«Orléans ne va pas être Calais» : le maire s’agace face à l’afflux de migrants

« On est débordés par ces flux venant de Paris qu’on nous a imposés », alerte le maire d'Orléans Serge Grouard.
©Anthony Bourgouin, Wikimedia Commons
©Anthony Bourgouin, Wikimedia Commons

Six mois et toujours aucune réponse. Sur Europe 1, ce 21 octobre, Serge Grouard, maire divers droite (ex-Les Républicains) d’Orléans, exprime une nouvelle fois sa lassitude face à l’afflux inédit de migrants et de personnes sans domicile fixe dans sa ville depuis plus d’un an, sans qu’il n’ait jamais été consulté. Ces dix-huit derniers mois, la cité johannique aurait ainsi, selon les calculs de l’édile, accueilli plus de 700 sans-papiers, venus d’Île-de-France dans des cars affrétés par l’État. La situation agace le maire depuis plusieurs mois. Malgré l’agitation médiatique, et alors qu’un climat d’insécurité s’installe dans sa commune, Serge Grouard reste sans réponse.

Un flou administratif 

« Je le répète avec force : Orléans n’a pas vocation à accueillir la colline du crack de Paris. » C’était le 26 mars dernier. Dans un communiqué, le maire d’Orléans s’inquiétait « de la rumeur selon laquelle des migrants seraient "déplacés" en province pour faire "place nette" à Paris en vue de l’accueil des Jeux olympiques cet été ». Bien qu’il ne puisse ni confirmer ni infirmer cette rumeur, Serge Grouard a tout de même pu constater de ses yeux les allées et venues de cars déposant une cinquantaine de personnes dans sa ville toutes les trois semaines. Au total, « environ 500 personnes sans domicile fixe seraient arrivées à Orléans » entre mai 2023 et mars 2024. Accueillis par une association financée par l’État et hébergés dans des hôtels le temps que leur situation administrative soit étudiée, ils échappent au suivi de l'État. Il serait difficile de « savoir ce que deviennent » ces migrants : « certains vont en procédure d’asile (CADA), d’autres s’évaporent dans la nature ». Un « nettoyage social » qui inquiète l’édile : Serge Grouard refuse que sa ville devienne « le nouveau Calais ». Après les interventions médiatique du maire, la préfecture du Loiret a réagi dans un communiqué et confirmé que « toutes les trois semaines, 50 personnes au maximum sont prises en charge dans ce sas géré par une association mandatée et financée par l’État ». La préfecture a cependant nié tout lien avec l’organisation des Jeux de Paris et n'a pas, non plus, parlé de concertation future avec l'édile à ce sujet.

Le lendemain, Mathilde Paris, ancienne députée RN du Loiret, portait la question à l’Assemblée nationale. À nouveau, le gouvernement expliquait que ces transferts étaient liés à la saturation des centres d’accueil en région parisienne et dénonçait un amalgame entre « SDF » et « migrants ». Des réponses floues qui inquiètent Serge Grouard. Il aurait aimé être consulté avant que sa ville ne devienne un centre d’accueil pour migrants…

Un « sentiment désagréable » d’insécurité

D’autant plus que six mois plus tard, la situation reste inchangée. Les sans-papiers continuent d’être transférés à Orléans. Ces arrivées ne sont pas sans conséquence pour la tranquillité de la ville. Alors que la cité johannique a connu, ces dernières semaines, un meurtre et deux tentatives de meurtre, Serge Grouard ne rechigne pas établir un lien de causalité entre cet afflux inédit de migrants et le climat d’insécurité qui s’installe. Auprès de nos confrères de France 3, il fustige ainsi « les paquets de gens qui viennent sur la ville, on ne sait pas trop d'où, on ne sait pas trop comment, et qui s'installent là ». Début octobre, lors d’un forum de quartiers, la municipalité a par ailleurs décidé de rétablir l’éclairage dans le centre-ville pendant la nuit. Une mesure justifiée par un « sentiment désagréable » d’insécurité. Au micro de RMC, l’édile s’explique : « J’ai des habitants qui ont peur […] La délinquance est une réalité. On est débordés par ces flux venant de Paris qu’on nous a imposés. Il y a des femmes qui ont la trouille. »

Plusieurs Orléanais, contactés par BV, confirment partager ce sentiment d’insécurité : jeunes qui errent dans les rues, campements sauvages - aussitôt levés par le maire - dans le centre historique, agressivité… Contactée, la mairie n’a pas encore donné suite à nos sollicitations. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui avait en mars dernier apporté son soutien au maire d'Orléans, prendra-t-il des mesures contre cet afflux ?

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Les migrants ont été « déplacés » de Paris vers Orléans entre autres, en bus j’imagine ? Et bien c’est simple… retour à l’expéditeur !
    Re-bus vers Paris…tout simplement !

  2. le pacte asile immigration de macron sholz von der leyen, prévoirait une amende de 20 000 euros par migrants refusés, mais quand on en prend 500 000 par an comme eux qui va prendre l’excédent, et ce n’est pas fini avec la Moldavie qui va entrer dans l’UE, on en récupérera de là bas aussi, et ce n’est pas ce pays qui contribuera au budget net de l’UE, ce qui fera augmenter notre participation qui s’élève à 27 milliards d’euros que nous empruntons, même si l’UE nous en rend 12 quand elle veut.

  3. Il faut obliger les membres de ces pseudo assis à accueillir les migrants chez eux et à leur frais, pas à celui de des impôts destinés à la communauté nationale. S’ils sont si nombreux il n’y aura aucun problème. Sinon c’est qu’ils ne sont que des profiteurs.

  4. Monsieur Grouard va, après ses gesticulations, faire ériger une statue de de gaulle. Une priorité pur rassurer les Orléanais.

  5. A l’heure où le budget se vote à l’Assemblée, soumettons une suggestion pour réduire les dépenses: supprimer toute aide aux associations qui encouragent ces transferts de migrants vers la province.

  6. Ces répartitions se développent sur tout le territoire et en particulier dans l’Ouest de la France, région longtemps épargnée, (Nantes, Rennes, Brest.. ) et ce déploiement est organisé avec l’aide des maires de gauche. Mais bizarrement, la place des Vosges à Paris, entre autres exemples, est épargnée !

  7. Il faut que ça continue ! Beaucoup de maires ont été élus en 2020, à la faveur du COVID qui a fait rester chez eux beaucoup d’électeurs, ce dont a profité l’extrême gauche. Certains sont passés avec seulement 28% des inscrits. En 2026, il va y avoir du changement, comme il y en a eu aux dernières Européenne et législatives. Car ne nous y trompons pas, avec 30 % d’électeurs et quoiqu’en dise Melenchon avec son « alliance » bidon, le RN est bien devenu le premier parti de France, et ce n’est pas fini. La politique menée par les « gouvernement à Orléans et bien d’autres villes, le laxisme des juges face aux délinquants… la vague bleue n’a pas fini de monter. Continuez.

    • Vous écrivez : « En 2026, il va y avoir du changement, comme il y en a eu aux dernières Européenne et législatives » … WAHOU ! … Effectivement les trois élections que vous évoquez ont changé « quelque chose » ! … En fait, elles ont accentué le délire PRO européen en mettant Barnier à Matignon ! …

  8. Si cette situation l’inquiète aujourd’hui, pourquoi lui, ses congénères et leur parti, les LR, n’ont-ils rien fait, bien au contraire, pour empêcher ces arrivées massives, non seulement à Orléans ou à Paris mais dans la France entière. La béatitude d’un grande majorité d’élus, à tous niveaux, s’apparente plutôt à une volonté collective délibérée dont sa ville, entre autres, subit le ricochet.

    • Oui, il faut qu’ils arrêtent de jouer dans les deux camps , ils deviennent inconpréhensibles ces LR, parce que si cela continue ils vont perdre sur tous les tableaux.

  9. Il ne fallait pas voter en faveur de Maastrich en 1992 lors du référendum car je savais très bien qu’elles en seraient les conséquences. C’est trop tard maintenant,et bien que nombre de français le regrettant,il fallait faire cependant un autre choix.Il ne nous reste plus maintenant qu’à subir…

    • Oui, quoique… Le référendum, de 2005 refusait la constitution mais… derrière il y eut le traité de Lisbonne sans consultation naturellement. Merci M. Sarkozy. La démocratie devient un vain mot ou même un vilain mot.

    • A un « détail » près par rapport à votre commentaire : le « NON » a été majoritaire mais sarkozy et barnier à l’UE ont « façonné » le traité de Lisbonne ! … Et là SANS vote ! …

  10. Monsieur le maire rendez ces migrants à l’envoyeur, un bus de temps en temps et déposez-les devant la mairie de Paris ou l’Elysée !

  11. Comment dire???

    Présidentielles 2022, ville de ORLEANS..
    M. MACRON Emmanuel
    73,20% (29 582 voix)

    Mme LE PEN Marine
    26,80% (10 830 voix)

    « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » aurait dit MACRON…

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