Offensive contre les gardiens de prison : des pistes mafieuses… et politiques

Depuis l’incendie de plusieurs voitures à Agen, le 13 avril, il ne se passe quasiment pas une journée ou une nuit sans que des surveillants pénitentiaires ne soient visés par des attaques. La plupart de ces attaques sont revendiquées par un groupe intitulé Défense des droits des prisonniers français (DDPF), une organisation jusque-là inconnue. Après une première série perpétrée du 13 au 16 avril dans le Sud-Ouest, le Sud-Est et en région parisienne, le périmètre d’intervention s’est élargi.
Agressions dans les prisons
Jeudi 17 avril, à la prison de Perpignan, un détenu « souffrant d'addictions » aurait pris en quelques minutes un traitement prévu sur deux jours. Devenu incontrôlable, il a mis le feu à sa cellule. Lors de son évacuation, il a menacé de mort et de viol les agents pénitentiaires, mais aussi leurs familles, hurlant « Démissionnez, ça va être la guerre. Je vais vous crever, vous et vos familles », selon un communiqué du syndicat UFAP UNSa Justice.
Vendredi 18 avril, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez se voulait confiant, déclarant au micro de CNews : « Nous sommes extrêmement déterminés, on retrouvera les auteurs. » Au même moment, à la prison de Valence, un pensionnaire « souffrant de troubles psychiatriques » a jeté de l’eau bouillante « sur le surveillant d’étage, mais également sur l’auxiliaire d’étage », selon le syndicat pénitentiaire. Transporté aux urgences, l’agent a été brûlé au second degré à l’avant-bras. On a appris qu’une arme avait déjà été trouvée sur ce même détenu, précédemment. Il faut aussi rappeler que c’est devant cette même prison de Valence qu’avaient été retrouvés deux voitures incendiées et un tag DDPF, dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 avril.
Les surveillants dans le viseur
Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 avril, c’est le véhicule personnel d'un surveillant du centre pénitentiaire de Toulouse qui a été incendié devant son domicile, selon le Syndicat FO Justice. Après cette succession d’attaques sans fin, le procureur de la République antiterroriste Olivier Christen a tiré un premier bilan. Il a compté « 21 véhicules incendiés et une dizaine de véhicules dégradés » et a précisé qu'il n'y avait pas « de piste qui soit privilégiée ». La qualification des faits pourrait être « terrorisme par intimidation », car le but recherché « est de faire pression sur la population ou sur les pouvoirs publics pour qu'ils fassent, ou ne fassent pas, quelque chose ».
Cela n'a pas suffi à décourager les auteurs. La série s’est poursuivie dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 avril à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas (Rhône), où deux véhicules ont été incendiés. Un troisième a brûlé par propagation et un nouveau tag DDPF a été apposé à proximité, sur le parking sécurisé des surveillants. Quelques heures plus tard, un mineur a été interpellé près de la prison et placé en garde à vue, a indiqué le parquet.
La nuit suivante, nouvelle alerte en Isère : des tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement où résident plusieurs agents pénitentiaires. Le parquet national antiterroriste (PNAT) a indiqué que « des graffitis DDPF ont été découverts sur place ». Mais selon le syndicat Force ouvrière local, « le garage a été tagué au nom de notre collègue. Par erreur, les agresseurs ont en réalité ciblé le domicile d’un voisin. » Lundi 21 avril, c’est au tour d’un agent pénitentiaire de la prison de Fresnes d’être agressé à bord de sa voiture. Selon la police, un autre véhicule avec cinq individus à bord l’a doublé pour s’arrêter devant lui et le bloquer. Un occupant, filmé par son voisin, l'aurait interpellé : « Surveillant, tu as peur, maintenant ! » La victime, qui a porté plainte, a reconnu un des agresseurs, qui serait un ancien détenu de Fresnes prénommé « Moussa ».
Survols de drones
Pour la nuit du lundi 21 au mardi 22 avril, plusieurs autres faits ont été signalés par le ministre de la Justice Gérald Darmanin. À Varces-Allières-et-Risset (Isère), dans le coffre du véhicule de trois individus contrôlés aux abords de la prison, les gendarmes ont trouvé un bidon d’essence de dix litres. À Caen, cinq voitures ont été retrouvées carbonisées devant le Service pénitentiaire d’insertion et de probation du Calvados, ce qui fait l’objet d’une enquête par la Division de la criminalité organisée et spécialisée. À Hermes (Oise), le véhicule personnel et la boîte aux lettres du domicile d’un surveillant ont été tagués DDPF. Et des survols de drones ont aussi été signalés au-dessus des centres pénitentiaires de Lutterbach (Haut-Rhin), de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et de Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
Attaques contre des prisons : des personnes interpellées en Isère dans la nuit, annonce le ministre de la Justice
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À ce sujet — Prisons attaquées : l’État visé… à l’arme de guerre
Si les enquêteurs ne privilégient toujours aucune piste, les faits qui se succèdent semblent rendre crédible l'hypothèse de narcotraficants, possiblement en lien avec des activistes d’ultra-gauche. La coordination d’attaques aux quatre coins de l’Hexagone, la fréquence des revendications et la récurrence des modes opératoires plaident pour une offensive organisée, qui vise chaque fois les personnels de surveillance pénitentiaire. C’est pourquoi, à la qualification de « terrorisme » par le PNAT s’ajoutent des mots comme « intimidation ». Reste à savoir si les motivations de cette vaste entreprise de déstabilisation des services pénitentiaires de l'État sont mafieuses, commerciales (narcotrafic), politiques, ou tout à la fois…

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3 commentaires
Parachuter tous ces prisonniers dans le désert vite fait .
Prendre exemple sur les prisons US .
Toute en béton et ferraille.
Difficile y mettre le feu.
Interdire les cuisines dans les cellules .
Supprimer les parloirs avec contacts
C’est DDPF ou DOPE ?