Optimisation fiscale : DSK semble connaître les bonnes adresses
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Le prochain numéro du magazine « Cash Investigation » intitulé « DSK, enquête sur un homme d’influence », qui doit être diffusé jeudi 7 octobre, sur France 2, fait déjà parler de lui. Il nous apprend comment Dominique Strauss-Kahn s'est reconverti après son aventure new-yorkaise et gagne aujourd'hui un salaire digne d'un patron du CAC 40 en domiciliant ses activités dans des paradis fiscaux. Il faut croire qu'on en connaît un rayon sur les finances, quand on a été patron de Bercy et du Fonds monétaire international.
Selon cette enquête, DSK aurait commencé, en mai 2013, par immatriculer une société de conseil dont il était le seul actionnaire dans un quartier d'affaires de Casablanca, une zone franche très attractive pour les entreprises étrangères : à l'époque, aucun impôt sur les bénéfices pendant cinq ans, puis un impôt de 8,75 %, contre 30 % dans le reste du Maroc et 33,13 % en France. Avouez qu'il y a de quoi se laisser tenter ! Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, il aurait également participé à l'élaboration du cadre juridique de cet oasis fiscale.
À l'issue des cinq ans d'exonération fiscale, DSK, infatigable, a cherché une autre oasis. Il a ouvert, toujours le plus légalement du monde, une autre société aux Émirats arabes unis, plus précisément dans l'émirat de Ras al-Khaïmah, qui dispose de sa propre législation. Selon des documents confidentiels, il avait fait appel à une société réputée, qui proposait de créer en 48 heures une entreprise bénéficiant de 0 % d'impôt. « Simple, rapide et efficace », comme dit sa devise !
Il paraît que la société de DSK, si l'on en croit ses livres de compte de 2016 et 2017, n'a pas que des clients recommandables, parmi lesquels des chefs d'État africains. Mais ils ont le portefeuille bien garni, puisque les sommes qu'ils lui ont versées se chiffrent, pour certains d'entre eux, en centaines de milliers d'euros. Il serait même devenu le conseiller très spécial du président du Congo-Brazzaville. On voit que les épreuves n'ont pas entamé le sens des affaires de celui qui serait peut-être devenu président de la République en 2012 s'il ne s'était pas attardé, le 14 mai 2011, dans la suite 2806 de l'hôtel Sofitel de New York.
DSK a réagi en dénonçant, dans un tweet, une méchanceté et un mensonge. Il rappelle qu'il est résident fiscal marocain depuis 2013 et qu'il paie ses impôts à hauteur de 23,8 % de ses bénéfices. L'équipe de « Cash Investigation », par la voix d'Élise Lucet, affirme que son travail d'investigation est ultra-vérifié et estime que l'intéressé « répond totalement à côté : lui parle d'impôt sur les dividendes et nous d'impôt sur les sociétés, qui sont deux choses totalement différentes ». Quoi qu'il en soit, il est probable que cette affaire ne rehaussera pas le crédit de certains hommes politiques.
Linda Bendali, une journaliste de l'émission, fait remarquer que « tout le carnet d'adresses de Dominique Strauss-Kahn, son réseau, les conseils qu'il vend, il l'a acquis grâce à l'État français » et se demande s'il ne serait pas normal de « redonner à un moment à la collectivité qui a permis tout ça ». C'est, sans doute, faire preuve d'une certaine naïveté : il est des politiciens qui ne s'embarrassent guère de morale, sinon pour donner aux autres des leçons qu'ils n'appliquent pas eux-mêmes.
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