Pap Ndiaye ambassadeur : ça passe mal chez les diplomates. Ah bon ?

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Pap Ndiaye, Minister of National Education and Youth
Council of Ministers at Elysée Palace, Paris, France - 22 Feb 2023
©Alfonso Jimenez/Shutterstock (13778448j) Pap Ndiaye, Minister of National Education and Youth Council of Ministers at Elysée Palace, Paris, France - 22 Feb 2023

« Ils n'ont pas honte », titre Marianne, reprenant les propos d'un diplomate français, que l'on devine quelque peu agacé, qui réagissait à la nomination de Pap Ndiaye comme ambassadeur de France au Conseil de l'Europe. Évidemment, qu'ils n'ont pas honte, les politiciens macronistes, et leur chef moins que les autres. Cette nomination éminemment politique, appuyée sur le recasage et le copinage bien plus que sur la compétence, ne surprendra que les naïfs. Dès l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron avait mis en extinction, par décret, les grands corps des conseillers des affaires étrangères et des ministres plénipotentiaires, laissant à l'entière discrétion du pouvoir politique la nomination des ambassadeurs. Il rompait, en cela, avec la tradition française qui formait des élites diplomatiques que le monde entier, pour une fois, nous enviait. La France possède le deuxième réseau d'ambassades du monde : il faut bien que tout le monde puisse en profiter.

Avec un humour teinté d'amertume, le diplomate interrogé par Marianne ajoute qu'« il faut bien payer l'École alsacienne » [école privée parisienne où sont scolarisés les enfants de l'ancien ministre, NDLR]. Est-ce l'une des raisons de cette nomination, avec le fait de pouvoir, selon la même source, « rester à Paris » en occupant ce poste ? Allez savoir... Pap Ndiaye et son entourage arguent de la compétence de l'ancien ministre en matière de lutte contre le racisme et de connaissance de l'histoire sociale de l'Amérique. Cela n'a rien de rassurant, mais c'est au moins intéressant de voir que ces combats sont censés faire partie de la fiche de poste d'un ambassadeur au Conseil de l'Europe. « Résignation et lassitude » sont donc palpables du côté des diplomates, qui savent bien que leur formation exigeante et les années qu'ils ont passées à l'étranger pour se former aux subtilités de leur métier ne valent pas grand-chose s'il y a un copain à recaser dans le coin.

Plus encore, tout se passe comme si Emmanuel Macron ne voulait pas seulement, comme n'importe quel chef pensant que tout est permis, donner des prébendes à ses amis sans se soucier de leur adéquation au poste. On a le sentiment qu'il y a, chez lui, une volonté d'humilier les grands serviteurs de l'État. Il a commencé avec les armées, en provoquant le départ du général de Villiers. Il a poursuivi avec l'ENA, dont il sort, et dont il a souhaité la transformation en INSP pour donner des gages, pensait-il, aux gilets jaunes, qu'il prenait, avec la myopie de sa caste, pour des sans-culottes envieux des élites. Et puis vint le tour des diplomates, dont la nomination de Pap Ndiaye n'est qu'une des modalités symboliques - une anecdote, presque.

Vers la chute ?

Notre époque fait décidément penser à Rome. Il y eut, à la fin de l'Empire, l'édit de Caracalla (212), qui « régularisa massivement » comme citoyens romains des sujets qui, auparavant, devaient mériter leur naturalisation. C'était la fin de la fierté du civis romanus, un titre que l'on n'avait plus à conquérir et qui cessait, au même moment, d'être digne de respect. Il y eut Héliogabale (empereur de 218 à 222), qui se « maria » avec des hommes, demanda à être appelé « elle » et souhaita être mutilé pour avoir les deux sexes. Il y eut la délégation de la garde du « limes », les frontières de l'Empire, à des bandes de barbares, entérinant la démission de l'État et la création de zones de non-droit. Mais, bien avant tout cela, il y eut le troisième des douze Césars immortalisés par l'œuvre de Suétone : Caligula (empereur de 37 à 41). Successeur du vieux Tibère, ce petit homme irrationnel, cruel, violent prenait un plaisir particulier à humilier la vieille aristocratie (l'ordre équestre de Rome) et les sénateurs, qui venaient de familles patriciennes formées à l'exercice du pouvoir. Parmi d'autres délires, Caligula, pour montrer qu'il faisait ce qu'il voulait, imagina un jour de nommer consul son cheval Incitatus, à qui il avait déjà fait faire une mangeoire en marbre et une housse de pourpre. Il paraît que ce fait du prince précipita son assassinat par les soldats de sa garde.

Pap Ndiaye est évidemment un universitaire de renom et n'a rien à voir avec Incitatus, mais sa nomination, aux yeux du Quai d'Orsay (qui s'y connaît), n'en semble pas plus légitime. Chose amusante, Caligula parvint au pouvoir, selon certaines sources, avec la complicité d'un préfet du prétoire, un homme retors et violent, qui accepta d'être fait cocu par Caligula en espérant en tirer un profit personnel. On attribuait à ce préfet la mort par étouffement de l'empereur Tibère ainsi que la persécution des chevaliers et des sénateurs romains. Ce préfet arriviste et méprisable s'appelait Naevius Sutorius Macro - en français, Macron Quand on pense que l'histoire antique n'est plus enseignée par l'Éducation nationale... C'est peut-être à cela que Gabriel Attal devrait s'atteler.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Destruction lente de la France par Macron certes mais avec la complicité des français qui ont voté ou pas voté. Pleurons maintenant.

  2. le prochain président en espérant que ce ne soit pas la même engeance, aura un sacré ménage à faire ! il faut que ça arrive vite, même avant 2027 si possible !

  3. Moins ils ont de talent, plus ,ils ont d’orgueil, de vanité, d’arrogance. Tous ces fous trouvent cependant d’autres fous qui les applaudissent. ( Erasme. 1509 )

  4. Macron ne peut s’empêcher de tout détruire . Il nargue le peuple et dilapide nos impôts pour recaser les copains .

  5. Il est regrettable que face à de telles humiliations, ces grands serviteurs de l’état ne donnent pas leur démission. Mais, peut être que la soupe est trop bonne et l’honneur de la fonction une donnée négligeable. On pourra toutefois noter que c’est encore dans le métier des armes que certains ont préféré démissionner que se coucher. Honneur à eux.

  6. Trés intéressant rappel historique de l’histoire de Rome , toute ressemblance avec notre époque est bien entendu fortuite.

  7. On aurait pu le nommer ambassadeur au Sénégal , mais non , il est bombardé dans un poste prestigieux au niveau des institutions européennes , un poste politique , ou il ne représentera qu’une minorité de Français . Mais préparera l’arrivée de son maitre Jupiter à des fonctions à la mesure de son égo cosmo-planétaire.
    Pour le reste il n’est pas le seul ministre ou sous-ministre propulsé dans des fonctions prestigieuses .

  8. De la décadence « romaine ? » ou l’histoire, se répèterait-elle, ne changeant que quelques noms et détails ?
    Il y eut Héliogabale (empereur de 218 à 222), qui se « maria » avec des hommes ». Ça nous rappelle quelque chose…
    « Il y eut la délégation de la garde du « limes », les frontières de l’Empire, à des bandes de barbares, entérinant la démission de l’État et la création de zones de non-droit ». Ça nous rappelle encore quelque chose…
    « Caligula (empereur de 37 à 41) petit homme irrationnel, cruel, violent, prenait un plaisir particulier à humilier la vieille aristocratie et les sénateurs (le 49.3 n’existait pas encore, cependant), qui venaient de familles patriciennes formées à l’exercice du pouvoir ». Ça nous rappelle toujours quelque chose…
    “Caligula, pour montrer qu’il faisait ce qu’il voulait (ça nous rappelle…), imagina un jour de nommer consul son cheval Incitatus ». Des pouliches aussi ?
    « Le préfet arriviste et méprisable de Caligula s’appelait Naevius Sutorius Macro ». Par Jupiter, Macro ! C’est une blague ?

    Iuppiter ipsa repetit historia!

    • Le peuple Français ? Ça existe encore ? C’est plutôt un patchwork et Macron l’agent US, n’en a cure. Mais le peuple se réformera, mais ce n’est pas encore d’actualité.

  9. Je plussoie complètement votre commentaire. Dès que macron touche à quoi que ce soit c’est pour le détruire et nuire aux français.

  10. Quel article, que de vérités, mais vous oubliez une chose, il (macron) a également détruit la colonne vertébrale de l’Etat: les préfets, même si celui qui a mis sur pied ces « grands serviteurs », Napoléon, serviteurs pour certains pas trés méritants, et « inventeur » tyrannique qui n’est pas ma tasse de thé.
    Certaines récentes nominations d’individus que j’ai eu à gérer professionnellement me laisse songeur ! Mais il faut également reconnaitre que nombre de ces « ambassadeurs » et autres « hauts fonctionnaires » ne réagissent pas à la hauteur de l’affront qui leur est fait.

  11. «  tout ce que macron touche il le transforme en m…. »
    Cette phrase aurait été prononcé par D Trump . Je ne sais si c’est vrai concernant D Trump mais c’est exact concernant le locataire à l’Élysée

    • Je plussoie complètement à votre commentaire . Dès que macron touche à quoi que ce soit c’est pour détruire ou nuire aux français.

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