Nuit de feu pour la mairie du XIIe à Paris, construite en 1876

incendie Mairie XIIème Paris
capture X

Ce lundi 27 janvier, les habitants du XIIe arrondissement de Paris se sont réveillés avec stupeur. Leur mairie a été la proie des flammes pendant la nuit. Fort heureusement, la rapidité et l’efficacité des pompiers ont permis de limiter l’incendie à une partie de la toiture et au campanile, devenu désormais le triste symbole de ce cauchemar.

Une nuit ardente

Dans la nuit du 26 et 27 janviers, vers 3 heures du matin, les soldats du feu sont appelés en urgence après que des flammes ont été signalées au niveau de la toiture de l’édifice. Ce sont ainsi plus de 150 pompiers qui ont été dépêchés pour tenter de sauver la mairie tenue par Emmanuelle Pierre-Marie (EELV). Sept lances à incendie ont été déployées pour arrêter les flammes qui ravageaient une partie de la toiture ainsi que le campanile, haut de 36 mètres. Ce dernier était alors une priorité pour les pompiers qui craignaient que la structure en bois ne s'effondre sur le reste de l’édifice. Après plusieurs heures de combat, l’incendie a été déclaré comme « maîtrisé » vers 7 heures du matin.

La mémoire du XIIe arrondissement

Le XIIe arrondissement de Paris, officiellement créé en 1859, possède une histoire riche. Elle remonte à plus de... 6.500 ans, date des premières traces d'installation humaine sur ce territoire. Ce secteur fut un haut lieu de l’artisanat, notamment dans les domaines de la menuiserie et de l’ébénisterie, concentrés autour du faubourg Saint-Antoine. Cette tradition perdure aujourd’hui grâce à des institutions telles que la prestigieuse École Boulle, fondée en 1886. Le quartier de Bercy, quant à lui, était autrefois célèbre pour ses vastes entrepôts de vin reliant les vignobles de Bourgogne à la capitale. Ces activités sont immortalisées sur la façade principale de la mairie actuelle, où deux statues représentent un ébéniste et un vigneron, rendant ainsi hommage à ce passé local. L'édifice actuel de la mairie, construit en 1876 selon les plans de l'architecte Antoine-Julien Hénard, succède à un premier édifice incendié pendant la Commune. Son architecture mêle alors harmonieusement les styles Renaissance, Louis XIII et Louis XIV. En 1893, les bâtiments sont agrandis par l’ajout de l’aile Bignon, qui abrite une salle des fêtes ornée de décorations célébrant les différents quartiers de l’arrondissement. Cette histoire et cette mairie, en apparence anodines, représentent ainsi un patrimoine précieux pour les habitants de ce quartier de Paris : elles incarnent leur passé, leur culture et leur identité. Tout cela a bien failli disparaître à jamais dans les flammes.

Premier bilan

L’heure des premières constatations et du bilan a sonné. Par chance, aucune victime n’est à déplorer et les œuvres d’art qui pouvaient être menacées par l’incendie ont été évacuées par les pompiers. Cependant, un problème demeure. Les flammes ont suffisamment fragilisé le campanile pour que celui-ci menace de s’effondrer, d'autant que des vents violents frappent la France actuellement. Le lieutenant Matthieu Lamouliatte, officier communication auprès de la BSPP, précise auprès de la presse que « les quatre piliers du beffroi n’ont pas été touchés » mais que « c’est la partie haute qui risque de se coucher ». Afin d’éviter un nouveau drame, la mairie envisage donc de démonter le beffroi, par sécurité.

Quant à l’origine de ce drame, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a déclaré sur RTL qu’une enquête judiciaire allait s’ouvrir, mais que, pour lui, personnellement, « [il n’y a] pas de raison de penser que ce soit criminel. L’enquête le confirmera ou non. » À noter que, comme dans de nombreux autres incendies, des travaux étaient en cours depuis plus d’un an sur la toiture de l’édifice.

Réactions et émois

Pour beaucoup, l’incendie est évidemment un choc. Le maire, Emmanuelle Pierre-Marie, a déclaré ainsi être « marqué à vie » par cet incendie. Pour les passants et les habitants du quartier, la vision de la carcasse fumante du campanile rappelle, avec douleur et raison, le souvenir de l’incendie de la flèche de Notre-Dame. Ils espèrent que, comme pour la majestueuse cathédrale de Paris, leur mairie, où certains d’entre eux gardent le souvenir précieux de leur mariage, pourra être reconstruite.

Du côté des politiques, le ministre de la Culture, Rachida Dati, rejoint l’avis des Parisiens : « Quelle émotion devant l’incendie de la mairie du XIIe arrondissement qui nous rappelle tant celui de Notre-Dame de Paris. » Le maire de Paris, Anne Hidalgo, déclare : « Dans cette épreuve, j’adresse tout mon soutien à Emmanuelle Pierre-Marie. [...] Je salue l’exceptionnelle intervention des pompiers de Paris pour maîtriser cet incendie [...] »

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Tiens donc, monsieur Nunez aurait-il le don d’ubiquité ? Comme son maître à penser, à trop parler et trop vite, on ne raconte que des conneries, alors la seule chose à lui répondre, c’est de se taire et d’attendre les résultats de l’enquête à condition, bien sûr, que celle-ci ne soit pas classée secret-défense……

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