Oprah Winfrey à la Maison-Blanche ? Une idée qui pourrait faire son chemin…
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Donald Trump, ce « génie très stable », tel qu’il se dépeint tout seul comme un grand, paraît de plus en plus déstabilisé par Fire and Fury, la biographie que lui a consacrée le journaliste Michael Wolff. Que ce dernier ait ou non forcé le trait, il demeure que la présidence trumpesque demeure des plus baroques. C’est dire à quel point Hillary Clinton devait être détestée pour que le peuple ait pu élire, même par défaut, un tel personnage.
Pour prendre la mesure du phénomène, on ne voit guère que le précédent François Hollande, lui aussi arrivé au pouvoir parce que Dominique Strauss-Kahn était empêché et que plus personne ne voulait de Nicolas Sarkozy.
Ce qui permettait jusqu’alors à Donald Trump de conserver un peu d’air était le vide politique des républicains comme des démocrates. Et vint Oprah Winfrey. Oprah Winfrey, c’est un peu, en femme et en Amérique, ce que serait un Michel Drucker en France : un monument télévisuel, un pan de patrimoine national faisant partie de la vie quotidienne de la majorité des familles américaines.
Oprah Winfrey est noire, mais pas trop. Politiquement, elle est assez lisse pour être compatible avec les deux grands partis institutionnels. Elle est juste ce qu’il faut favorable au mariage homosexuel tout en demeurant farouchement hostile à la consommation de drogue. Pour la famille tout en n’étant pas mariée, elle adore évidemment les enfants alors qu’elle n’en a pas. Partie de rien, elle est l’une des femmes les plus riches et les plus puissantes des USA. Elle est donc aussi populaire en haut comme en bas de l’échelle sociale, chez les hommes comme chez les femmes. Ne cherchez pas l’erreur, elle est par-fai-te. Et, de fait, intouchable.
Oprah Winfrey a toujours juré ses grands dieux ne jamais vouloir entrer en politique, malgré d’incessantes sollicitations ; comme un certain Donald Trump, d’ailleurs. C’est probablement pourquoi, en bonne politique qui apprend vite, elle vient de faire l’exact contraire en faisant quasiment acte de candidature lors de la dernière édition des Golden Globes, cérémonie précédant celle des Oscars. Pour ensuite se raviser tout en assurant que "c’est aux gens de décider". Sachant qu’il en va généralement des politiques comme des femmes - certaines, tout du moins -, attention à ce que l’on écrit par les temps qui courent : quand c’est « non », c’est que c’est « peut-être », et quand c’est « peut-être », c’est que c’est « oui ».
Un premier sondage la donne déjà, à la prochaine échéance présidentielle de 2020, à 47 % contre 40 % pour Donald Trump. A-t-elle les compétences pour une telle charge ? Ni plus ni moins que deux présidents eux aussi issus du monde des paillettes : un Ronald Reagan pour le mieux, un Donald Trump dans un autre registre. Quant à l’État profond américain, services secrets, Pentagone, complexe militaro-industriel, banques et multinationales - c’est-à-dire le pouvoir véritable -, Oprah Winfrey ne serait finalement, pour lui, qu’un moindre mal, comparé à l’actuel locataire de la Maison-Blanche.
En effet, le problème de ce « génie stable » demeure l’imprévisibilité. Il entend lutter contre ce fameux État profond, mais ne se comporte pas en adversaire résolu – au moins, ce serait clair –, préférant mener une politique des plus erratiques en la matière. Pareil pour la Russie, avec laquelle il voulait se réconcilier tout en coupant les ponts avec Moscou et en s’immisçant dans les affaires intérieures iraniennes. Quant à ses foucades d’ambassade à Jérusalem, elles finissent par nuire à la fois aux intérêts américains, israéliens et palestiniens. À côté, Kim Jong-un serait presque un modèle de placidité.
C’est donc à cette aune qu’il faut mesurer les premières déclarations d’intention d’Oprah Winfrey, qui n’est pas connue pour être le genre de femme à tâter en vain ce genre de terrain. Quelle que soit la suite des événements, un fait demeure à peu près certain : tout nous paraîtra bien fade, à Donald Trump comparé.
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