On lance des grenades à Grenoble, mais Éric Piolle se fout des critiques

piolle

C’est ce qu’on appelle une déclaration malheureuse. Mercredi 12 février, Éric Piolle a profité d’un entretien dans Libération pour répondre aux critiques qui lui sont faites sur le champ de l’insécurité. Le maire de Grenoble est en effet régulièrement accusé de laxisme en la matière par ses opposants. Des attaques encore renforcées par le violent meurtre d’un agent de propreté municipal, tué par balle en septembre dernier alors qu’il tentait d’empêcher un délit de fuite. « À vrai dire, je m’en fous un peu » [des critiques], a-t-il alors lâché, crânement… sans savoir qu’un nouveau fait de violence allait survenir dans sa ville, quelques heures plus tard. Un homme armé d’un fusil d’assaut a, en effet, lancé une grenade dans un bar associatif du quartier sensible du Village olympique, au sud de Grenoble, jeudi soir. L’explosion a fait au moins douze blessés, dont six en urgence absolue, semant la stupeur et la colère chez les riverains.

https://twitter.com/ojim_france/status/1890004492982141125

Sans doute conscient de son erreur de communication, l’édile s’est rapidement rendu sur place et a fermement condamné, sur X, « l’acte criminel d’une violence inouïe qui s’est produit dans un commerce du quartier du Village olympique ». Le parquet de Grenoble a ouvert une enquête, tandis que l’auteur des faits demeure en fuite. Si la piste de l’attentat terroriste semble écartée, restent celles du trafic de drogue ou de cigarettes et des règlements de comptes, qui gangrènent l’agglomération grenobloise depuis plusieurs années.

Le déni du réel

Si Éric Piolle sait afficher une mine contrite et hausser le ton dans des circonstances exceptionnelles, son idéologie profonde est celle qu’il professe en temps normal. La ville dont il a la charge depuis plus de dix ans est régulièrement comparée au Chicago des années 1920, mais le maire n’en a cure et ne s’en cache pas. « Quand il ne reste que des attaques sur la sécurité et la propreté, ça veut dire qu’on a gagné quelques batailles par ailleurs, car on peut toujours se dire qu’une ville n’est pas assez propre et pas assez sûre », estime-t-il. Mais la sécurité et la propreté ne sont-elles pas, au contraire, la responsabilité première des autorités ? Ne constituent-elles pas le strict minimum de toute action publique, la condition nécessaire à toute autre ambition politique ? On se demande quelles sont ces « batailles » que le maire a pu gagner par ailleurs, alors que l’insécurité gangrenait sa ville. Le développement des cours de récréation non genrées ? L’autorisation du port du burkini dans les piscines ? La multiplication des logements sociaux ? De bien belles « batailles », en effet…

La sécurité est la grande oubliée des deux mandats d’Éric Piolle, à Grenoble. Depuis son élection en 2014, il a toujours refusé d’armer la police municipale et s’oppose fermement au déploiement de caméras de vidéosurveillance. Selon lui, la vidéoprotection « ne sert à rien », en matière de lutte contre le narcotrafic. Quant aux fusillades, « il y en a partout ». Bref, circulez, y a rien à voir. Sur le réseau social X, le Républicain François-Xavier Bellamy, relevant ces propos publiés dans Libération, a déploré un « déni tragique » de réalité. « Il faut donc s’habituer à se faire tirer dessus en pleine rue ? C’est le nouveau monde normal pour la gauche ? », a interpellé l’eurodéputé.

Mais alors que certains élus de gauche consentent à tourner casaque devant le mur du réel et finissent par reconnaître les limites de leur idéologie, Éric Piolle refuse de leur donner le point. Pire : il les accable. « Des élus de droite et de gauche cèdent sur la vidéosurveillance sans regarder les études. On gigote pour donner l’impression qu’on ne lâche pas l’affaire, mais il faut résister au tourbillon médiatique », avançait-il encore, dans l’article de Libé, reconnaissant une « dégradation de la situation autour du narcotrafic » mais niant une « hausse de l’insécurité » à Grenoble… Comme si les attaques à la grenade était une vieille tradition locale.

Comme vous le savez, les élections municipales n’auront pas lieu avant 2026. Autant dire que l’amélioration de la situation grenobloise n’est pas pour demain. Mais n’allez surtout pas dire que ce laxisme de gauche est la cause d’une quelconque insécurité : on sait depuis le dernier Conseil de Paris qu’il s’agit là d’un discours « populiste et nauséabond » qui peut vous valoir une plainte en diffamation.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Ils sont bien gentils, les Grenoblois, de pleurer ; mais qui a élu leur maire, et non seulement rlu, mais RE-ÉLU… plus de 64% d’abstention aux dernières municipales. Il a été élu avec 53% des suffrages des 35% des Grenoblois qui se sont exprimés. Les 65% restant, ils avaient quoi, ce jour là, Piscine ? Ils s’en moquaient ? Alors, ils ont ce qu’ils méritent !

  2. Mais qu’est ce qu’on attend en France pour virer toutes ces trompettes de bons à rien qui remettent en cause les valeurs de notre société millénaire ? Ces ecolos d’operette sont une menace pour la république ce sont des pastèques vêtus d’un costume vert et tout rouge à l’intérieur. La France politique est devenue le grade guignol mondial, des pantins de papiers machés .

  3. Si la volonté de sécurité était réelle de la part du Premiet ministre, ordre serait donné au ministre de l’Interieur de suspendre, sur la base précise du droit administratif, un maire qui prend ses aises avec la sécurité de ses électeurs par son laxisme. Des préfets dans le passé ont eu le cran de demettre des édiles pour moins que çà. Bien entendu, le mouvement écologique protesterait. Mais il faut savoir qu’il ne fait pas chorus. Certains maires veulent avant tout sauver leurs fesses ecologiques.

    • C’est la France ! Un maire qui a osé mettre une creche dans sa mairie écope de 120 000 Euros d’amende, mais on ne dit rien à un maire qui refuse de protéger ses concitoyens et les laisse tuer par des voyous, de même qu’une racaille qui a VOLONTAIREMENT, à scooter, renversé et blessé un policier dans l’exercice de ses fonctions n’est puni de 3 semaines de TIG. Un responsable municipal a le droit dire : « la sécurité des mes concitoyens, je m’en moque », mais gare à celui qui clame :  » les OQTF dehors »… Mais comment se fait-il que Retailleau monte dans les sondages et que MLP et Bardella soient en tête des politiques préférés des Francais ?…

  4. Désolé, mais nous avons les élus et notamment les maires que nous méritons puisque les électeurs sont les seuls responsables de leur présence.
    Quand le peuple sera intelligent , alors seulement le peuple sera souverain disait V. Hugo

  5. La roue semble tourner à Grenoble, Piolle est sur une pente descendante, lâché par nombre de ses sbires, déjà condamné par la justice, sans doute recondamné dans l’affaire Elisa Martin qui arrive devant les tribunaux… et le député lfi Louffok qui a échoué aux législatives partielles de janvier. Les grenoblois devront accomplir leur devoir de citoyen aux prochaines élections municipales, ce sont eux les responsables des déboires de leur ville.

  6. Un bar associatif communautaire subventionné par la ville.
    Un gérant algérien, condamné 11 fois pour trafics de tabac etc .
    Et son fils condamné en 2012 pour double meurtre de Kevin et Sofiane .ceux de la chanson de Calogero « plus jamais cela »

  7. Attention les p’tits loups, le vote est facultatif et permet aux extrémistes de se lever pour aller voter. Si vous avez voté pour Piolle grand bien vous fasse, et si vous êtes restés chez vous, grand mal vous fasse car vous êtes responsables.

    • Ce sont des Grenoblois qui ont voté pour lui! En été 2020, le taux de participation était faible. Les électeurs de gauche se sont bien plus mobilisés que les autres! Ce sont les très nombreux abstentionnistes qui ont permis la réélection de Piolle! A bordeaux, à Strasbourg, à Lyon, ce sont les abstentionnistes ayant pratiqué l’élection buissonnière qui ont favorisé l’élection de listes écolo gauchiste! Votre dégopût se comprend, mais rendez aux électeurs responsables de la situation ce qui leur revient, et ne rendez pas à ceux qui ont voté pour d’autres ce qui ne leur revient pas!

      • Un « pourcentage » de ceux qui sont allés voter ont mis ET re-mis en poste le « Piole » qui se poile ! …
        Cela remet sur la table la « proportionnelle » de base du nombre de participants pour qu’une élection devienne crédible ! … Voilà voilà ! …

  8. Face à l’argument qui veut que M.Piolle , comme Mme Hidalgo, sont des élus démocratiquement et donc, légitimes, il faudrait prendre en compte le nombre d’électeurs inscrits ayant voté pour eux et non un pourcentage de suffrages exprimés.

    • Lors des élections du 2e tour qui se tenaient en été 2020, le taux de participation était faible! Les électeurs des listes gauchistes s’étaient mieux mobilisés que les autres ce qui a favorisé la réélection d’un Piolle ou d’une Hidalgo!

      • Surtout que les élections ce sont passer pendant le « covid » de ce faite beaucoup n’ont pas été remplir leur devoir électoral de peur d’être contaminé …….

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