Oise : un maire s’oppose sans relâche à un centre d’accueil pour mineurs

Capture écran Oise Hebdo
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Le 10 février, dans la petite commune de Maignelay-Montigny (60), une délégation d’élus municipaux et du département de l’Oise se sont réunis, selon Le Bonhomme picard. Dans la salle de la réunion, deux visions s'opposent sur un même projet : l’installation d’un centre d’accueil pour mineurs non accompagnés (MNA) dans une ancienne maison de retraite. Le maire de la ville, Denis Four, y est fermement opposé, ainsi que le conseil municipal et le conseil communautaire. Le département, quant à lui, s'exprime en faveur du projet. Malgré la fermeté du maire, la conclusion de la réunion est sans appel : ce centre verra bien le jour, rue François-Mitterrand (sic). De nombreux opposants étaient présents. Mais tous n'étaient pas conviés. C'est ce que dénonce et déplore Claire Marais-Beuil, députée Rassemblement national de la première circonscription de l'Oise.

Le département tient tête au maire du village. En effet, le bâtiment n’appartient pas à la mairie. De ce fait, l’association Coallia, en charge de la mise en place de cet accueil, n’a pas besoin de l’accord de l'édile. Ce dernier se dit déterminé à convaincre « ceux qui pourraient renoncer ». L’ancienne maison de retraite étant en travaux pour recevoir les mineurs, la mise en place effective de la structure ne devrait pas se faire avant six mois. Le maire et les opposants au projet, réunis en un collectif, ne comptent pas cesser la mobilisation : une manifestation est prévue le 15 février, devant la maison de retraite, puis le cortège arpentera les rues de la commune pour alerter sur les dangers et les problématiques engendrés par un tel projet. Cédric Roger, fondateur du collectif opposé à cet accueil de MNA s'est confié à BV : « Nous avons été avisés par le biais du flash municipal début septembre. J’ai décidé de monter un collectif qui regroupe 595 membres. Pour le moment nous avons fait un "sitting" devant le foyer, et nous recommencerons demain (samedi, NDLR). » Il explique et regrette l'impuissance du maire : en tant que président de la communauté de commune, le maire ainsi que les 51 autres maires composant cette communauté ont voté la motion qui s'oppose à ce projet. Rien n'y fait, il verra le jour. Cédric Roger déplore :« Tout est joué d’avance, c’est très compliqué de communiquer avec la présidente du Conseil départemental, elle a réponse à tout, sans prendre en compte la réalité du terrain. »

Pour preuve de l'impuissance des riverains et des élus municipaux, un habitant du village s'est confié à BV. « Les habitants du village sont inquiets de voir arriver ces cinquante jeunes », dit-il. Il raconte que les riverains sont venus lui demander s'il pouvait tenter de faire bouger les choses, grâce à ses relations politiques. Il a alors contacté Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France. Ce dernier a répondu ne rien pouvoir faire, puisque la décision revient exclusivement au préfet du département et à l'association Coallia, qui « distribue un peu partout ces Mineurs non accompagnés dans la région ». Cet habitant rappelle que, lors de la réunion, il a été dit aux habitants, pour les rassurer, que les jeunes qui arrivaient étaient peut-être mieux élevés que les enfants du village.

Une opposition motivée et endurante

La mobilisation contre l’installation de ce centre n’est pas neuve. En effet, le 28 décembre déjà, une trentaine de riverains réunis en collectif avaient affronté le froid pour manifester leur désaccord, devant la maison de retraite en question. Une pétition a été mise en ligne et compte près de 2.200 signatures. Dans le texte accompagnant cette pétition, le collectif dénonce la préférence de ce projet en dépit d’une demande de réhabilitation de la maison de retraite pour développer des HLM afin de répondre aux cent demandes enregistrées sur liste d’attente dans la commune.

Le coût pharaonique qu’engendrera, selon le collectif, cet établissement d’accueil y est également pointé du doigt : « Un mineur clandestin, pudiquement appelé mineur non accompagné (MNA), coûte 50.000 € par an (logement, nourriture, éducation et formation), selon un rapport du Sénat… C’est vous, c’est nous qui payons avec nos impôts ! »

Autre argument avancé pour contrer cette installation prochaine, celui de la sécurité : « Près de 80 % des déferrements de mineurs à Paris ont concerné des MNA, en 2020. La même année, ils étaient incriminés dans 30 % des cambriolages, 44 % des vols à la tire (sur la voie publique et transports en commun) et 32 % des vols avec violence. Des chiffres qui ont été multipliés entre quatre et dix fois en quatre ans à peine. » Le maire lui-même craint la croissance de l’insécurité, dans sa commune : « Réunir en un même lieu une cinquantaine de jeunes au parcours chaotique et marqué par la violence, ce n’est pas une bonne idée », a-t-il fait valoir, lors de la réunion avec le conseil départemental.

Selon Le Bonhomme picard, le département aurait par ailleurs, lors de cette même réunion, avoué ne faire qu’appliquer une politique nationale. C’est aussi lui qui avait lancé l’appel d’offres, remporté par l’association Coallia, pour prendre la suite de la maison de retraite.

Dans le petit village de Bélâbre (36), les habitants se sont battus deux ans pour, finalement, obtenir l’annulation de l’installation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). La détermination des habitants de Maignelay-Montigny suffira-t-elle pour remporter une victoire semblable ?

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Puisqu’il semble que ce soit le pot de fer contre le pot de terre cette affaire et que l’État va vraisemblablement par le biais de cette association permettre et imposer ce centre pour jeunes migrants « mineurs », il reste une solution ultime pour que ça ne se fasse pas.A vous de deviner laquelle.

  2. Des milliards depuis tout le temps pour les « quartiers défavorisés » et maintenant « obligation pour les petites villes d’accueillir les chances pour la France » ! …
    Le feu purifie tout … ou pas ! …
    « Ca » ne peut pas durer encore longtemps comme ça ! …

  3. Maignelay Montigny…village que je connais très bien , il a vécu les combats du printemps 1918 lors de la dernière grande offensive allemande , les Poilus ont rejeté les boches a l’époque . La grande différence avec aujourd’hui c’est que maintenant le Gouvernement français est complice de l’envahisseur…

  4. La France est au bord de la faillite et nous continuons à dépenser de l’argent pour des mineurs qui devraient être près de leurs parents. Combien de nos dirigeants vont choisir l’exil au moment de l’effondrement ? Leur responsabilité sera questionnée.

  5. Enquête de valeur Actuelle.
    Jusqu’à 257 000 euros de salaire : comment d’anciens proches de Borloo et du PS se construisent des fortunes sur l’hébergement des migrants via l’association Coallia.
    Une gestion opaque, une nébuleuse de hauts fonctionnaires, un pied dans la politique, l’autre dans les affaires ; une association qui fait penser à une entreprise privée, avec sa hiérarchie, ses passe-droits et son résultat annuel qui s’apparente parfois à un chiffre d’affaires.

    • « Le cœur a ses raisons que la raison ignore. » Nous vivons une époque formidable digne des plus grands scandales financiers de l’histoire de France. Et nous ne faisons qu’apercevoir la partie immergée de l’iceberg, un peu comme le capitaine du Titanic ; la suite, nous la connaissons. Plus les Français, certains du moins, se laisseront endormir par la bien-pensance ou par leur honorable générosité, plus le naufrage sera irréversible.

  6. Bravo à ce maire qui fait rien de plus que son travail pour la tranquillité menacée de sa commune. Ces solutions de recaser des clandestins mineurs qui pour la plupart n’en sont pas démontrent la couardise de l’Etat actuel qui ne veut rien entendre au sujet de la fermeture des frontières. La France est devenue une passoire pour l’eldorado des migrants qui enrichissent les passeurs et non notre économie.

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