Panne des paiements par carte bancaire, la menace du « tout numérique » ?

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Samedi 21 octobre, une panne gigantesque des terminaux de paiement électroniques est survenue dans de nombreuses enseignes : Monoprix, Carrefour, Auchan, McDonald's, Ikea, SNCF, etc… du nord au sud de la France, comme le rapportent de nombreux titres de la PQR. À la caisse, de nombreux clients ont été obligés de payer « à l’ancienne », en liquide, quand ils n’ont pas, tout bonnement, abandonné leur panier de courses au milieu des magasins, dans le bruit et la fureur.

Que s’est-il passé ?

Selon Le Figaro, le fournisseur de services monétiques Worldline a connu une panne entre 12 h 30 et 13 h 15. Ce n’était ni une « cyberattaque » ni un « problème du réseau de paiement CB », explique le groupement Carte bancaire. Pour Jean-Baptiste Giraud, d'Économie Matin, « cette panne majeure des paiements par carte bancaire illustre la dépendance croissante envers les paiements électroniques et la nécessité, pour les infrastructures de paiement, de rester robustes et sécurisées afin de minimiser les interruptions et les inconvénients pour les commerçants et les consommateurs ».

Quarante et un millions de transactions par carte bancaire se font tous les jours, en France, un geste automatique pour les Français, tant le paiement électronique est entré dans les mœurs depuis l’invention de la carte à puce, dans les années 70. Aujourd’hui, la part des paiements en espèces baisse significativement, même si elle se maintient à 50 % en France, au profit d’autres moyens de paiement, cartes bancaires en tête.

Pourtant, selon une récente étude de la Banque de France, 57 % des consommateurs en France considèrent qu’il est important d’avoir la possibilité de payer en espèces, 60 % pour la zone euro, « ils soulignent deux avantages associés à ce mode de paiement : une meilleure gestion des dépenses et la protection de la vie privée », souligne le rapport.

Dématérialisation des transactions, tout numérique, promotion de l’identité numérique : autant de techniques qui, si elles semblent faciliter la vie quotidienne, restent à la merci d’une faille technique, comme l’a montré l’épisode de samedi dernier, qui n’est pas le premier de ce type.

La fin de l'anonymat : une menace « extrêmement grave »

Mais au-delà de l’aspect purement technique, on peut y voir également un appel à la réflexion : n’y a-t-il pas, effectivement, une menace directe pour l’exercice de nos libertés individuelles ?

Contacté par BV, Nicolas Dupont-Aignan réagit : la fin des paiements en liquide, « c’est la fin de l’anonymat et la traçabilité de tous les paiements, martèle-t-il. Aujourd’hui, les banques n’ont pas le droit, sauf réquisition judicaire, de transmettre à l’État [les données des cartes bancaires]. […] Quand vous aurez un euro numérique, il n’y aura plus la frontière de la banque. […] En Autriche, le chancelier a dit qu’il constitutionnaliserait les espèces. »

En effet, « en Autriche, argumentait récemment le chancelier Karl Nehammer, 47 milliards d’euros sont retirés, chaque année, aux distributeurs automatiques de billets et, en moyenne, chaque Autrichien transporte 102 euros en espèces. […] C’est pourquoi, en tant que chancelier de cette République, je m’engage à faire en sorte que l’argent liquide soit protégé par la Constitution en tant que moyen de paiement. » La fin de l'argent liquide impose a minima un changement de mode de vie. « C’est une société abominable de traçabilité et de fin de l’anonymat, reprend Nicolas Dupont-Aignan. Même Christine Lagarde a reconnu la fin de l’anonymat avec l’euro numérique. […] La jonction euro numérique-identité numérique-monnaie unique est mortelle pour l’individu et les libertés individuelles. Et c’est tellement proche qu’il faut lancer une grande mobilisation dans le pays. Tout est écrit, c’est pour 2027-2028, avec l’identité numérique en 2030. Ce qui se prépare est extrêmement grave, ce n’est pas du tout anodin pour la liberté d’entreprendre, pour la liberté de consommation, la liberté de se déplacer. Cela paraît de la science-fiction, mais c’est demain matin. »

Comment réagir ?

Nicolas Dupont-Aignan croit à la force du peuple, à une réaction « par des mouvements d’opinion comme cela s’est fait en Suède ou en Autriche. Je demande, par exemple, aux militants de retirer, chaque semaine, 20 euros et de payer en espèces. […] On a, ici, un combat magnifique où chaque personne, individuellement, peut changer le cours des choses. Il faut bloquer ce que j’appelle cette tentation totalitaire. » Il avertit : « L’étape d’après, c’est le paiement par reconnaissance faciale comme en Chine. L’homme sera alors devenu un robot. »

Il ne s’agit évidemment pas d’aller contre le progrès qu’offrent la numérisation des moyens de paiement, gain de temps et de productivité, et la fluidité des transactions. L’usage qui peut en être fait est, en revanche, problématique. Et avec le projet européen de l’euro numérique (2027-2028) et celui de l’identité numérique, une menace considérable pèse sur l’existence même de nos libertés individuelles. C’est pour demain !

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Une économiste prenant la défense des petits consommateurs disait : les riches ont l’évasion fiscale, les petites gens, les espèces donc résistons

  2. Cela fait déjà cinq ans que je règle un maximum d’achat en espèces, je ne m’en porte pas plus mal, mais ce sont surtout les commerçants qui s’en réjouissent!

  3. Aucune crainte à avoir ! Comment ferait-on pour payer sa dose de drogue ? On assisterait à un soulèvement des banlieues généralisé. Et pour les dessous de table qui financent certains élus ? Il n’y a vraiment aucun danger …

  4. Une déportée racontait récemment dans un reportage que lorsqu’elle est arrivée à Auchwitz, on lui a tatoué un numéro sur le bras en lui disant « ici vous n’êtes plus un humain, vous êtes un numéro »…Nous y sommes, la traçabilité de nos données de santé est déjà à l’oeuvre, avec envoi dans des bases de données américaines de tous nos achats de médicaments en pharmacie !

  5. Le dynamisme d’une société est dépendant de la facilité avec laquelle les paiements circulent. La machine est déja bien grippée. N’oublions pas que la disparition du liquide donnera aussi un pouvoir exorbitant au banquier, et il faudra se demander si ficher par exemple des gens à la Banque de France pourra être maintenu dans sa forme actuelle, car il s’agirait d’une mort sociale incontournable, si le liquide n’existe plus. Moi, je paye tout en liquide quand c’est encore possible. Il faut résister.

  6. La volonté de mettre les citoyens sous contrôle est évidente. L’année dernière j’ai acheté une parcelle forestière pour 3200 €, le notaire a demandé, au nom de la loi, que je justifie l’origine de mes fonds. Est ce que les acheteurs de Mercedes et autres voitures de luxes sont soumis aux mêmes exigences ?

    • 3200 euros … Il a vraiment fait du zèle. Ce qui me fait marrer, c’est que cela dépend des régions. Je peux vous assurer qu’un banquier en Corse ne s’amuse pas à ça. Dans l’ile, il y a encore beaucoup de liquide qui se ballade.

  7. Non et non à cette dictature..et à tous les malotrus dangereux et pervers ..sans liquide nous serons malheureux…finir sa vie dans cette France malsaine me donne la nausée..et jusqu’à la fin je dirais non à la manipulation.

  8. Si la carte bancaire à facilité la vie, elle a hélas contribué à ruiner la vie de beaucoup. Maîtriser ses dépenses est plus difficile et les fins de mois rendues plus douloureuses nécessitant un calcul et une rigueur dans la gestion. Je me souviens d’une époque où je voyais ma grand-mère faire tous les mois ses enveloppes, nourriture, chauffage, cadeaux, etc … après avoir réservé une partie de la paie (au cas où…!) il est vrai que les comptes en banque n’étaient pas obligatoires, le crédit rare, pour certains il existait « les bons de la Semeuse » qui permettaient de rembourser un achat à tempérament, mais il y a très très longtemps.

  9. il faut savoir que tout les paiements par carte sont tracés , et que le jour ou ils voudront taper dans les comptes il ne restera que les especes pour sauver notre argent

  10. Via le règlement en espèces nous avons le pouvoir d’imposer notre volonté. Alors bon sang, profitons-en ! Toutefois, M. Dupont-Aignan, avec un retrait de 20 €, on ne va pas loin !

  11. Depuis un an, à part quelques paiements style gazole aux bornes automatiques, je paie tout en liquide dans les commerces, sans contrainte supplémentaire. Le tout numérique (euro, identité, fiscalité, santé, etc) , c’est la mort, à terme, de notre liberté et le règne sans partage de la caste big-brother.
    Un jour, comme ma banquière me disait qu’elle connaissait mes revenus, mais ne voyait pas mes dépenses, j’ai dû lui répondre poliment que je n’avais pas l’habitude de me déshabiller devant un banquier.

  12. Il faut reconnaître que le travail au noir fait vivre des personnes ayant de faibles moyens et qui sans cela tomberaient dans la pauvreté ou la misère. Cette seconde économie sous-jacente, si elle était supprimée, précipiterait plusieurs Français vers les minimas sociaux et allocations, aides diverses, etc. L’État aurait plus à perdre qu’à gagner, mais les énarques sont-ils capables de comprendre le fonctionnement de l’économie réelle ?

    • Tout à fait sans parler de tous les petits bricolages dépannages qu’aucun artisan n’accepte car trop onéreux en déplacement et en temps

  13. Oui tout le monde devrait payer en argent liquide pain , magazines , autres petits achats . La banque prélève une certaine somme pour chaque transaction , inadmissible . De plus s’ils enlèvent l’argent liquide , fini les marchés aux puces , les achats sur le bon coin etc . Avec la carte ils tracent tous vos achats ne les laissons pas faire .

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