Obsèques de Bernard Pivot : les représentants de la télévision publique étaient… absents

@jimthirion/Unsplash
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La mort de Bernard Pivot, nous l’avons déjà dit dans ces colonnes, a laissé dans le paysage audiovisuel français un vide que l’on n’est pas près de combler. Il n’y a plus grand monde, à la télévision, pour vulgariser la littérature, plus grand monde, peut-être, pour lire des livres non plus. Pas besoin de le déplorer : c’est ainsi. Le principal intéressé en était sans doute lui-même terriblement conscient.

Selon ses dernières volontés, les obsèques du présentateur ont été célébrées à Quincié-en-Beaujolais, non loin de sa propriété, dont, on s’en souvient, la piscine portait facétieusement le nom de Jean d’Ormesson. La raison ? C’est avec ses indemnités de départ du Figaro, alors dirigé par le cher grand homme, que Pivot avait fait creuser sa piscine. Lors de l’enterrement, on attendait le gratin du service public… en vain, comme le révèle Le Canard enchaîné.

L’enterrement d’un homme blanc de plus de cinquante ans, merci bien !

Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions, n’était pas là : l’enterrement d’un homme blanc de plus de cinquante ans, merci bien ! Elle n’a pas viré Patrick Sébastien pour se coltiner les adieux de Pivot. On comprend cet appréciable sens de la cohérence idéologique. Mme Ernotte n’a pas demandé à Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes, de la représenter : c’était un peu facultatif, tout cela. Enterrement en province (« en région », « dans les territoires », disent-ils), sans même avoir son quota de soleil, sans une caméra, tout ça pour un vieux monsieur que plus personne ne connaît… Même Michel Field, directeur de la culture au sein du groupe, était aux abonnés absents. Field était pourtant animateur de talk-shows à l’époque de Pivot. Ces deux-là se connaissaient très probablement. Peut-être même s’estimaient-ils. Mais vous savez ce que c’est, les liens se distendent, un jour, on arrête de s’envoyer ses vœux, et puis, petit à petit… Bon.

Surtout, il y avait un rendez-vous autrement important pour le tout télé : le festival de Cannes. Vous allez trouver ça absurde, amis lecteurs, et vous ne serez pas les seuls, au vu du lien discutable entre télé publique et cinéma international, mais pour eux, c’est tout ce qu’il y a de sérieux. Le festival de Cannes, c’est l’endroit où il faut être vu, même quand on n’a pas grand-chose à y faire. Il faut monter les marches, même si on n’a pas de film à présenter : il n’y a qu’à voir les membres du cabinet d’Éric Ciotti, qui se sont offert une petite virée cannoise alors que tout ce qui les attend, c’est une défaite électorale.

Bernard Pivot, sans surprise, a eu un enterrement à son image : sobre, provincial, humble, enraciné. Le personnel de direction de France Télévisions s'est comporté, lui aussi, à l’image de ces gens : indigne, ingrat, fasciné par les paillettes, oublieux de la véritable culture. On a beau se dire que l’on ne devrait pas être surpris, on ne peut pas s’empêcher d’être déçu. On ne sait pas si Radio France et France Télévisions vont fusionner ou non, mais ce que l’on sait, c’est qu’il y a décidément quelque chose de pas très net au royaume du service public.

Que Bernard Pivot repose en paix, et qu’il se rassure : la mort de Delphine Ernotte, Stéphane Sitbon-Gomez ou Michel Field déplacera encore moins de monde.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Vos deux dernières lignes illustrent l’ensemble de votre texte en lui donnant la conclusion la plus claire et la plus pertinente.

  2. Pou tous ces gens A_culturés, ignares,incompétents,qui tiennent les rênes de la Culture, le grand Bernard Pivot était un OVNI; il avait un langage, des références,des connaissances qui leurs étaient complètement étrangers

  3. Personne ne doit être surpris par cette absence car l’intelligence des personnes du service publique de radio France n’a rien à voir avec celle de Bernard Pivot ;

  4. Cette absence est-elle idéologique ou bien l’idéologie fait elle cette absence. Peu importe le sens, les médiocres seront toujours plus médiocres.

  5. Absentes , les Télés , mais non !!! , c’est juste macron qui leur a dit d’ignorer nos intéllectuels , mais oui aux dictateurs de la pensée woke !!!

  6. Heureusement qu’ils ne sont pas venus, ils n’avaient rien à y faire, ils ne le méritaient pas ! Pour d’autres par contre, c’est une perte bien sévère et triste. Comme dit Mme Steiner, nous ne l’oublirons pas !

  7. Leur présence et leurs commentaires auraient entaché cette cérémonie . Qu’il repose en paix les français , eux , ne l’oublieront pas .

  8. Ceux qui attendaient le vendredi soir, et le générique illustré par le concerto pour piano de Rachmaninov en fa dièse mineur, ne l’oublieront pas…

  9. Bernard PIVOT, c’est celui qui vantait les mérites du « crédit social à la chinoise » sur Twiter : »Il faut coupler le grand oral du bac avec la vaccination des candidats. Avec un bonus de 20 points pour celles et ceux qui accepteront d’être piqués à l’AstraZeneca ». On peut être passionné de littérature, érudit, ce que vous voulez mais l’âme profonde peut être diamétralement opposée à l’image que l’on s’en fait. Avec des personnalités de ce calibre la littérature peut, certes être promue, mais la liberté des hommes et des femmes à du soucis à se faire. Paix à son âme mais il fallait que ce soit dit.

    • Vous vous trompez de tribune Monsieur, l’homme que l’on enterre là à fait le bonheur de milliers de telespectateurs, et pas que, c’est de cela et uniquement de cela dont il est question ici –

      • Non je ne me trompe pas de tribune Madame. Il faut que pour vous aussi, le récit compte plus que la réalité, ne voir que ce qui vous fait plaisir et cacher le reste? Alors vous êtes exactement semblable à ceux que vous critiquez.

  10. Littérature dites-vous ?
    Ce truc pour mâles blancs racistes si non fachos.
    La Littérature est incompatible avec l’inculture de ces bobo-gaucho-parigots et provinciaux, journalistes (?) ou animateurs surpayés, d’émissions à l’audimat ridicule, mais sur-subventionnés, pour des radios ou chaînes de TV publiques.
    Leurs absences étaient sûrement le plus grand service qu’ils purent rendre à la mémoire de Monsieur Pivot et à sa famille.

  11. Bernard Pivot, pour les mondialistes incultes qui gouvernent ce qu’il de reste de la France, ne signifiait absolument rien.

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