Pap Ndiaye : un discours pour dire ce qu’il aurait fait s’il avait été ministre

Pap Ndiaye

À force d’avoir voulu plaire à tout le monde, Pap Ndiaye n’aura satisfait personne. Et son discours de passation de pouvoirs, ce 20 juillet, à son successeur Gabriel Attal n’a rien qui puisse éventuellement arranger les choses, bien au contraire, sachant qu’il s’agit là d’une sorte de catalogue de tout ce qu’il aurait pu faire quand il était ministre et ne fera encore moins depuis qu’il ne l’est plus.

En guise d’introduction, un subtil mélange entre Jean-Michel Blanquer et Alain Finkielkraut : « Il doit rester du monde pour la complexité du monde. C’est le temps de l’école. C’est le temps de la lecture patiente de la musique des alexandrins. C’est le temps de l’équation qui donne du fil à retordre. Le temps des premières brasses dans la piscine municipale. Le temps des répétitions hésitantes pour les concerts de fin d’année. Le temps des cartes de géographie et des frises chronologiques. » Ne manque plus que la demi-heure de morale en début de journée scolaire, le tableau noir et les craies blanches et on se croirait revenu au temps de l’école de Marcel Pagnol. D’ailleurs, ce « temps de l’école, c’est celui de la force de l’intelligence, du pouvoir de la nuance, face aux slogans et au propos à l’emporte-pièce. Au fond, l’école doit rester aux antipodes du temps politique que nous vivons et qui m’est sans doute un peu étranger. » Il est un fait que notre homme semble avoir toujours été un peu étranger à sa fonction. Pourtant, assure-t-il, « j’ai servi l’Éducation nationale avec ma sensibilité, mon histoire personnelle, mes engagements de toujours contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations contre les forces obscures et les marchands de haine ».

Bref, ce ministère, sorte de garant du savoir, se change peu à peu en McDonald’s, notre homme n’ayant pas hésité à y entrer en faisant sien le slogan de la maison : « Venez comme vous êtes... » Fortuitement, ce n’est peut-être pas ce que l’on demande à un ministre de l’Éducation nationale.

Parachuté au ministère de l’Éducation nationale par Emmanuel Macron pour donner un signal à la gauche, après le passage de Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye n’aura que très modérément brillé, c'est le moins qu’on puisse dire, en à peine plus d’un an d’exercice.

La droite lui reprochait ses positions « wokistes » et « indigénistes » ; la gauche, son manque d’entrain à défendre l’école publique. Les directeurs d’école n’étaient guère plus ravis de voir leur ministre de tutelle les abandonner en rase campagne sur l’épineux dossier des abayas, leur enjoignant de déterminer au cas par cas s’il s’agissait ou non d’un vêtement religieux. La bonne blague… Cité par Le Figaro du 21 juillet, le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, aurait été jusqu’à dire l’indicible : « Blanquer savait au moins de quoi il parlait. »

Pire : ceux qui auraient pu le soutenir le font aujourd’hui tels la corde le pendu. Najat Vallaud-Belkacem, par exemple, qui l’a naguère précédé à la tête du « mammouth ». A l’occasion d’une tribune publiée le même jour dans Le Monde, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale affirme : « Je l’avais soutenu, sans illusion excessive sur ses chances de réussite, parce que j’estime l’homme, l’historien, l’intellectuel, le citoyen engagé contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations et donc contre l’extrême droite. Je ne le regrette pas. » Quelques lignes plus loin, après les mamours, le désamour : « N’était-il pas possible, à tout le moins, d’opposer une résistance plus ferme aux attaques absurdes à base de fantasmes sur le wokisme, le décolonialisme, la déconstruction ou l’intersectionnalité dont on sait qu’elles nourrissent, au fond, les combats de l’extrême droite contre le féminisme, la liberté de penser ou l’antiracisme ? » Attaques absurdes ? Pas sûr ! Méritées et efficaces, certainement. Gabriel Attal est prévenu.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Nous en avons assez de tous ces « ismes » racisme, antisémitisme . Quand vont-ils enfin s’occuper de la seule chose que nous leur demandons : l’instruction de nos enfants et s’ils veulent absolument s’occuper d’éducation, qu’ils leur apprennent à respecter leurs professeurs.

  2. S’il avait été ministre il n’aurait rien fait de plus que ce que macron lui a dit de faire. Macron, veut détruire tout ce qui marche encore un peu en France, afin de faire de nous des « veaux » serviles. Il à changé Pap Ndiaye qu’il avait mis là, pour voir s’il pouvait « achever » l’éducation nationale, vu le tollé que ça a provoqué, il a reculé pour mieux sauter, le nouveau va essayer par des chemins plus tortueux d’achever l’oeuvre de macron. A nous d’être vigilants.

  3. « j’ai servi l’Education nationale avec ma sensibilité, mon histoire personnelle, mes engagements de toujours contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations contre les forces obscures et les marchands de haine ».
    Donc, d’après ce triste wokiste, être ministre de “l’éducation nationale” consiste à combattre “l’extrême droite” si j’ai bien compris sa phrase creuse et tortueuse. Dieu merci, il a déjà disparu dans les poubelles de l’histoire…

    • Le malaise profond que l’on ressent en entendant le discours de ce Monsieur. On ressent qu’on est en face d’une montagne d’hypocrisie, de ressentiment et de rancoeur. Et qu’en dépit de toutes ses prostestations pour justifier l’excellence de son action, on voit qu’il n’aime pas les enseignants, qu’il n’aime pas les petits Français. Il est hautain et plein de suffisance. Je ne suis pas un fan d’Attal, mais quand il prend la parole pour affirmer d’entrée son humilité, je regarde la bobine du Pap et je me marre.

  4. Son discours de sortie est celui que tout licencié pour défaut de compétence peut tenir : ah si vous m’aviez laissé le temps ! mais le temps il l’a eu et qu’en a-t-il fait, pourtant il était et reste prof donc en principe au fait du sujet. Rien de sérieux et le peu qu’il a fait il l’a mal fait mais était-il libre d’agir ou le faisait-il dans un cadre prédéfini par l’adepte du « en même temps » ? ça il ne l’a pas dit…

  5. Ce triste personnage a incarné LA DECHEANCE SCOLAIRE de notre pays.
    Il faudra beaucoup d’énergie à son successeur pour une REMISE A NIVEAU indispensable à la fois sur le plan de la formation de la jeunesse que pour lui inculquer la fierté patriotique sans laquelle notre pays se meurt irrévocablement.

  6. Le cas Pap Ndiaye, illustre parfaitement la manière dont le pays est géré. Macron ne nomme pas les gens en fonction de leur compétence mais en fonction de ce que leur image peut lui apporter…Avoir un ministre de couleur à l’éducation, ça fait bien, c’est dans l’air du temps…Et, s’il avait été compétent, franchement, qu’importait sa couleur de peau ou ses origines…Pourvu que les gamins qui arrivent en sixième sachent à peu près lire, écrire et compter. Enfin, comme c’était de notre temps…Mais on en est loin…

  7. Il faut arrêter de parler d’extrême droite à tord surtout quand on parle de gens qui aiment la France ! Ce mélange des genres fait les délices de la gauche et facilite son affaire . Quand est ce que les LR de tous poils le comprendront pour enfin passer des accords exprès ou tacites avec les souverainistes ?L’objet n’est pas de savoir si on est d’extrême droite ou pas mais plutôt de savoir si on est prêt à mettre un terme à la plus grande tromperie du siècle qui est de faire croire que la gauche mondialiste aime la France ! Je suis désolé de voir que certains LR ont peur de leur ombre à ce sujet. Mais qui donc à Bd Voltaire analysera ce fait ?

  8. De ministre de l’éducation en ministre de l’éducation on croit toucher le fond mais non … étrangement ils sont de pire en pire …

  9. Najat Belkacem, une autre grande ministre de l’Education nationale, défendant Pap and Diaye ! On aura compris. Vite, tournons ces pages bien tristes pour l’éducation de nos enfants

  10. Emmanuel Macron aura été, après Sarkozy, le président de la « créolisation » chère à Mélenchon. En effet, c’est le premier président de la cinquième à avoir « embauché » dans les ministères autant de diversité. On ne le lui reproche pas, non, ce qu’on lui reproche c’est d’avoir mis des incompétents à la tête des ministères. La preuve par Pap Ndiaye, Rima Abdul Malak ….

  11. Peut-on m’expliquer pourquoi on dissocie « racisme » et « antisémitisme » ? L’antisémitisme ne serait donc pas un racisme ? Ou y aurait-il des racismes qui ne mériteraient pas le mot ? Ou des racismes « graves » et des racismes « pas graves » ?

  12. Bon débarras ! Il va pouvoir en profiter pour retourner aux USA exercer son militantisme Wokisme ! il n’aura brillé que par son incompétence et sa haine de la France !
    Il a toujours prononcer le mot République mais jamais le nom de FRANCE , pour un historien c’est une offense à tous les Français et notre  » Mère Patrie  » !

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