Pape François en France à l’automne ? Ce n’est pas le bon moment

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Le pape François, actuellement en Irak, pourrait venir à Marseille à la Toussaint de cette année, nous apprend l'hebdomadaire Famille chrétienne. La famille ignacienne s’y réunira du 30 octobre au 1er novembre 2021, en ce jubilé du 500e anniversaire de la conversion de saint Ignace de Loyola, et le pape est jésuite. Il pourrait, en outre, canoniser Charles de Foucauld, visiter la Sainte-Baume, faire un détour par Lourdes. Le jour des morts pourrait être l’occasion de se tourner vers la Méditerranée, présentée par le pape lui-même comme le plus grand cimetière d’Europe. Bref, les raisons conjoncturelles à sa venue sont légion, et l’occasion crée le bon larron.

Tous les catholiques de France devraient se réjouir d’une visite pastorale du Saint-Père. Qu’a-t-elle fait de son baptême, la fille aînée de l’Église, depuis l’admonestation de saint Jean-Paul II ? Il y a fort à parier que le pape puisse se désoler du constat : population de prêtres vieillissants, séminaires quasiment vides, fréquentation des églises en chute libre, sécularisation à marche forcée de la société, guéguerre de tranchée entre tradis et conciliaires dans certains diocèses, relativisme à tous les étages ! Les catholiques de France (dont je suis) ont sans doute besoin d’un recadrage et d’une orientation.

Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, serait très heureux de ce voyage du Saint-Père. C’est compréhensible, avec la tenue d’élections au printemps 2022. L’histrion Emmanuel Macron aimerait s’afficher sur la photo à côté du chef des catholiques, cette image contribuant sans doute très favorablement à sa probabilité de réélection. C’est malheureusement ainsi que va le monde d’aujourd’hui, plus friand d’apparences que de substance. Il est encore des catholiques pour croire à la bienveillance de son discours aux Bernardins. La règle qui voudrait que le pape n’interfère pas dans la politique intérieure d’un pays en s’y rendant peu avant une élection importante peut bien être bafouée pour l’occasion, semblent penser tant les autorités laïques que religieuses.

L’adversaire que Benoît XVI dénonçait - le relativisme qui sape notre foi et notre civilisation - trouve pourtant une de ses plus brillantes incarnations en la personne d’Emmanuel Macron et son célèbre « et en même temps ». Le pape peut-il faire ce cadeau empoisonné à la France que de contribuer à un possible succès électoral de celui qui impose des lois comme la révision de la loi de bioéthique avec l’avortement jusqu’au terme ou la kyrielle de lois liberticides actuelles ? Comme il est peu probable que le Saint-Père vienne délivrer publiquement et en main propre une bulle d’excommunication pour tous ceux qui ont conçu, promu, voté, imposé cette politique objectivement incompatible avec la doctrine sociale de l’Église, il serait préférable que l’Église de France patiente. Qu’elle attende que les échéances électorales soient passées pour accueillir le pape François. Ce n’est que mon opinion, celle d’un laïc qui tente d’être catholique et reste pécheur, mais je préférerais que le pape François ne vienne qu’à l’automne 2022.

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