« On demande aux restaurateurs de se substituer à la police en contrôlant… c’est hypocrite »

Michel Thooris

Michel Thooris revient sur la mise en place du passe sanitaire. Il dénonce ce système de contrôle des « citoyens dociles » dans une période de « criminalité endémique ».

 

 

 

 

 

Le passe sanitaire est en train de se préciser ainsi que l’obligation vaccinale. Parmi les dispositions, deux faits assez étranges. D’une part, les forces de l’ordre n’auront pas l’obligation de se faire vacciner, contrairement à la plupart des autres corps de métiers. D’autre part, les restaurants et les bars seraient tenus d’effectuer eux-mêmes le contrôle du passe sanitaire. On parle de 45.000 euros d’amende si les forces de police voyaient que ce contrôle n’était pas respecté. Que penser de tout cela ?

 

On est dans une forme de cacophonie. On demande aux restaurateurs de se substituer à la police en effectuant eux-mêmes des contrôles de police et on demande à mes collègues d’être la police des polices et de contrôler si ces policiers-restaurateurs ont bien contrôlé les passes sanitaires de leurs clients. Je crois qu’on est dans une grande hypocrisie. Le gouvernement veut décourager les Français d’aller au restaurant et n’a pas le courage politique de réordonner une fermeture des restaurants. Par conséquent, il est en train de mettre en place des mesures visant à décourager à la fois les restaurateurs et les clients. Aller manger au restaurant dans ces conditions, il vaut peut-être mieux rester chez soi et se faire un micro-onde.

 

 

Comme expliquer que les forces de l’ordre ne soient pas concernées ?

 

Dans la logique du gouvernement sont concernés les personnels en contact direct avec des malades fragiles. Ce n’est pas le cas avec nos services. La population que l’on fréquente est essentiellement une population délinquante ou criminelle qui ne présente pas de risques sanitaires.

Le gouvernement sait très bien que s’il avait imposé la vaccination obligatoire pour mes collègues, il y aurait eu une levée de boucliers extrêmement forte au sein de notre profession. Le gouvernement n’avait pas envie de refaire face à nouveau à une crise vis-à-vis des forces de l’ordre.

 

 

Il y a quelque chose d’assez paradoxal dans la mise en place de ce passe sanitaire puisqu’on nous a expliqué, pendant deux ans, qu’on ne pouvait pas contrôler l’immigration, les frontières et les terroristes qui se mélangeaient aux vagues migratoires. En revanche, on peut mettre en place un système de contrôle de l’intégralité d’une population. Y a-t-il une contradiction ?

 

C’est logique. Le gouvernement est fort avec les faibles. Tout est une histoire de corporation et de puissance. Les restaurateurs n’ont pas de lobby et n’ont pas les moyens de contester. Le citoyen lambda qui va au restaurant ne peut pas faire grand-chose, à part se soustraire aux contrôles. En revanche, les bandes de narcotrafiquants qui ont des lobbys extrêmement puissants qui les protègent ont les moyens de faire de l’agitation lorsqu’ils sont dérangés dans leur trafic. Le gouvernement va, une fois de plus, vers les plus faibles. Il est plus facile de contrôler un restaurant et de déranger les clients pendant leur repas que d’aller contrarier la vente de produits stupéfiants dans les quartiers.

 

 

Nous ne sommes pas sûrs de l’efficacité du dispositif du passe sanitaire.

 

Malheureusement, il n’y a pas que le problème du passe sanitaire. On parle aussi du problème de la politique générale sanitaire menée pas seulement par la France mais par l’ensemble des pays mondiaux. On nous avait vendu le masque comme une solution miracle, mais finalement, le masque n’a pas empêché la 3e vague. De même pour le vaccin, puisqu’on nous avait dit qu’il était la solution miracle. Bien que pratiquement toutes les personnes à risques soient aujourd’hui vaccinées, on nous parle tout de même de 4e vague. On a l’impression que le vaccin ne nous permettra pas de vivre normalement. L’ensemble de la politique sanitaire doit être remis en question. On est dans une logique des moutons de Panurge. Lorsque le premier sort une idée ou met une mesure en place, tous les autres suivent soit par bêtise ou par peur d’être accusé de ne pas avoir fait…

On est dans un système absurde. La police nationale et la gendarmerie nationale ont autre chose de plus important à faire que d’aller contrôler les restaurateurs. De manière quotidienne, des personnes sont tuées, poignardées, agressées, des femmes sont battues et on va mobiliser les services de police et de gendarmerie pour contrôler un passe sanitaire dont l’efficacité est plus que discutable, y compris au sein du corps médical. On marche tout simplement sur la tête.

Michel Thooris
Michel Thooris
Secrétaire général du syndicat France Police

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