants quant aux terribles « conséquences psychosomatiques des traumas coloniaux » à travers la mise en lumière des « tensions musculaires du corps colonisé ». Absolument indispensable.

Rive gauche, le grand public n’était pas en reste. Une installation textile trônait au beau milieu du jardin de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, offrant, selon sa créatrice, « une réponse douce et spirituelle au réenfantement de l’être dans un monde toujours plus violent et déshumanisant pour les corps féminins racisés ». Il s’agissait d’initier le spectateur aux « mystères de la maternité », et notamment à certaines pratiques guyanaises ancestrales, comme l’utilisation de décoctions de graines visant à « stimuler la lactation ». Pourquoi pas.

Les plus endurants – ou les plus masochistes - pouvaient encore poursuivre la promenade nocturne jusqu’en banlieue parisienne. Aux Laboratoires d'Aubervilliers, un artiste franco-marocain trans du nom de « Phoenix Atala » proposait un film d’anticipation sur la représentation des communautés « queer racisées ». Il s’agissait de montrer au public le difficile « cheminement intellectuel et politique » qu’implique la création d’un tel long-métrage de SF queer expérimental. « Iels se questionnent sur les méthodes de fabrication normative de l’industrie audiovisuelle », était-il indiqué en préambule.

Mais c’est du côté de la banlieue sud, à Juvisy, que cette édition 2024 de Nuit blanche a réellement atteint des sommets. Les heureux participants avaient rendez-vous sur les quais où une péniche était amarrée en vue d’une « croisière artistique » très prometteuse. Ils n’ont pas été déçus. À bord, les « performances » les plus diverses leur ont été présentées. Jugez plutôt : « lip-sync intersectionnel », « prières écoféministes », « chants de sirènes », « offrandes à la rivière », « réflexions postcoloniales »... du grand art ! Vivement l’année prochaine !

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Il faut prévenir le Messie Le Maire Qu’il y a là possibilité de faire des économies pour un budget en désiquilibre .

  2. Est-ce que cette Hidalgo a prévu de laisser un peu de place à l’art dans cette manifestation qui va encore un eu plus grever le budget scandaleusement déficitaire de la ville de Paris ?

  3. Je crois qu’on a largement dépassé la décadence de l’empire romain et plus loin encore Sodome et Gomorrhe et c’est à ce genre de manifestation culturelle,si toutefois on peut encore appeler cette chose ainsi. Si on continue comme ça bientôt au salon de l’agriculture ( j’ ironise ) on verra le mariage d’un fermier et sa vache , et peut être aussi l’apparition d’un centaure ( mi homme mi taureau) Ce monde n’est pas devenu fou,ce serait l’excuser,il est tout simplement devenu de plus en plus pervert au point de mentir sciemment sur l’ordre naturel établi, et à moins d’un terrible retour de manivelle indispensable, c’est fichu.

    • L’Occident est attaqué de toute part car il est en pleine décadence. Seront-ils assez nombreux, ceux qui combattent l’apathie généralisée pour opérer ce « retour de manivelle »? Il n’ y a plus de manivelles depuis longtemps hélas.

  4. Peut on savoir combien de touristes ou visiteurs pour cette super nuit . A mon avis un gros bide qui aura encore ruiné davantage ce pays .

    • Chère Yolande
      Je ressens la même désespérance que vous au constat de la transformation de notre société à la mode macroniste.
      J’admire votre constance et votre persévérance à la combattre en écrivant toujours les mots justes. Merci

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