On ne badine pas avec sainte Greta !

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Sans culture, sans instruction, sans éducation, point d’esprit. Au pays de Voltaire, il ne faut plus éreinter les puissants et encore moins égratigner les dogmes de la bien-pensance. Ce qui vient d’arriver à Emmanuelle Ménard illustre l’abaissement du débat et la prépotence de la nouvelle religion panthéiste environnementale. Elle a osé émettre l’idée que sainte Greta puisse souffrir une fessée !

Emmanuelle Ménard est doublement coupable, voire triplement.

D’une part, on ne doit plus administrer de correction corporelle. De tels comportements sont dignes d’une insupportable domination avec circonstances aggravantes lorsque celle-ci s’exerce envers une enfant. Dans la société répondant aux normes du nouvel ordre infernal, enfants et parents, élèves et instituteurs sont au même niveau de discernement et de légitimité dans leurs actes comme dans leur expression. Une réprimande, c’est déjà un traumatisme infantile qui mérite l’ouverture d’une cellule de soutien psychologique, alors une fessée, même en paroles, pensez-donc ! Maintenant que l’on peut priver un malade d’hydratation et de nourriture, les petites fesses roses d’un enfant sont sacrées.

D’autre part, elle a transgressé un tabou. C’est impardonnable. Emmanuelle Ménard a osé ironiser sur celle qui porte la bonne parole et les dogmes qui sauveront la planète. Jadis, il fallait sauver son âme de l’enfer. C’était mesquin et égoïste. Aujourd’hui, il faut sauver la planète, c’est déjà bien plus prétentieux et généreux ! On ne rigole pas, surtout avec l’altruisme à bon compte. Au tribunal de la doxa patentée, Mme Ménard mérite le pilori médiatique et populaire. Les petits relayeurs de l’opinion officielle peuvent s’en donner à cœur joie. Un peu d’ironie et de distance ne sied pas à la révérence due au pathos d’une adolescente qui, telle une prophétesse, nous exhorte à lui obéir. Greta mérite notre miséricorde, la pauvre enfant, mais c’est son auditoire qui est pathétique. L’invective est la réponse des incultes, des malotrus et des bornés. Les réseaux sociaux donnent du relief à la misérable médiocrité de tous, en mettant au même niveau les écrits d’un professeur, d’un homme de l’art, d’un érudit, avec le cuistre, l’ignare ou le grimaud boutonneux. Être spirituel exige le sens de la nuance et l’outrance le respect des formes, si ce n’est la considération de son dédicataire. Ces subtilités sont incomprises en un temps où il est de bon ton de s’extasier devant un texte de rappeur. C’est grave, car il n’y a plus de place pour le pamphlet, la polémique, styles littéraires que la France portait haut avec des Voltaire, des Léon Bloy ou des Jean-Edern Hallier. Aujourd’hui, ces écrivains seraient des pensionnaires permanents de la 17e chambre correctionnelle… Mieux vaut faire couler un filet d’encre tiède si l’on veut vivre en paix.

Au-delà d’un abaissement de niveau et de la perte d’un genre littéraire bien français, les déferlantes contre Mme Ménard et, en général, contre toute remise en cause des dogmes afférents à l’environnement ou même les simples taquineries illustrent le retour à un obscurantisme quasi religieux entretenu pour légitimer des mesures autoritaires touchant à tous les domaines. Car il a bon dos, le sauvetage de la planète ! Comment peut-on s’opposer à des décisions prises pour sauver, non pas l’Humanité, mais la planète ! Saisissez-vous la nuance ? Mais cela est un autre débat.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 8:56.

Charles-Henri d'Elloy
Charles-Henri d'Elloy
Écrivain, polémiste

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