On aura tout vu : les mêmes qui attaquent Stanislas défendent le lycée Averroès

Stanislas

La comparaison est facile, sans doute un peu trop facile… Hasard du calendrier, la décision du tribunal administratif de Lille, rendue ce 24 janvier, sur la fin du contrat d’association du lycée musulman Averroès avec l’État intervient en pleine « affaire Stanislas ». Il n’en fallait pas plus pour que toute une partie de la gauche se saisisse de l’occasion pour mettre sur le même plan le lycée Averroès, soupçonné de séparatisme par les services de l’État, et le collège Stanislas, un peu « trop » catho à leurs yeux. À les écouter, au nom d'un prétendu « privilège bourgeois » ou d'une certaine « islamophobie », Stanislas ne subirait pas le même traitement que l’établissement lillois...

Dès le 18 janvier, alors qu'Amélie Oudéa-Castera peine à se défaire de la polémique lancée sur son choix de scolariser ses enfants à Stanislas, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts (EELV), lance le bal des indignés. Au micro de Sud Radio, elle s’insurge : « Pour le lycée Averroès, nous n’avons jamais eu les éléments qui ont justifié le déconventionnement ! Stanislas, c’est l’inverse ! On voit un deux poids deux mesures ! C’est permanent, dans ce pays : on laisse des espaces de non-droit pour des ultra-priviligiés. » Rapidement, l’actualité aidant, nombre de ses collègues tentent eux aussi la comparaison boiteuse. À l’Assemblée nationale, Paul Vannier, député de La France insoumise, accuse le collège Stanislas d’être « un territoire perdu de la République ». Et de poursuivre, sous les vivats de ses collègues : « Le préfet du Nord prononçait la rupture du contrat d’association entre le lycée d’Averroès et l’État au prétexte d’enseignements contraires aux valeurs de la République. En toute logique, sur la base des mêmes griefs, le collège Stanislas devrait voir son contrat d’association rompu. […] La sévérité frappe le lycée musulman, quand le silence protège le collège catholique. La loi est-elle la même pour tous ? »

Une comparaison boiteuse

Après les politiques, c’est au tour de la presse de poursuivre le raisonnement. Alors que la décision du tribunal administratif est attendue ce 24 janvier, L’Obs publie une chronique intitulée « Averroès et Stanislas : le deux poids deux mesures du gouvernement ». Dans la foulée, Libération, à son tour, déplore : « D’un côté, le retrait d’agrément infligé au lycée musulman lillois ; de l’autre, le manque de sanctions contre Stanislas. » La revue d’extrême gauche Regards va plus loin et dénonce une « différence de traitement » entre les deux établissements dictée par « le racisme » et « le mépris de classe ». Mediapart, enfin, premier avocat du lycée Averroès et bourreau du collège Stanislas, parle, dans ses colonnes, « d’une inégalité de traitement évidente ».

Pourtant s’il existe « un deux poids deux mesures », ce n’est certainement pas dans le traitement réservé par les autorités aux deux établissements, mais bel et bien dans le traitement médiatique dont ils jouissent. Prenons le seul cas de Mediapart, à l’origine de l’affaire Stanislas. À propos du lycée catholique parisien, la rédaction d’Edwy Plenel a publié une série d’articles. Tous à charge. Témoignages anonymes, rapports tronqués, raccourcis hâtifs… rien n’est épargné au « meilleur lycée de France ». À l’inverse, le site de Mediapart n’a eu de cesse de prendre la défense du lycée Averroès depuis la publication de rapports accablant à son encontre. Ainsi, le même journaliste qui accuse Stanislas d’homophobie et sexisme reproche à la préfecture d’avoir « tronqué » son rapport contre Averroès. Et alors qu’il accepte de donner la parole à la direction du lycée musulman pour se justifier, pas une seule fois la défense de Stanislas n'est prise au sérieux sur le site.

En réalité, aveuglée par son idéologie, cette gauche feint de ne pas voir que les cas Averroès et Stanislas sont bien distincts. D’un côté, si l’Inspection générale note quelques dysfonctionnements dans son rapport sur le collège Stanislas, il résulte néanmoins « des échanges entre l’Inspection générale et la direction diocésaine, destinataire du rapport, qu’au terme de la mission d’enquête, les inspecteurs ne confirment pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant par les articles de presse », note la direction de l’établissement. Par ailleurs, ce rapport ne caractérisait pas de fautes susceptibles de poursuites disciplinaires. Le collège Stanislas continue donc le dialogue avec le rectorat et le ministère sans que des sanctions ne soient prises à son encontre. De l’autre côté, les différents rapports lancés sur le lycée Averroès semblent sans appel. Légèretés administratives, financements opaques (notamment en provenance du Qatar), cours d’éthique musulmane problématiques… sont autant d’éléments qui permettent au préfet de conclure que l’enseignement dispensé dans cet établissement apparaît « en contradiction » avec les valeurs de la République. Ainsi, sur une bibliographique distribuée aux élèves était, par exemple, mentionné un ouvrage qui prône la peine de mort pour apostasie ou la stricte ségrégation des sexes. Autant d'éléments qui justifient la décision du préfet des Hauts-de-France de rompre le contrat d'association.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

45 commentaires

  1. On nous parle pas mal de Qatargate en ce moment, tant au niveau des instances de l’UE que dans certaines françaises. Il serait intéressant de savoir si Médiapart ne serait pas aussi subventionné par le Qatar.

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