Pape à Marseille : Le diocèse dans le rouge
4 minutes de lecture
Du 16 au 24 septembre dernier, Marseille accueillait les Rencontres méditerranéennes. Cet événement, dont le programme était très chargé et très varié, s’était conclu par la venue du pape François, les 22 et 23 septembre, et par la célébration de la sainte messe dans l’enceinte du stade Vélodrome. Une visite historique pour la deuxième ville de France qui n’avait pas accueilli de souverain pontife depuis 490 années, mais aussi pour la France, car il s’agissait, malgré ses dires, de la première visite du pape François dans l’Hexagone.
Pour l’occasion, le diocèse de Marseille avait donc mis les petits plats dans les grands. La location du palais du Pharo, le plan sécurité, la location du stade et son aménagement ainsi que le renforcement de l’offre de transport en commun ont, entre autres, fait monter le budget total de ce sommet catholique à 2,3 millions d’euros. Un peu plus de la moitié (1,2 million) ont été financés par des mécènes, le reste était à la charge du diocèse, qui comptait en grande partie sur la quête prévue le jour de la messe et sur la vente de produits dérivés pour régler la facture. Malheureusement, tout ne s’est pas déroulé comme prévu.
La quête miraculeuse n’a pas eu lieu
Le diocèse espérait « un don de dix euros par fidèle », comme le rapportait le père Romain Louge, responsable de l’organisation de la messe papale, au micro de RTL; il n’a finalement récolté qu’un montant « de l’ordre de quatre euros » par personne. Dans une ville où 26 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, les prévisions du clergé local étaient bien trop optimistes. Pour beaucoup, il était inenvisageable de donner une telle somme. Un couple présent à la messe avec ses quatre enfants et interrogé par BV témoigne : « Nous voulions être là pour cette incroyable messe mais nous ne pouvons pas nous permettre de donner 60 euros pour cela. » Une erreur d'appréciation que le diocèse a reconnue sur BFM TV : « On aurait pu attendre davantage de la quête à l’entrée du stade Vélodrome mais il y avait beaucoup de jeunes, de scouts, de familles nombreuses. »
Autre élément qui a pu être à l’origine de cette « petite quête » : un problème d’organisation. En effet, tous les bénévoles inscrits pour permettre le bon déroulé de la messe n’ont finalement pas répondu à l’appel. À cause de ces absences, certaines missions n’ont pas pu être correctement menées à bien. C’est le cas de la quête. Les bénévoles étaient trop éparpillés pour que tout le monde puisse être sollicité. In fine, beaucoup sont passés entre les mailles du filet.
Des produits dérivés mal ciblés
Pour ce qui est des produits dérivés, il pourrait y avoir eu une erreur de jugement. Pour la plupart des Marseillais, les Rencontres méditerranéennes se sont résumées à la messe du pape au Vélodrome. Ce qui s’est passé la semaine précédente n’a concerné que très peu de monde. Pourtant, le diocèse a décidé de promouvoir les MED13 plutôt que la célébration du 23 septembre sur ses goodies. Résultat : les personnes présentes à la messe ne se sont pas senties concernées et n’ont quasiment rien acheté. « Je suis allée à la messe mais à aucun moment il ne me serait venu à l’idée d’acheter un tee-shirt ou un chapeau des Rencontres méditerranéennes », confie une trentenaire à BV. Elle ajoute : « Je pense que s’il n’y avait pas eu de produits dérivés, cela aurait été aussi bien. Ça a coûté de l’argent et maintenant le diocèse les a sur les bras. » Comment lui donner tort alors que ces bougies, mugs, foulards, fanions et autres n’ont pas trouvé preneur ? À la sortie des messes marseillaises du dimanche 1er octobre, ils ont été proposés aux fidèles, sans grand succès. Ils sont aujourd’hui en vitrine de la boutique de l’artisanat monastique locale, mais plus le temps passe et plus il sera difficile de les écouler. Le diocèse ne doit donc pas trop compter là-dessus pour combler le déficit de 500.000 euros enregistré à l’occasion de la visite du pape.
Il compte, en revanche, sur la générosité des catholiques de toute la France. C’est pourquoi un appel aux dons a été lancé sur le site des Rencontres méditerranéennes : « Si vous avez participé à l'événement, notamment la messe avec le pape François, au stade, sur l'avenue du Prado via les écrans géants ou chez vous grâce aux diverses retransmissions, aidez-nous en faisant un don maintenant. Merci pour votre générosité ! » Le message est clair, mais est-ce que cela suffira ? Par les temps qui courent, rien n’est moins sûr.
Thématiques :
Marseille
36 commentaires
Bien fait ! j’ai donné de l’argent pour le policier qui nous a débarrassé d’un voyou, je ne donnerai pas un centime au diocèse de Marseille. Si celà avait été Benoit XVI, peut-être, mais celui-là, surement pas !
Bien fait ! Si j’ai donné de l’argent pour le policier qui nous a débarrassé d’un voyou, je ne donnerai pas un centime au diocèse de Marseille. Si celà avait été Benoit XVI, peut-être, mais celui-là, surement pas !
C’est là où l’on constate que la grosse majorité des « élites » sont totalement déconnectés des réalités. Si pour les politiques, les électeurs ont le pouvoir d’en changer (à condition de bien le vouloir), il serait peut être temps pour les autres de se remettre en cause. Et le plus tôt serait le mieux.