«On n’emprisonne pas Voltaire» : soirée d’hommage à Sansal pour sa libération

Pour soutenir sa « libération immédiate », de nombreuses voix d’intellectuels, de journalistes et de politiques.
Photo BV
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Après un mois de détention, l’avenir de Boualem Sansal est plus que jamais incertain. Alors, pour soutenir sa « libération immédiate », de nombreuses voix d’intellectuels, de journalistes et de politiques ont répondu à l’appel du directeur de la rédaction de la Revue politique et parlementaire, Arnaud Benedetti, ce 16 décembre. « Organisée en peu de temps », l’événement a permis de rassembler près d’un millier de spectateurs (selon les organisateurs) au Théâtre libre, à Paris, pour cette grande soirée consacrée à la défense de l’écrivain franco-algérien. Étaient, entre autres, présents dans le public et sur scène : Bernard Cazeneuve, Jean-Michel Blanquer, Kamel Daoud, Xavier Driencourt, Alain Finkielkraut, Franz-Olivier Giesbert, Valérie Pécresse ou encore Natacha Polony. Pas de représentants de l'État. Les pouvoirs publics auraient-ils oublié qu’après tout, « on n’emprisonne pas Voltaire », comme l’a justement rappelé Rachel Binhas, journaliste à Marianne et première à avoir informé sur l’incarcération de l’écrivain, citant le général de Gaulle ?

Les actions se multiplient

Devant amorcer « une course de fond », cette grande soirée était avant tout l’occasion de rappeler que de nombreuses initiatives ont lieu pour faire pression sur les autorités algériennes. Sur scène, Arnaud Benedetti annonce la création d’un « comité de soutien à Boualem Sansal présidé par Catherine Camus [fille d'Albert Camus, NDLR] pour demander aux autorités françaises de tout mettre en œuvre pour sa libération immédiate ». Parallèlement, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé la parution « dans de nombreux journaux latino-américains » d’une « tribune d’une trentaine d’écrivains du sous-continent pour la libération de cet esprit libre ».

D’autres actions ont d’ores et déjà été entreprises. Outre l’appel des 50 impulsé par le Cercle algérianiste pour « exiger la libération » de l’auteur de 2084 : la fin du monde, Antoine Gallimard, président des Éditions du même nom, a créé, dès le 2 décembre, une société de soutien international afin de « permettre à chacun d’apporter sa contribution à sa défense judiciaire ». À cette fin, les Éditions Gallimard ont mis en place une cagnotte sur le site HelloAsso (plate-forme solidaire) avec un objectif de contribution de 150.000 euros.

Boualem Sansal placé en unité de soins

Âgé de 80 ans – et non 75, comme l’indique sa fiche Wikipédia –, Boualem Sansal a un état de santé fragile. Au micro, Rachel Binhas indique que l’écrivain jongle entre centre de détention et centre hospitalier. « Boualem vient d’être transféré à nouveau à l’hôpital Mustapha, et les biopsies qui ont été pratiquées ne sont pas bonnes, annonce, peu de temps après, son avocat Me Zimeray, lors de sa prise de parole. Donc, je lance un appel, et j’aurai l’occasion de le faire sous d’autres formes, aux autorités algériennes, pour faire preuve, tout simplement, d’humanité dans cette affaire. » En sont-elles capables ?

« Le seul moyen pour faire plier l’Algérie, c’est d’écorner son image sur la scène internationale », estime Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie. « Nous allons montrer que cette arrestation est purement illégale et s’appuie sur un texte inepte », assure combativement son avocat français, dont le visa avait été refusé par Alger. Du côté des pouvoirs publics, aucune réaction, excepté la molle expression de l’inquiétude d’Emmanuel Macron, le 21 novembre dernier. Depuis, rien. À quand, la prise de conscience ?

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Il est quand même à noter que les autres maisons d’édition françaises ne se joignant pas à Gallimard.. une explication??? Ou la peur d’alger

  2. Le silence de « ceux qui nous gouvernent » n’est qu’une vieille habitude: Boualem Sansa est FRANCO-Algérien, donc ami, fils de France. Mais il est aussi Algérien; donc il doit être abandonné comme ont été abandonnés les harkis et supplétifs de l’armée française au début des années 60…L’histoire bégaie!

  3. Boualem Sansal était très bien placé pour savoir que l’Algérie n’obéit pas aux mêmes idéologies que la France. Il a fait un choix en se rendant en Algérie dans des conditions clairement très risquées. Il doit l’assumer. Quant aux démocrates de la « République Française » ils n’ont aucune leçon à donner aux démocrates de  » La République Algérienne et Populaire ». La Démocratie internationale commence là : Laisser les autres se gouverner chez eux à leur convenance.

    • Oui mais Stora c’est l’historien autorisé qui dit tout comme certains veulent que soit l’histoire .
      Boualem Sansal nous aleere et son âge, son expérience, et son écriture donnent suffisamment de poids à ses propos pour ne pas douter de lui. Et il n’a jamais renié la France et son apport culturel dont il en est un digne héritier .

  4. Il a dénoncé dans son livre « le village de l’Allemand » un FLN mis au pouvoir grâce à des SS.
    Comment ce pouvoir de SS qui sévît toujours pourrait-il lui pardonner ?

    • Révocation des accords d’evian. Arrêt d’achat de gaz. Plus de visas. Plus de soins médicaux. Top chrono. Combien de temps ils tiennent? J’oubliais l’aide au développement et à la corruption.

    • Oui il faut libérer M.Sansal..après ,tout ce qui est excessif est derisoire, desole de ne pas chanter avec la chorale, le comparer à Voltaire!! Il fait raison garder..

  5. « On n’emprisonne pas Voltaire ».
    C’est beau !
    Ça claque fort !
    On dirait presque que c’est Macron qui l’a écrit et declamé devant un parterre d’hommes et de femmes de lettres buvant ses paroles !
    Cependant, je doute que ça secoue qui que ce soit en Algérie !
    C’est un bâtiment de la Marine Nationale armé jusqu’aux bouches des cannons, qu’il faut positionner devant les eaux territoriales algériennes*…
    Jusqu’à la libération sans condition de Boualem Sansal.
    * 22 km distance respectable pour nos canons.

  6. le monde entier fait tout un foin autour de Sensal.
    il n’en a pas toujours été ainsi pour Julian Assange
    quid du sort de Reiner Fuellmich, emprisonné en allemagne depuis plus d’un an sans réel motif, victime d’une conspiration pour lui faire payer ses révélations sur le « vaccin » miracle et d’avoir interviewé Georgescu.
    j’aimerais une telle mobilisation pour ce grand docteur et lanceur d’alerte qu’il est.

    • à dudu : Pourquoi opposer ces personnes à Boualem Sansal ? Il n’a rien fait contre celles que vous nommez. Il vaut mieux s’en préoccuper maintenant et si cela sert à sa libération, je ne pense pas que Julian Assange, par exemple, serait contre ce qu’il aurait aimé qu’on fasse pour lui.

    • Sansal est Français. Sansal écrit en Français. Sansal a été récompensé par l’Académie Française. Sansal dans ses livres traite de questions vitales pour la France et les Français. Les causes que vous citez sont hautement estimables et méritent notre attention et notre soutien mais ce n’est nullement une raison de relativiser celle de Sansal. Au fait pour les otages Israéliens vous dites quoi ?

  7. « Arrestation illégale … texte inepte. » Oui, mais est-il nécessaire de rappeler la nature du pouvoir algérien ? Ceci explique cela.

  8. Ce qui me trouble dans cette affaire, c’est qu’on fait appel à un geste d’humanité alors qu’il s’agit d’un acte de justice. Comme si la voie prise pour sa libération avait besoin de compromission. Mais Boualem Sansal n’est aucunement compromis. Sa libération sans conditions doit être mise en avant. C’est un otage purement et simplement de l’Algérie et de ses dirigeants malveillants pour ne pas dire plus.

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