Outre-Atlantique, la statue du général Lee a été fondue en catimini

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À Charlottesville, en Virginie, une statue de bronze à l’effigie du général Lee trônait sur une place depuis 1924. Le héros du camp confédéré pendant la guerre de Sécession méritait, en toute objectivité, qu’on lui rendît cet honneur. Officier remarquable, tacticien fulgurant, économe du sang de ses hommes, Robert E. Lee était opposé, au cours de ce sanglant et tragique conflit, à Ulysses S. Grant, un alcoolique à la carrière médiocre, chef discutable quoique fin politicien. C’est pourtant ce dernier qui deviendra président, au terme d’une guerre fratricide atroce dans laquelle le génie tactique et la cohésion nationale du camp sudiste devaient finalement s’incliner devant la puissance de régénération industrielle des usines du Nord. À chaque coup d’éclat du Sud, le Nord produisait du matériel en abondance, annulant ainsi l’effet des victoires confédérées. Le cheval contre le métal et la chevalerie contre la boutique : les États-Unis préfiguraient ainsi la disparition des valeurs traditionnelles. On peut lire à ce sujet Le Blanc Soleil des vaincus, de Dominique Venner. L’Histoire officielle a tout réécrit : on a fait des sudistes d’abominables esclavagistes, oubliant miraculeusement le racisme du Nord, qui considérait les Noirs comme de la main-d’œuvre bon marché. On a exalté la victoire des nordistes, passant commodément sous silence leur comportement après la guerre, et notamment celui des « carpet-baggers » venus coloniser l’ancien Sud exsangue.

Bref, en 2017, dans un prurit wokiste dont nous avons désormais l’habitude, un grand mouvement s’est produit aux États-Unis, demandant de déboulonner les symboles sudistes. Le conseil municipal de Charlottesville est entré dans la danse : il a voté la mise à bas de la statue de Lee. Très rapidement, ce monument a cristallisé les oppositions qui fracturent l’Amérique : suprémacistes et antifas se sont violemment affrontés, il y a eu des morts et la statue, finalement, a été déboulonnée, comme prévu.

On apprend aujourd’hui que c’est dans un lieu secret, en catimini, qu’on a fait fondre l’effigie honnie - comme si les braves gens n’avaient pas la conscience tranquille. Jalane Schmidt, l’une des promotrices du projet, considérait cette statue comme un « déchet toxique », selon les mots que rapporte le Washington Post. Elle et ses compagnons de lutte ont longuement regardé brûler le visage régulier et martial du héros du vieux Sud, « un moment sérieux et solennel ». Lee a ensuite été transformé en blocs de bronze. Madame Schmidt, ainsi qu’une certaine Andrea Douglas, directrice du Centre Jefferson pour l’Héritage afro-américain (où la statue avait été transférée avant d’être fondue) et quelques autres, vont maintenant lancer un concours artistique pour réemployer le bronze de cette statue. Le nom du gagnant de ce projet sera dévoilé en 2024, soit un siècle après l’inauguration du monument, à une époque où l’histoire des États-Unis n’était pas totalitaire. La nouvelle œuvre sera inaugurée en 2027, soit dix ans après la manifestation « Unite the Right » qui avait rassemblé les nostalgiques du Sud face aux antifascistes.

Ainsi vont les choses, en Occident. La damnatio memoriae, nom latin pour désigner un procédé vieux comme le monde, a frappé certains rois égyptiens, certains empereurs romains. Elle consiste à faire disparaître jusqu’au souvenir de quelqu’un (à « annuler », comme disent les wokistes). On en retrouva la trace avec la frénésie de salissure et de destruction des révolutionnaires, en 1792 ou en 1917. Aujourd’hui, il est encore question de marteler les emblèmes, de faire fondre les statues, de brûler les livres, d’interdire les contenus. La haine écumante de ceux qui prétendent lutter contre la haine ne connaît pas de limites. Le général Lee est désormais bien loin de ces querelles. Le vieux Sud, celui de Margaret Mitchell, aussi.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Même si c’est très succinct, merci de remettre l église au milieu du village. Les sudistes, dans leur très grande majorité ne méritaient pas l étiquette que les nordistes leur avaient collé dans le dos. Malheureusement, comme toujours, ce sont les vainqueurs qui écrivent l histoire… et ces vainqueurs ne sont pas les chevaliers blancs qu ils disaient être…

  2. Ce qui est intéressant c’est qu’on connait le nom de l’instigatrice. Maintenant on peut aller lui demander des comptes … Franchement détruire les gloire du passé par simple idéologie, le monde est devenu fou.

  3. On dit que la guerre de secession a été gagné militairement par le Nord, mais politiquement par le Sud. Moins de 10 ans après la reddition du Sud, la segregation avait remplacé l’esclavage, le Ku Klux Klan avait fait son apparition et avait infiltré tous les rouages des anciens états confédérés. Il faudrait un siècle avant que les Noirs obtiennent les mêmes droits civiques que les Blancs. Nous assistons aujourd’hui à un dernier épisode bien superflu, qui n’apporte pas grand chose à la condition des Noirs américains, mais risque de raviver d’anciennes confrontations.

  4.  » Le nom du gagnant de ce projet sera dévoilé en 2024″ annonce le chroniqueur. Je crains le pire : une statue représentant un.e transgenr.e, peut-être ? Les paris sont ouverts …

  5. Cette guerre avait avant tout un but économique . Les nordistes se considérant défavorisés par l’apport de l’esclavage des sudistes. En clair, ce n’était pas un conflit pour libérer les Noirs mais pour rétablir un équilibre favorable pour le Nord

  6. Excellent article, qui oublie toutefois de préciser que le Nord était esclavagiste au déclenchement de la guerre de sécession… Ce n’est donc absolument pas la raison de cette guerre civile.
    Cette « story », n’est là que pour camoufler que sans les esclaves, le Sud cotonnier ne pouvait survivre, a l’époque. Ce Sud si riche que le Nord enviait et jalousait, et qu’il fallait donc abattre pour s’enparer de ses richesses.
    Le Général Lee, issue de ce milieu sudiste cultivé et conservateur, excellent officier de cavalerie et connaissant bien le Nord pour y avoir fait l’essentiel de sa carrière, était aimé et admiré de tous, y compris ses anciens camarades. On peut lui reprocher son élégance qui le poussera à épargner New York et Washington au tout début de la guerre. Pour remercier le Sud, Sherman et Grant mettront à sac Atlanta et Savanah…
    Relire « Autant en emporte le vent » est extrêmement instructif sur tous ces points et sur ce qu’il adviendra des noirs libérés après la guerre… On y apprend également que le Sud était Démocrate! Amusant, non? De voir nos Démocrates d’aujourd’hui tellement woke et défenseurs du « vivre ensemble », et donc à front renversé par rapport à cette période…

    • Lire ou relire « Autant en emporte le vent ». Excellente idée, à condition que cet ouvrage n’ait pas encore fait l’objet d’une réécriture.

  7. Détruire le passé et l’histoire est criminel et devrait être puni sévèrement . Qu’ont ils donc à agir ainsi , pourquoi cet acharnement et personne pour les arrêter . Quioi qu’il arrive l’histoire se souviendra d’eux et ils n’auront pas la chance d’avoir une statue . L’histoire se souviendra du mal qu’ils font .

  8. Sociétés multi-ethniques = nivellement par le bas = médiocrité absolue = violences extrêmes = décadence = dégénérescence = disparition
    Étonnant non?

  9. Ces wokistes me semblent bien proches de Staline, daesh, talibans et consort. Cette victoire du nord sur le sud ressemble étrangement à 14 18 et 39 45 où les erreurs stratégiques monumentales étaient compensées par la puissance industrielle du camp du bien. Cela n’augure rien de bon pour la prochaine confrontation Chine -usa bien que la dite chine géante s’est pris une sérieuse déculottée en tentant d’envahir le Vietnam. C’est à n’y rien comprendre.

  10. L’inculture semble la religion de tous ces illuminés. Détruire, effacer, réécrire l’histoire c’est tout ce qu’ils savent faire. Mais il est bien regrettable ces personnes aient réussi à avoir autant de poids et ne trouvent sur leur chemin que bien peu d’opposition. Transmettons notre héritage, invitons notre jeunesse à aimer notre passé, provoquons des débats avec ces destructeurs et alors seulement nous pourrons les vaincre.

  11. Quel article ! Bravo Arnaut Florac !
    Je désespérais de trouver un jour un jugement aussi lucide sur les motivations réelles des « Yankee » lors de la conquête du  » Sud ! Un jeune américain « extra », Willy C., m’avait exposé les mêmes arguments dans les années 1950. Il s’affichait toujours et courageusement comme un « Rebel » sudiste et n’avait vraiment rien d’un esclavagiste !
    Il avait simplement fort bien jugé, trois quarts de siècle avant le wokisme, l’art consommé de l’avant-garde mondialiste pour toujours avancer d’efficaces et très morales justifications à ses entreprises de rapines !

    • Je vous rejoins en tous points ! Enfin une explication claire et concise, mais comme dans beaucoup de faits de guerre et pas seulement, combien regardent de l’autre côté du décors, combien ne travestissent-ils pas les faits ?
       Comme le dit si justement Arnaud Florac : « la damnation mémorae » a existé, existe et existera, et sa conclusion en est la démonstration, l’Homme est ainsi fait.

  12. Cela fera des générations futures d’Américains de bons immémoriaux, de dociles imbéciles heureux. Il s’agit surtout d’empêcher que la secte des Eveillés n’oblige au même travail chez nous.

  13. Quel beau pays où on brûle « Asterix « et où on fond la statue d’un personnage qui fait partie de son histoire. Encore un peu de patience et on finira bien par y gratter le nom de certains, jusque sur leur pierre tombale.

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