Oscars™ : le politiquement correct aurait-il du mou dans la branche ?
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La dernière cérémonie des Oscars™ était placée sous le divin augure du céleste hashtag #OscarsSoWhite ? Les sectateurs de la diversité peuvent triompher : c’est un film yellow réalisé par un Jaune et ne mettant en scène qu’une distribution jaune qui a tout emporté sur son passage : Parasite, du Coréen Bong Joon-ho.
Avec quatre statuettes, ce petit bijou cinématographique est désormais l’œuvre étrangère la plus distinguée à la grand-messe hollywoodienne. Le moins qu’on puisse prétendre est que ce triomphe est plus que mérité, tant cette pochade sociale frappe juste là où ça fait mal. Résumons. Une richissime famille coréenne s’ennuie dans une villa dont le seul salon affiche une surface équivalant, globalement, à celle d’un terrain de football. L’épouse, tant désœuvrée que délaissée, se demande comment les vraies mères font pour élever de véritables enfants, tandis que le maître de maison, tout aussi fatigué, s’entiche d’un nouvel homme à tout faire.
Ce dernier, malin comme pas deux, finit par faire engager toute sa famille, pour découvrir ensuite que celle de ses prédécesseurs survit depuis des années dans les caves de la maisonnée. Cruelle parabole de nos mégapoles mondialisées, entre vainqueurs et vaincus du système. Les beautiful people qui font du vélo d’appartement, tandis que des esclaves pédalent dans les rues, à toutes heures du jour ou de la nuit, pour leur apporter pizzas et sushis.
Le film est réjouissant ; à la fin plus encore, sans « divulgâcher » le dénouement, tel que dit par nos amis québécois en ce charmant néologisme, synonyme de l’infâme et anglais spoiler, quand riches et pauvres se mettent joyeusement sur la gueule lors d’un barbecue mondain.
Du coup, ce sont nos Misérables, film de Ladj Ly, ancien délinquant passé des caméras de vidéosurveillance à la caméra tout court, film projeté à l’Élysée devant un couple présidentiel tout émoustillé devant tant de transgression, qui s’en retourne en France, un brin bredouille. Autre starlette désappointée : Natalie Portman, qui s’était pourtant mise sur son trente et un, avec une robe de soirée arborant des noms de réalisatrices, histoire de dénoncer le fait que seuls des hommes aient été sélectionnés pour l’Oscar™ du meilleur réalisateur. Au prix de la robe de haute couture, on demanderait à se faire rembourser.
Hollywood en rabattrait-il donc sur ses dingueries passées ? Brad Pitt, mâle blanc de plus de cinquante ans, repart avec le trophée du second rôle. Et Renée Zellweger, ex-Bridget Jones, décroche le même, catégorie blonde aux yeux bleus. C’est à se demander.
Heureusement pour les amateurs de progrès, Joaquin Phoenix, décroche l’Oscar™ du meilleur acteur pour Joker, de Todd Philipps. Et sauve l’honneur sociétal avec un discours valant son poids de marshmallow : « On s’est donné le droit d’inséminer artificiellement une vache, quand elle met bas, on vole son bébé. Et ensuite, on prend son lait qui était destiné à ses petits, et on le met dans notre café et nos céréales. » Joaquin Phoenix, on s’en doutait, est un vegan de l’espèce militante, doublé d’un croisé LGBT.
Mais son discours cèle sa part de vrai, surtout quand rapporté à d’autres femelles, humaines, celles-là ; des femmes, en d’autres termes. Lesquelles, GPA oblige, sont artificiellement inséminées avant qu’on ne leur vole leur bébé. Cela, il n’y avait peut-être pas pensé. Mais on ne peut pas, non plus, penser à tout, surtout lorsqu’on est phare de cette même pensée. Enfin, ce que l’on en pense…
PS : Kirk Douglas a évidemment été distingué pour une longue carrière s’étant achevée à l’âge de 103 ans. L’occasion pour l’auteur de ces lignes, de rectifier une petite erreur : dans Les Sentiers de la gloire, le scénario n’est pas de Dalton Trumbo, blacklisté en plein maccarthysme, mais de Calder Willingham et Jim Thompson. Les plus cinéphiles de nos lecteurs auront rectifié d’eux-mêmes.
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