Pap Ndiaye ambassadeur : ça passe mal chez les diplomates. Ah bon ?
4 minutes de lecture
« Ils n'ont pas honte », titre Marianne, reprenant les propos d'un diplomate français, que l'on devine quelque peu agacé, qui réagissait à la nomination de Pap Ndiaye comme ambassadeur de France au Conseil de l'Europe. Évidemment, qu'ils n'ont pas honte, les politiciens macronistes, et leur chef moins que les autres. Cette nomination éminemment politique, appuyée sur le recasage et le copinage bien plus que sur la compétence, ne surprendra que les naïfs. Dès l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron avait mis en extinction, par décret, les grands corps des conseillers des affaires étrangères et des ministres plénipotentiaires, laissant à l'entière discrétion du pouvoir politique la nomination des ambassadeurs. Il rompait, en cela, avec la tradition française qui formait des élites diplomatiques que le monde entier, pour une fois, nous enviait. La France possède le deuxième réseau d'ambassades du monde : il faut bien que tout le monde puisse en profiter.
Avec un humour teinté d'amertume, le diplomate interrogé par Marianne ajoute qu'« il faut bien payer l'École alsacienne » [école privée parisienne où sont scolarisés les enfants de l'ancien ministre, NDLR]. Est-ce l'une des raisons de cette nomination, avec le fait de pouvoir, selon la même source, « rester à Paris » en occupant ce poste ? Allez savoir... Pap Ndiaye et son entourage arguent de la compétence de l'ancien ministre en matière de lutte contre le racisme et de connaissance de l'histoire sociale de l'Amérique. Cela n'a rien de rassurant, mais c'est au moins intéressant de voir que ces combats sont censés faire partie de la fiche de poste d'un ambassadeur au Conseil de l'Europe. « Résignation et lassitude » sont donc palpables du côté des diplomates, qui savent bien que leur formation exigeante et les années qu'ils ont passées à l'étranger pour se former aux subtilités de leur métier ne valent pas grand-chose s'il y a un copain à recaser dans le coin.
Plus encore, tout se passe comme si Emmanuel Macron ne voulait pas seulement, comme n'importe quel chef pensant que tout est permis, donner des prébendes à ses amis sans se soucier de leur adéquation au poste. On a le sentiment qu'il y a, chez lui, une volonté d'humilier les grands serviteurs de l'État. Il a commencé avec les armées, en provoquant le départ du général de Villiers. Il a poursuivi avec l'ENA, dont il sort, et dont il a souhaité la transformation en INSP pour donner des gages, pensait-il, aux gilets jaunes, qu'il prenait, avec la myopie de sa caste, pour des sans-culottes envieux des élites. Et puis vint le tour des diplomates, dont la nomination de Pap Ndiaye n'est qu'une des modalités symboliques - une anecdote, presque.
Vers la chute ?
Notre époque fait décidément penser à Rome. Il y eut, à la fin de l'Empire, l'édit de Caracalla (212), qui « régularisa massivement » comme citoyens romains des sujets qui, auparavant, devaient mériter leur naturalisation. C'était la fin de la fierté du civis romanus, un titre que l'on n'avait plus à conquérir et qui cessait, au même moment, d'être digne de respect. Il y eut Héliogabale (empereur de 218 à 222), qui se « maria » avec des hommes, demanda à être appelé « elle » et souhaita être mutilé pour avoir les deux sexes. Il y eut la délégation de la garde du « limes », les frontières de l'Empire, à des bandes de barbares, entérinant la démission de l'État et la création de zones de non-droit. Mais, bien avant tout cela, il y eut le troisième des douze Césars immortalisés par l'œuvre de Suétone : Caligula (empereur de 37 à 41). Successeur du vieux Tibère, ce petit homme irrationnel, cruel, violent prenait un plaisir particulier à humilier la vieille aristocratie (l'ordre équestre de Rome) et les sénateurs, qui venaient de familles patriciennes formées à l'exercice du pouvoir. Parmi d'autres délires, Caligula, pour montrer qu'il faisait ce qu'il voulait, imagina un jour de nommer consul son cheval Incitatus, à qui il avait déjà fait faire une mangeoire en marbre et une housse de pourpre. Il paraît que ce fait du prince précipita son assassinat par les soldats de sa garde.
Pap Ndiaye est évidemment un universitaire de renom et n'a rien à voir avec Incitatus, mais sa nomination, aux yeux du Quai d'Orsay (qui s'y connaît), n'en semble pas plus légitime. Chose amusante, Caligula parvint au pouvoir, selon certaines sources, avec la complicité d'un préfet du prétoire, un homme retors et violent, qui accepta d'être fait cocu par Caligula en espérant en tirer un profit personnel. On attribuait à ce préfet la mort par étouffement de l'empereur Tibère ainsi que la persécution des chevaliers et des sénateurs romains. Ce préfet arriviste et méprisable s'appelait Naevius Sutorius Macro - en français, Macron Quand on pense que l'histoire antique n'est plus enseignée par l'Éducation nationale... C'est peut-être à cela que Gabriel Attal devrait s'atteler.
Thématiques :
Pap NdiayePour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
50 commentaires
Les temps anciens nous apprennent que le pouvoir et devenu une addiction pour faire passer ses idéaux et une politique progressiste chère a cette Europe. Le parachutage de Pap Ndiaye va peut être dans le même sens de cette Europe progressiste. Les subtilités et les arcanes politiques donnent toujours de bonnes raisons pour renforcer des idéologies avec a la clé des prehenbes conséquents.
Ah, oui, ce rappel de la culture historique Gréco-Romaine est excellent.
C’est là que l’on se rend compte que l’enseignement Français n’est pas à la hauteur : ni « La Providence » d’Amiens, « Henri IV » de Paris, « Sciences Po », l’Université de Nanterre et l’ENA n’ont permis à M. Macron « passionné par les « Lettres » de l’acquérir.
Je dis toujours que l’histoire est un éternel recommencement, il va falloir faire un sacré nettoyage, mais pour ça il faut que les électeurs se sentent « concernés » en un seul mot, car en ce moment ils le sont en » deux mots » et de toutes parts.
bon c’est vrai des nominations totalement surréalistes mais n’oublions pas que ce gouvernement c’est mickey et tous ses amis ils n’ont aucun pouvoir on sait bien d’ou les ordres viennent d’ailleurs
La Macronie dans toute sa splendeur ; virer un incompétent ministre pour lui proposer ensuite un poste » d’ambassadeur » ! Ne cherchez pas l’erreur ; l’erreur ,c’est Macron lui même . Si ça ce n’est pas du mépris , il faut m’expliquer . » La politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire » ( Voltaire )
Lamentable …dans cette nouvelle ère politique tous copains mais cela prend vraiment trop d’importance dangereuse et humiliante pour tous .
N’oublions jamais le programme électoral de cet individu pour les présidentielles 2022 , ça tient en une seule phrase
« moi ou le chaos «
Nous avons donc quand même le pire chaos de toutes les Républiques, mais surtout nous avons toujours ce type a l’Élysée
La France n’a jamais connu pire président que Macron et pourtant depuis Mitterrand on avait fait fort ! Mais là c’est le pompon ! Nominations totalement farfelu de ce type d’individus, des connaissances proches sans formation nommées ambassadeurs, préfets ou à des postes extraordinaires payés avec nos impôts à rien faire. Et ce n’est que la face visible de l’iceberg…
Serions-nous sous régime dictorial machiavélique, cela ne se passerait pas autrement ! Le Monde diplomatique est outré ? Mais que pense donc le con-tribuables spoliés du recasage de tous ces nuls ayant gravement échoué dans les fonctions pour lesquelles ils ont été nommés et grassement entretenus à leurs frais ? Le payeur aura t’il le droit de savoir combien lui coûtent tous ces parasites incompétents ? Et si on faisait payer les décideurs, peut-être reckechiraient-ils avant de faire des cadeaux en or à leurs petits copains ? Est-ce que cela se passe de la même façon dans le demicrayies véritables ?
Sur les nominations Vladimir Putin ce sentirait il moins seul ?
Beau parallèle avec la décadence romaine .
Déconstruction Macronienne bien orchestrée et indigne …
Un anti-francais ambassadeur de France, où est le problème ?
Chez Macron , la principale qualité d’un haut employé de l’état est l’incompétence. Vient ensuite l’obéissance au grand chef de la République qui devient bananiere. Il s’entoure de gens de mauvaise qualité pour pouvoir continuer à régner en maître. Cette nomination honteuse d’un ex ministre incapable en est la preuve. Jusqu’où ira ce destructeur de la France ?
Il est évident que chez Macron, le sens de la diplomatie est remplacé par celui de la provocation. Et merci M. Florac de nous rappeler l’histoire de Tibère, Caligula et Macro(n), car elle s’est très mal finie pour ce dernier !
La Chute de Rome, et de la France dans 4 ans !!
Pap n’était sans doute pas le bon choix pour faire un ministre alors que si le choix de nommer une personne à un siège de ministre c’est évidement de choisir la meilleur pour servir la France alors avoir choisi pap comme le meilleur c’est dire le reste. Lamentable représentation déjà que nous avons élu un chef ancien banquier pour le reste c’est dire.
Seul bémol quand vous dites que « Pap Ndiaye est un universitaire de renom ».
En quoi l’est-il ?
Dans un domaine où la connaissance n’a que peu d’importance.