On dit « Monsieur Macron » !

Sur le plateau de BFM TV, à l’occasion d’un ixième débat sur la réforme des retraites, nous avons eu droit à un échange un peu surréaliste.
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Compliqué, la politesse ! Surtout par les temps qui courent. Par exemple, s’adresser à une jeune fille en la qualifiant de « Mademoiselle », c’est frôler les barbelés du sexisme et toutes ces sortes de choses. Pourtant, c’était charmant, « Mademoiselle ». Julien Clerc a d’ailleurs commis une jolie chanson, en 2021, intitulée « Mademoiselle » pour rendre hommage à sa maîtresse d’école : « Mademoiselle qui m’avez appris/Les rois de France et mon pays/Les grandes cités industrielles/ Les montagnes, les neiges éternelles/Ma reconnaissance infinie »… Jadis, on disait « Mademoiselle » à une « vieille fille » mais aussi à une comédienne, même si elle avait usé quatre maris.

Plus de « Mademoiselle », que des « Madame ». Vous me direz que c’est du nivellement par le haut, puisque cette qualification était en général réservée, avant la Révolution, aux femmes de la noblesse. On attend cependant avec impatience la prochaine étape, car il y en aura bien une. Lorsque quelqu’un ou quelqu’une fera remarquer que le « Ma » est possessif, machiste, « chosifiant » et tout ça. Alors, on ne dira plus, par exemple, « Madame Mathilde Panot » mais « Dame Mathilde Panot ». Ça aura de la gueule. Un peu comme dans Les Visiteurs avec Dame Ginette.

Et « Monsieur » ? Car c’est là qu’on voulait en venir, en fait ! Sur le plateau de BFM TV, à l’occasion d’un ixième débat sur la réforme des retraites, nous avons eu droit à un échange un peu surréaliste entre une députée de la majorité dont on a déjà oublié le nom et un représentant syndical. Ce dernier a le malheur de dire « Macron » tout court et non « Monsieur Macron » et se fait reprendre par la députée : « Monsieur Macron, s’il vous plaît, il est président de la République ». Il est vrai que s'il avait dit « Emmanuel Macron », ça n’aurait pas été pareil.

Bon, c’est vrai, elle a raison, cette députée, un peu de respect, tout de même ! On dit « Napoléon », « de Gaulle », « Mitterrand », parce qu’ils sont morts et qu’ils sont entrés dans l’Histoire. Pas Macron, pardon, Monsieur Macron. Cela dit, on dit bien « Monsieur Eddy » ou plutôt « Mr Eddy », en pardonnant sans condition au plus franchouillard de nos rockers cet américanisme. Mais si dire « Macron » tout court n’est pas très poli – on n’est pas obligé d’avoir fait ses classes à Buckingham Palace -, je ne sais pas pourquoi, je trouve un peu grotesque, voire puérile, la réprimande de cette députée.

Cela nous rappelle une histoire qui remonte à 2018, lorsque Marlène Schiappa avait repris sur les réseaux sociaux François Ruffin qui organisait la « Fête à Macron ». Il fallait dire la « Fête de Macron ». Pardon. À l’époque, nous avions fait remarquer que Monsieur Macron (on est prié de mettre l’accent sur le « Mon »), en visite officielle en Algérie, avait commencé son discours au palais de Zéralda par un « Bonjour Messieurs Dames ». Comme quand on entre dans le bistrot du coin pour commander une mousse. Vous me direz que c’est toujours moins laid que le « Bonjour à toutezéàtous ».

Donc, c’est très compliqué, la politesse. Cela me rappelle une autre histoire, racontée, je ne sais plus où, par le regretté Jean Dutourd. Entrant dans une boutique de son quartier, l’écrivain prend des nouvelles de l’épouse du commerçant. « Comment va votre femme ? » Réponse du monsieur : « Ça vous écorcherait la gueule, de dire "votre dame" ? » Très, très compliqué, la politesse.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Si Macron se forçait à montrer un plus de respect envers autrui, particulièrement envers les français, alors peut-être mériterait-il que les « autrui » et les français en question en montrent à son égard.
    Mais voilà, nous sommes très loin du compte, particulièrement lorsqu’il les « e–erde » !

  2. Merci Mon Colonel de n’avoir pas francisé le Mister (MR.) comme tant de gens dans la Presse écrite. Monsieur est la contraction de Mon Sieur ou Monseigneur qui va très bien avec Dame Untel même si cette dame vend de la bibine . Vous soulignez avec justesse comme est puérile cette recherche de respect du Président de notre République qui se permet tant de vulgarités lorsqu’il converse avec des électeurs qui ne lui sont pas gagnés . La puérilité c’est , avec l’adolescence , toute l’élégance du Macronisme ; son charmant symbole en somme.

    • Exact : un « monsieur », quel que soit le niveau du poste auquel il soit parvenu ( je dis bien « parvenu ») , par des méthodes ou méandres qu’on ne détaillera pas, ne mérite aucun respect dès lors qu’il se comporte envers les autres ( certains  » autres ») avec vulgarité, mépris et goujaterie.

  3. Il y a de quoi rire en vous lisant et ça fait du bien en ces temps de  » bouleversement verbal » mais pour Macron je ne peux dire monsieur mais plutôt le sieur Macron car il n’est sûrement pas  » mon » . Effectivement comme dit le sieur Sarkozy  » on ne peut plus rien dire en France, »

  4. Encore faudrait il qu’il le mérite le  » Monsieur  » le Macron en question. Lui qui dit vouloir  » emmerder les Français » qui  » coûtent un pognon de dingue ». Les marcheurs n’ont plus qu’un titre à défendre et c’est pitoyable.

  5. La politesse est à l’esprit ce que la grâce est au visage, de la bonté du coeur elle est la douce image, et c’est la bonté qu’on chérit.

    • Ah oui, tout à fait ! En théorie ( et poésie). Mais la mise en pratique est laborieuse ( reconnaitre la bonté du coeur..)

  6. A t’on vraiment envie de respecter quelqu’un qui humilie, méprise autant les gens (pas tous, seulement les geux) et qui les emmerde ? perso pour moi c’est non

  7. Mon Colonel (j’ai fait mon service militaire – et un peu plus – , ce qui m’oblige à utiliser le Mon).
    Pour une fois j ‘approuve la remarque de la députée.
    On n’appelle pas le Président de la République par son nom.
    Je suis persuadé que, quand vous étiez en active, vous étiez attaché aux marques de respect qui sont la première pierre de tout fonctionnement harmonieux d’une société humaine.
    Respectueusement (Mon Colonel)

  8. Très compliqué la politesse mais à l ‘ égard de Macron , rien de plus simple : il est inutile d ‘avoir du respect pour ce triste individu sois-disant Président qui n ‘ en a aucun pour son peuple .

  9. Pour être respecté, il faut être respectable. Ce que n’est pas toujours Emmanuel Macron. D’ailleurs, nous respecte t-il ?

  10. Pour ma part quand je parle de macron le terme utilisé se termine par « on » car je trouve que ce mot lui correspond beaucoup mieux….je ne suis pas en adoration devant cet individu dont la secte détruit notre pays et ne fais pas partie de ses fans comme cette députée.

  11. Quand Larem donnera son titre à Madame Le Pen, on en reparlera. Mais on préfère lui donner sciemment du « Marine le Pen », le prénom servant à la priver de la politesse qu’on réclame pour Macron. Mais je croyais – je puis me tromper – qu’il était possible de se passer du titre, s’agissant de personnages connus, sans être discourtois. Ainsi parle-t-on de Poutine, de Xi Ping, de Biden, de Charles III, de Zidane et MBappé, de Véran, de Borne. Pour cette dernière, il y a pire, puisqu’on l’affuble en permanence de ce faux titre tout droit issu du révisionisme du bon français, en vogue façon « petit bourge féminasse », en toute fatuité repue et épanouie, ce « la première ministre », ô combien plus grossier que l’ignorance de son vrai titre de (Madame) « le premier ministre ».

  12. « Très, très compliqué, la politesse ». Oui surtout s’agissant de l’inculquer à des feignants alcooliques et illettrés…

  13. Ah, ah, ah, quel billet d’humeur et d’humour, vous m’avez bien fait rire « Mon » colonel. Décidemment, l’armée me surprendra toujours ! Quoique Bigeard tenait aussi la route, il aurait pu lui en apprendre à cette petite députée !

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