Par quoi remplacer la porte de la mairie de Bordeaux ? Tout est possible…

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Souvenez-vous, le 23 mars 2023, en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites, la porte de l'hôtel de ville de Bordeaux avait été incendiée. Six mois après les faits, la mairie lance une consultation afin de choisir quelle porte remplacera l'ancienne qui, selon les experts, n'est pas restaurable. On ne peut reprocher à Pierre Hurmic de procéder à cette consultation démocratique, mais on peut s'interroger sur ses propres préférences.

Avec ce maire écologiste, qui annonça, en septembre 2020, qu'il n'installerait plus sur la place Pey-Berland le traditionnel sapin de Noël, qualifié d'« arbre mort », on peut s'attendre à tout. Souhaitons que cette consultation permette d'éviter quelque extravagance, dont plusieurs édiles verts sont coutumiers. Surtout que les Bordelais, qui se boboïsent de plus en plus, pourraient bien majoritairement prendre une décision dans le vent. Rappelons que, peu après l'incendie, Pierre Hurmic avait déclaré que la porte du palais Rohan pourrait faire l'objet d'une « création contemporaine après un concours d'artistes ».

Transmission ou progressisme?

Il avait aussi envisagé de garder la porte calcinée afin de « conserver l'esprit d'indignation autour de cet acte de vandalisme ». Devant la polémique suscitée par un tel projet, il y a finalement renoncé. Les Bordelais devront donc choisir entre « une porte identique à la précédente » et une porte « issue d’une création contemporaine ». Les votants doivent préciser s’ils habitent dans la métropole ou s’ils sont de passage et s’engager à ne voter qu’une seule fois. On ne sait pas encore quelle sera la participation ni si ces consignes seront respectées.

Toutes proportions gardées, ce débat autour d'une porte historique rappelle celui qui suivit l'incendie de Notre-Dame. Des propositions farfelues avaient été énoncées et beaucoup souhaitaient qu'on ne reconstruisît pas la flèche à l'identique. Emmanuel Macron lui-même, qui a le modernisme dans la peau, envisageait « un geste contemporain ». Ces intentions provoquèrent de nombreuses protestations, dont celle de François-Xavier Bellamy, sur Twitter : « Notre-Dame de Paris ne nous appartient pas. Notre seul devoir est de la restaurer, avec la patience qu'exige un chef-d'œuvre absolu, pour la transmettre comme nous l'avons reçue. »

Belle leçon de sagesse, qu'on pourrait appliquer à cette porte de l'hôtel de ville. Mais, à une époque où l'on se pâme d'admiration devant Dirty Corner, une sculpture en acier surnommée par les médias français « Le Vagin de la reine », ou devant un Arc de Triomphe empaqueté, tout est possible, même le pire. « La vraie éloquence se moque de l'éloquence », écrivait Pascal. Pareillement, l'art véritable se moque du snobisme, le vrai bon sens de la bêtise, et l'Histoire du wokisme.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 01/10/2023 à 15:29.
Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Compte tenu de la situation socio-politique de la France, y compris Bordeaux, je pense qu’il faut installer une porte ignifugée, de préférence en acier.

  2. Alors là, les écolos doivent drôlement être ennuyés. Une porte en bois ? C’ est autant d’ arbres morts ou condamnés…En plastique ? C’ est du pétrole….En verre ? c’ est gaspillé du sable et de l’ énergie gaspillée en fonderie ( éolien exclu car production intermittente. Les fonderies nécessitent une alimentation continue lorsqu’ elles fonctionnent) Alors, laissons le tout à l’ air libre, au gré de qui souhaite aller et venir à sa guise….C’ est dans l’ idéologie actuelle, après tout.

  3. Si les gens ne sont appelés à ne voter qu’une fois, cela veut dire que les écolos vont bourrer les urnes. Va-t-il refaire une porte en « bois mort » façon XVIIe siècle ? Je verrai bien, pour coller à l’idéologie de cet homme, une porte en sac-poubelles recyclés. Ca ferait bien crade, écolo-bobo-fashion :)

  4. Le maire de Bordeaux serait-il miraculeusement capable de comprendre, à l’aune de ce qui se passe pour Notre-Dame, que la meilleure solution serait tout simplement une reconstruction de la porte à l’identique. Mais entre la population qui a été « capable » (si je dis autre chose, je vais être censurée) d’élire un tel maire, et donc la population elle-même, on peut malheureusement en douter….

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