Où l’on reparle de l’affaire Julian Assange…

assange

La période de réserve nous impose de parler d'autre chose que du sujet qui nous intéresse depuis des mois. Pourquoi ne pas en profiter pour tourner notre regard vers ce que d'aucuns considèrent comme des détenus politiques ? Après tout, c'est un des motifs de mécontentement de Washington vis-à-vis de Moscou.

En Occident, bien sûr, c'est autre chose. Voyez le cas Assange. Julian Assange, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un hacker puis journaliste australien, aujourd'hui âgé de 50 ans. Détenu au Royaume-Uni, il risque d'être extradé ver les États-Unis dans les semaines qui viennent. Il est notamment célèbre pour avoir publié, sur son site WikiLeaks, des documents classifiés embarrassants pour les États-Unis. Suspicions de crimes de guerre en Afghanistan et en Irak, mails compromettants du parti démocrate, câbles diplomatiques des ambassades américaines... Tout au plus s'agit-il pour Assange, selon un concept qui lui est cher, de rééquilibrer l'accès à l'information entre les gouvernements et les citoyens, ceux-ci étant régulièrement désinformés par ceux-là.

On se doute que les États-Unis, et singulièrement le Pentagone, apprécient moyennement. Assange est traqué depuis 2010. Il est accusé d'espionnage et de divers autres chefs d'inculpation qui, mis bout à bout, lui font risquer la bagatelle de 175 ans de prison. Réfugié, après des péripéties rocambolesques, à l'ambassade d'Equateur à Londres, il y a vécu sept ans et a été naturalisé équatorien. Las ! Un nouveau président de l'Équateur l'a déchu de sa nationalité en 2019 - probablement parce que WikiLeaks avait révélé, peu de temps auparavant, qu'il était profondément corrompu. Une « vengeance personnelle », avait d'ailleurs affirmé l'ancien président équatorien. Dans la foulée, Assange a été arrêté par les Britanniques, puis incarcéré et mis à l'isolement complet, selon un régime réservé aux terroristes - alors que c'est un journaliste en détention provisoire.

Dans quelques semaines, le ministre de la Justice britannique Priti Patel va rendre son verdict sur l'éventualité d'une extradition d'Assange vers les États-Unis. Plusieurs prix Nobel, des centaines de médecins, des milliers d'avocats ont déjà dénoncé l'injustice de son traitement, la cruauté de ses conditions de détention et la partialité des juges. En vain. Le degré de soumission du Royaume-Uni aux Américains est difficilement mesurable. La France, elle, qui se prétend le flambeau des droits de l'homme, a protesté mollement quand les documents diplomatiques mis en ligne sur WikiLeaks ont révélé que ses hommes politiques de premier plan étaient écoutés depuis des décennies. Les Américains ont ri, et ils ont continué.

Ce samedi, la femme d'Assange, qui est aussi son ancien avocat et la mère de deux de ses enfants, a accordé un entretien à l'AFP, retransmis par Le Figaro. Elle semble espérer encore et dit redouter les conséquences d'une éventuelle extradition d'Assange sur tout le continent européen. Même si son mari n'est pas un saint, on peut convenir du fait que c'est un héros à sa façon. Dans notre monde où la « communauté internationale », c'est-à-dire le bloc occidental, sait se mobiliser , on attend avec impatience de savoir quelle sera sa réaction si les Anglais décident d'extrader Assange.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Pourquoi ne lanceriez-vous pas une pétition pour que la France accueille Julien ASSANGES, et bien évidemment le mette en prison à la prison de Nancy, réputée pour ses services offerts aux prisonniers.

  2. Le système occidental n’aime pas qu’on fouille dans ses affaires sordides…
    Où sont les défenseurs des droits de l’homme? Ils font aussi partie du système!
    Par « système », entendre une organisation de pouvoir, caché au plus grand nombre (qui continue à avoir une compréhension du monde inculquée par les médias et les politiciens « adoubés »), et qui donc, échappe au processus démocratique.

  3. Mr Macron devrait avoir le bon goût d’accueillir au Pays des « Droits de l’Homme », celui qui a dévoilé la sinistre politique américaine, et les conversations secrètes de ses ambassades à travers le monde. Tout ça pour nous informer, et nous rendre moins naïfs !!!. Grâce lui soit rendue. Le silence assourdissant des pays européens, prouve bien la mainmise de l’OTAN et des USA sur l’Europe de l’Ouest. J’ai honte de nos politicards !…

  4. Les états unis sont loin d’être une démocratie, Julien Assange n’a pas fait d’espionnage, il n’a fait que publier ce qui lui est parvenue, en tant que journaliste il avait parfaitement le droit. C’est un traitement arbitraire.

  5. Aucune réaction bien sûr à envisager de la part de ce « bloc occidental ». Une preuve de plus démontrant notre soumission aux États-Unis. Honteux.

  6. L’URSS avait Soljenitsine, l’Occident a Julian Assange. Même problématique quand des états totalitaires refusent que l’on informe le peuple de ce qu’ils tiennent à lui cacher.
    Avez-vous remarqué que ces personnes ont 2 qualifications. Ceux qu’ils dénoncent les traitent de « complotistes », ceux qui attendent leur révélations les appellent « lanceurs d’alerte ». Il est vrai qu’en leur temps, Zola ou Galilée étaient déjà des complotistes (ou des lanceurs d’alerte).

  7. S’acharner ainsi sur un homme qui dit la vérité ! Monstrueux ! Et tous complices ! Quand associations, pouvoir établi et  » personnalités » provoquent des émeutes pour défendre des moins que rien totalement inutiles, et qu’on abandonne un homme de bien dans les geôles sordides de l’ex-vertueuse Angleterre ..! Shame !

  8. Étonnant ces européens prêts à juger les russes pour crime contre l’humanité mais qui se voilent la face devant ceux des américains. Le en même temps macronien fait des ravages.

  9.  » Suspicions de crimes de guerre en Afghanistan et en Irak, mails compromettants du parti démocrate, câbles diplomatiques des ambassades américaines…  » Il semble qu’en matière de morale les américains et autres occidentaux n’ont pas de leçons à donner à la Russie.

    • Tous les pays sont à mettre dans le même sac car ils utilisent tous les mêmes méthodes y compris la France par l’intermédiaire des médias aux ordres de jupiter.

  10. Vous avez dit Américains, crime de guerre…. Bizarre, vous avez dit bizarre ? La guerre n’est pas le club med. Les civiles en subissent les conséquences.

    • Oui comme les civils français en subiront bientôt les conséquences avec la réélection probable de Macron qui fait tout pour nous entrainer dans un conflit direct avec la Russie.

  11. Quand on joue avec le feu il est inutile de pleurnicher de se faire brûler auprès du monde entier.

    • « brûler auprès de monde entier », vraiment? Votre « monde entier » est celui des soi-disant démocraties occidentales corrompues et inféodées à l’empire étasunien. Ouvrez les yeux.

    • Il est vrai qu’il est plus facile de baisser la tête, de marcher à genoux, de se coucher, d’obéir…être dans le conformisme le plus strict.. Je ne sais pas si Assange pleurniche mais il essaie de sauver sa peau. Je le respecte et ne lui arrive pas à la cheville. Pour quoi pleurnicher vous, vous? Pour plus de pouvoir d’achat ? Quel courage!

  12. Les USA son aussi brutaux que les Russes à l’encontre que ceux qui disent une vérité qui dérange

    • ils sont même pire que la Chine où ceux qui dérangent le pouvoir disparaissent sans laisser de traces.

  13. Qu’il est beau ce monde occidental qui donne des leçons de liberté au monde entier et qui condamne, chez lui, ceux qui diffuse cette même liberté. Il n’y a aucune différence avec la Chine, la Russie ou d’autres pays montrés du toi (tous ceux qui ne sont pas dans l’occident…) si ce n’est que les deux cités, eux, nous dispense de la leçon de moraline.

    • Ne jamais oublier que la France a refusé l’asile politique à Snowden ! Elle préfère rapatrier les jihadistes français de Syrie…

      • Assange a-t-il demandé l’asile à la Russie? Il aurait dû. Maintenant cela me semble trop tard puisque les britanniques, bon larbins, vont le déporter au USA.

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