Offensive wokiste en Afrique : de la tradition à la judiciarisation

Panneaux devant l’ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire. © J.-M. Lavoizard
Panneaux devant l’ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire. © J.-M. Lavoizard

Le sujet n’est pas un marronnier ; l’actualité n’est pas creuse, le problème n’est pas léger. Depuis peu, à Abidjan, comme chaque année en cette saison de la « célébration des fiertés », l’ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire arbore le slogan « Les droits LGBTQI+ sont des droits humains ». On note un changement de méthode dans la promotion du wokisme. Moins explicite, elle est davantage ciblée, plus insidieuse.

Un activisme occidental croissant et décalé

Le 26 mai dernier, un média français couvrait la quatrième édition du festival annuel Awawalé, organisé discrètement, pour des raisons prétendues de sécurité, par l’ONG Gromo à l’Institut Goethe [allemand] d’Abidjan : « Face aux tentatives de mise en place ou de durcissement des législations homophobes dans plusieurs pays de la sous-région, l’une des priorités est de préserver le relatif havre de paix qu’offre la Côte d’Ivoire. »

Il est notable que dans la 9e circonscription des Français de l’Étranger (seize pays du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest, dont la Côte d’Ivoire et le Sénégal), le parti immigrationniste et wokiste LFI arrive largement en tête aux élections législatives et présidentielles ; suivi par celui de la défunte majorité présidentielle. Pourtant, « Les gauchistes aiment l’Afrique… mais l’Afrique n’aime pas les gauchistes ».

Une colonisation idéologique à marche forcée

Sur place, on constate la progression d’une nouvelle colonisation idéologique par les lobbies mondialo-progressistes. Elle est ressentie comme offensante par la plupart des Africains d’Afrique attachés à leurs cultures endogènes ancrées dans des valeurs ancestrales, garantes d’une fragile stabilité sociale. Elle suscite des tensions intra et intercommunautaires en dramatisant un problème numériquement insignifiant. C’est ainsi qu’un phénomène ultra-marginal devient un problème général disproportionné ; d’une frange discrète et tolérée de la population, à une minorité bruyante et quérulente de pression.

Il n’est pas question, ici, de justifier des violences contre la communauté LGBT. Par décence et honnêteté, il convient toutefois de ramener ces agressions et discriminations à leurs justes proportions, eu égard aux problèmes graves et urgents d’intérêt général : santé et éducation publiques sinistrées, conditions de vie insalubres, précarisation socio-économique, insécurité. Car les autres catégories de victimes de la mauvaise gouvernance pourraient chacune revendiquer une reconnaissance et une défense différenciées mais fratricides, la compersion solidaire des exclus de la croissance se muant alors en jalousie et en conflits. Serait-il plus humain de les considérer moins fondamentaux, prioritaires et primordiaux ?

Massification d’apparence, victimisation à outrance

En effet, le communautarisme LGBT s’étend, par effet de nombre. Avec des catégories de plus en plus nombreuses, mais aussi réduites dont la liste, non close, s’allonge sans cesse par réductionnisme. Un quotidien national français mentionne « l’existence d’un réseau de 28 associations pro-LGBT+ [autant de subsides distribués] répertoriées par le Conseil national des droits de l’homme de Côte d’Ivoire (CNDH) ». Il affirme que « dans un contexte d’homophobie régionale accrue » [CQFD], « un travail important reste à mener pour aboutir à une pleine acceptation des personnes LGBT+ dans la société ». Et dénigre « le Family Watch international, un puissant lobby chrétien, opposé à l’homosexualité et à l’avortement ».

Le même média ajoute que « au rejet familial, suivent les agressions du voisinage, le harcèlement en milieu scolaire et les discriminations dans l’accès au logement et à l’emploi. Selon un sondage [indisponible] effectué en 2021 par l’ONG Gromo, 70 % des personnes LGBT+ ivoiriennes seraient au chômage quand, d’après la Banque mondiale, seule 3 % du reste de la population est concernée. » Ces chiffres fantaisistes cachent un taux réel, visible, de chômage général de l’ordre de 40 %. Un juriste humaniste ivoirien commente, désabusé : « C'est une plaisanterie de mauvais goût... Par ces temps d'augmentation du coût de l’électricité... Et avec tous les jeunes au chômage que je connais... LE MONDE décrit n'est pas le mien. ».

Judiciarisation et double chantage

Il y a deux ans, la banderole LGBT côtoyait le slogan racialiste « Black Lives Matter », dont on avait souligné le caractère incongru et qui a disparu. L’amalgame psychologique, peu convaincant, a fait place à un intense lobbying juridique et économique. Une évolution légaliste d’inspiration américaine tente d’imposer par la justice civile et pénale des mœurs que réprouvent les lois traditionnelles. La juridicisation par le recours abusif au droit entraîne la judiciarisation, par la saisie systématique, coûteuse et peu sûre, des tribunaux pour régler les conflits que la médiation permettait de régler.

La banderole LGBT côtoie, maintenant, celle sur « Le Partenariat États-Unis/Côte d’Ivoire ». Celui-ci fait référence à l’accord, conclu en janvier dernier, qui affirme « des relations solides, fondées sur des valeurs communes ». Des centaines de millions de dollars américains financeront de très alléchants « programmes de transition politique et d’inclusion », d’aide sociale, sanitaire, humanitaire, économique, financière, sécuritaire. La conditionnalité par des mécanismes d’évaluation et de mise en œuvre, d’attribution mais aussi de retrait éventuel de ces aides, constitue un chantage au développement.

Par ailleurs, le même média affirme que « des centaines de personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres demandent l’asile en France chaque année. L’ARDHIS, la principale association d’aide aux demandeurs d’asile LGBT, a accompagné depuis 2005 plus de 5.000 exilés originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne. » Cette injonction à la France d’imposer la culture LGBT en Afrique constitue un chantage à l’immigration. On a vu l’effet contre-productif des rodomontades progressistes de Mélenchon, qui s’est fait récemment moucher par le Premier ministre du Sénégal. De quoi attiser le fameux sentiment antifrançais.

Jean-Michel Lavoizard
Jean-Michel Lavoizard
Ancien officier des forces spéciales. dirige une compagnie d’intelligence stratégique active en Afrique depuis 2006

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Que les Africains foute toute cette idéologie aux Four et qu’ils en appellent à Wagner et à la Russie ! Hervé de Néoules ! Amis Africains ! Courage on les Aura ! Parce que en ce qui concerne j’aime l’Afrique et les Africains ! Parce que ce sont des gens attachant et qui nous aiment ! Je ne suis pas raciste et je ne le serrais jamais !

  2. « injonction à la France d’imposer la culture LGBT en Afrique » = en quoi la France se mêle t-elle d’imposer la décadence de ses morues à un autre pays qui n’a pas la même culture qui plus est! La france est elle la maîtresse de ce pays? Et sur quelles bases peut elle imposer cela? Oui, c’est du colonialisme, odieux qui plus est.

  3. D’un certain sens on est tenté d’encourager la pédérastie d’un continent submergé lui-même par sa reproduction très excessive. D’un autre on ne peut promouvoir ce mode de vie si loin de la Nature, même si l’on n’est pas Vert.

  4. Vive le néocolonialisme prêché par… merluchon quant il est allé en Afrique : il s’est fait mouché tout comme le fumeux ambassadeur LGBTetc inventé par jupiter !
    Ces « progressites » ont une maladie : vouloir convertir les population à leurs dogmes pervertis…
    Mais dans une Afrique très musulmane, même le dollar aura du mal à imposer une culture à contre-sens du coran !

  5. Cette minorité , à force de propagande finira par se faire détester . Nombreux sont les pays ou ils sont tyrannisés , malmenés , emprisonnés ou pire , ils viennent donc de plus en plus nombreux se réfugier en France . Le peuple français étaient tolérants mais ne l’est plus . On ne peut pas accepter ce que font ces gens , le mal quand ils interviennent auprès de nos petits , leurs revendications , les droits qu’ils exigent . Les français n’en veulent pas davntage . Il y a des limites a ce que l’on peut tolérer et les limites sont atteintes . Ras le bol de subir .

  6. La propagande pro-lgbt commence à se retourner contre les populations concernées qui se sont fait instrumentaliser par quelques activistes bien en vue médiatiquement et très compatibles avec la société « ouioui » bienpensante. La discrétion des questions d’ordre intime va de soi. Or ils ont choisi de s’exposer en dénigrant les valeurs traditionnelles. Ils se sont trompés de combat et d’adversaires. Leurs différences étaient de plus en plus acceptées au fil du temps mais la propagande risque leur faire faire un bond en arrière de plusieurs siècles.

  7. L’Histtoire ré-écrite par les minorités tyrannisantes. Orwell l’avait prédit dans 1984 – nous y sommes. Peu importe pour ces wokistes si le reste de la population vit dans la pauvreté, l’insécurité, le chômage de masse. Seule leur révolution et leur pouvoir compte et toute personne s’opposant à leur dogme wokiste / LGBTQ devient un ennemi. Un seul but: « On fait une révolution pour établir une dictature. La persécution a pour objet la persécution ».

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