On comparait Macron à Bonaparte, il est en fait Badinguet

Badinguet

En 2017, Emmanuel Macron était comparé par certains à Bonaparte, Premier Consul. Il semble, aujourd’hui, plus être dans la posture de Badinguet, ce « Napoléon le Petit », créature des milieux d’affaires et promoteur de la répression exigée par l’oligarchie de son époque, que le vieil Hugo fustigeait depuis son exil de Guernesey.

Après les violences de samedi, le gouvernement a annoncé l’intensification de la répression contre les gilets jaunes : interdictions de manifester, amendes, reprise des tirs massifs de LBD, etc. Car le pouvoir ne discute pas. Il criminalise sans nuances.

Monsieur Macron a ainsi osé dire, en commentant l’acte XVIII, que "tous ceux qui étaient là se sont rendus complices", tandis que le secrétaire d’État Nuñez vit sur les Champs "10.000 radicalisés, tous ultra-violents" et que les médias aux ordres surenchérissaient, à l’instar de cette éditorialiste de RTL, Alba Ventura, qui mit dans le même sac les "casseurs et leurs complices gilets jaunes".

S’il y a une radicalisation, c’est celle du pouvoir qui se ferme contre tout bon sens. Faut-il rappeler qu’en mai 1968, le général de Gaulle, qui était pourtant d’une autre stature que Macron, négocia, après trois semaines de tensions, les accords de Grenelle qui octroyèrent 35 % de hausse du SMIG et 10 % pour les autres salaires. De Gaulle eut aussi la sagesse de dissoudre l’Assemblée.

Monsieur Macron n’est pas idiot. Il sait bien que son attitude rigide conduit le pays vers des situations dramatiques. Mais il applique la feuille de route définie par l’oligarchie qui le fit roi. Et celle-ci exige de briser, par l’appauvrissement et par la stigmatisation des masses populaires autochtones, ce que les marxistes appellent la « superstructure culturelle » traditionnelle du pays, celle que le petit peuple historique de France incarne encore et qui constitue un frein à la dissolution de la nation dans le grand tout mondialiste.

C’est ainsi qu’il se montre sans pitié avec certains, comme l'innocente Fiorina qui a été éborgnée, alors qu’aucun tir de LBD n'est tiré contre les caïds des banlieues grenobloises en feu. De même, alors qu’il fait dissoudre des associations dites d’« extrême droite » qui ne font guère parler d’elles, les groupuscules violents d’antifas et de Black Blocs, qui furent les seuls responsables des dégradations des Champs, ne sont nullement inquiétés par le pouvoir.

L’auteur de ces lignes se doit de témoigner car, samedi dernier, il était sur les Champs. Il vit les groupes de casseurs démolir consciencieusement chaque devanture de magasins tandis que les policiers, à moins de cent mètres d’eux, regardaient et laissaient faire. Curieusement, ces mêmes policiers « nassèrent » et gazèrent plusieurs centaines de gilets jaunes et observateurs pacifiques qui souhaitaient juste s’extraire d’une situation malsaine.

Ce sont là des méthodes inquiétantes qui relèvent d’une savante ingénierie sociale et, derrière l’illusion démocratique que révéla récemment un faux débat organisé sur le mode d’un « centralisme démocratique » que n’aurait pas renié Lénine, se profile aujourd’hui le visage grimaçant du néo-totalitarisme qui vient.

« Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain éternellement », écrivait George Orwell, dans 1984. C’est à cette botte qui tente de les écraser que résistent les vrais gilets jaunes pacifistes et apolitiques.

Bruno Riondel
Bruno Riondel
Docteur en histoire

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