Oppenheimer, le père de la bombe atomique

bombe atomique

Avec son film Oppenheimer, qui sort le 19 juillet, le réalisateur Christopher Nolan nous fait à nouveau voyager à travers le temps. Après une œuvre sur la bataille de Dunkerque de 1940, le cinéaste américain s’attaque à l’histoire de la bombe nucléaire ; cette arme ayant renversé le cours de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi l’équilibre des pouvoirs jusqu’à aujourd’hui. À travers la vie de son concepteur, Robert Oppenheimer, ce n’est qu’une partie de la longue histoire de la course aux armements qui nous est contée. BV vous en dit plus...

Hitler et la bombe

Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, de nombreux scientifiques d’origine juive fuient l’Allemagne nazie, notamment pour l’Amérique. Les savants et physiciens restés dans le Reich poursuivent l'étude d’une nouvelle énergie jusqu’en 1938, année de la découverte de la fission nucléaire. Voulant transformer cette puissance en arme garantissant leur victoire dans la guerre à venir, les nazis font accélérer les recherches. L’annexion de la région des Sudètes par les accords de Munich permet à Hitler de s’emparer des principales mines d’uranium d’Europe et lui donnent ainsi les moyens d’accomplir ses rêves de domination.

Le génialissime Einstein et d’autres de ses confrères s'inquiètent de voir un jour le feu nucléaire se répandre au nom du nazisme. Dans une lettre, ils alertent le président des États-Unis Franklin Roosevelt de ce risque. Ce dernier, dont la nation est en guerre à la fin de l’année 1941, lance secrètement le projet Manhattan faisant entrer ainsi les États-Unis dans la course à la bombe nucléaire. Le directeur scientifique de ce projet Manhattan n'est autre que le physicien Robert Oppenheimer.

Pendant ce temps, en Europe, les recherches d’Hitler n’avancent pas aussi vite que le Führer le souhaiterait. Ses équipes de scientifiques manquent cruellement de savants compétents dont une bonne partie ont fui le Reich. Néanmoins, si la puissance nucléaire n’est pas encore maîtrisée, les armes nazies se perfectionnent. Ainsi, les premiers missiles de croisières de l’Histoire sortent des usines : les V1 puis les V2. Ces engins de mort sont lancés depuis plusieurs bases secrètes, le long de la côte Atlantique, proche de l’Angleterre. L’une d’elles est installée en France, près de la ville de Saint-Omer, connue sous le nom de la coupole d’Helfaut. Encore visitable de nos jours, on y voit les longues rampes de lancement ainsi que les profondes galeries descendant dans la terre. Ces installations avaient pour but de cacher et de protéger les dernières armes d’une Allemagne à bout de souffle. La situation géographique de ces sites permettait ainsi de bombarder, sans risquer la vie d’aucun pilote de la Luftwaffe, le territoire anglais dont le ciel était zone interdite depuis la victoire alliée de la bataille d’Angleterre.

La bombe humaine

Mais la domination des airs par les Anglais ne peut empêcher les V1 et les V2 d’atteindre leurs cibles. En effet, les pilotes de la Royal Air Force peinent à les intercepter en raison de leur vitesse et de leur taille. Malgré cet avantage technologique, la défaite du Reich nazi est inévitable, elle est actée le 8 mai 1945 sans qu’aucun feu nucléaire n'ait ravagé l’Europe.

Les États-Unis doivent encore affronter, de l’autre côté du globe, l’ennemi nippon qui, lui aussi, cherche à développer ses armes. Si le Japon ne contrôle pas la puissance de l’uranium, ses bombes restent dangereuses. Ainsi poussé par le fanatisme, un sens du sacrifice exacerbé et un refus catégorique de la défaite, l’Empire du Soleil Levant crée la bombe humaine : les kamikazes. Ces pilotes foncent volontairement contre les navires et positions alliés afin de les détruire. Face au risque de lourdes pertes humaines, l’Amérique fait le choix de l’arme nucléaire, les 6 et 9 août 1945, afin de mettre fin définitivement à la Seconde Guerre mondiale. Cette course à l’arme la plus destructrice, la bombe nucléaire, se fait ainsi malheureusement au prix du sang de milliers de victimes civiles.

Oppenheimer, désormais surnommé le père de la bombe nucléaire, emprunte alors des mots tirés de textes sacrés hindous pour déclarer, le jour des premiers essais dans le désert américain en 1945 : « Je deviens la Mort, le Destructeur des Mondes. » Il avait compris qu’il avait doté l’Homme d’une puissance qu’il n'aurait peut-être pas dû maîtriser et qui allait devenir la hantise des peuples durant la guerre froide.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

8 commentaires

  1. L’empereur du Japon Hiro Hito a bien survécu à la seconde guerre mondiale et a continué son règne plusieurs années après Hiroshima et Nagasaki. Il avait pourtant cautionné l’invasion de la Mandchourie et les deux millions de morts qu’entrainait sa politique de la terre brûlée. S’il n’y avait pas eu ces deux bombes, la guerre se poursuivrait peut-être encore, comme en Corée. Les Etat-Unis ne sont entrés en guerre qu’après l’agression de Pearl Harbour et ont subi les tirs de Kamikazes plus redoutables que les SS nazis : un triste sire qui n’a rien à envier à Hitler, Staline et Pol pot. Un homme super-décoré, de toutes sortes de décorations occidentales (heureusement, pas la légion d’Honneur).

  2. Rassurez-vous, il y a maintenant des armes biologiques et chimiques qui font autant de dégâts, mais sournoisement. Le covid n’était qu’un galop d’essais…Certains traités nous mettent encore pour le moment à l’abri de l’utilisation de l’arme nucléaire, mais pour combien de temps?

  3. Ce sont le Président Harry Truman et le Général Leslie Groves qui ont ordonné l’emploi de la bombe A pour mettre fin aux hostilités en 1945…..C’était sans compter sur le besoin de faire la guerre pour dominer inhérent à l’être humain.

  4. « Après tout , SEUL le metteur en Scène connaît LE SENS du film . » Satyajit Raï

    «  Pourquoi y a t- il quelque chose plutôt que rien . Voilà LA vraie question ». Leibnitz

    «  Le CRÉATEUR a tout fait à partir de rien , mais le rien perce » . Paul Valéry

  5. À l’origine première de la bombe, c’est le pacifique et « génialissime » Einstein que l’on trouve. Et puis Oppenheimer est aussi l’homme par lequel les Rosenberg en transférèrent les secrets en URSS. Nous sommes loin du conte fée façon Nolan…

  6. Ne pourrait-on pas aussi imaginer le nombre de conflits et donc de centaines de milliers de morts que l’ombre de cette bombes à évité de puis 80 ans ? C’est ce que nos politiques nomment avec pudeur « la dissuasion « …

  7. De mémoire, la lettre d’Einstein et ses pairs au Président US disait à peu près ceci :  » Nous vous avons ouvert les portes d’un réservoir inépuisable d’énergie, et vous en avez fait un engin de mort… ». Aujourd’hui, toute l’énergie dont nous avons besoin devrait être satisfaite par le nucléaire, et nous en sommes à attendre que la version armement soit utilisée à nouveau pour l’interdire à jamais. L’homme serait un animal intelligent ?

  8. Oppenheimer a certes conduit le « projet Mahattan » mais, comme souligné, c’est bien la présidence des US qui est à sa tête sous la conduite du général Groves. Voir le film « Les Maîtres de l’Ombre » (Paul Newman, Diwght Schultz) ! Il ne porte pas le chapeau tout seul de la mise au point de cette arme.

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