Parapluie nucléaire français en Europe : Raphaël Glucksmann est pour !

Capture d'écran X
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Le candidat socialiste - Place publique aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, était l’invité, ce dimanche 12 mai, de Dimanche en politique, sur France 3. Un candidat de gauche sur une chaîne de télévision du service public, au creux du dimanche : on sent que tout ça va se passer sans heurts, et même dans une certaine « bienveillance » (ce fameux mot qui ne veut plus rien dire). De fait, le présentateur, après un certain nombre d’échanges sans acrimonie (ce qui est louable) mais sans aller au fond des choses (ce qui l’est un peu moins), ose la question qui fâche : quel est l’avis de Glucksmann sur l’utilisation de l’arme nucléaire française au profit de toute l’Union européenne ?

Le candidat socialiste semble s’attendre à cette question. Il faut dire que la France, depuis le Brexit, est la seule puissance européenne « dotée » (comme on dit dans le jargon) et que, comme il le rappellera dans sa réponse, l’élection de Donald Trump risque de rebattre singulièrement les cartes stratégiques. L’ancien président américain a déjà annoncé la couleur : le parapluie américain en Europe, avec lui, ce sera terminé. Chacun devra payer. L’OTAN, qu’Emmanuel Macron disait en état de mort cérébrale, a certes prouvé son utilité, mais elle a également montré des failles béantes, exploitées sans pitié par les Russes : culture du consensus, petits pays qui s’abritent paresseusement derrière la puissante Amérique, grands pays qui hésitent entre une vassalisation consentie (les Anglo-Saxons) et une agitation qu’ils confondent avec la grandeur (Turquie, France…) - tout cela sans même parler de l’ambiance Bisounours à l’américaine, à base de « great job » et « outstanding » [bon travail et remarquable, NDLR], qui nivelle tout par le bas puisque tout y est supposément génial. Bref, donc si Trump est élu en novembre, la fête est finie et il faudra que chacun assure la défense de son territoire.

Étendre les intérêts vitaux de la France à la défense de l’Europe

C’est là que l’idée d’inclure l’arme nucléaire dans la défense collective de l’UE fait son apparition. Pas question de « mutualisation » dans le projet de Macron, comme le rappelle Raphaël Glucksmann : l’usage de la bombe sera toujours dans la main de la France et non soumis au vote des 27. Manquerait plus que ça ! En revanche, il s’agit d’intégrer la puissance nucléaire de la France dans une stratégie globale de défense de l’Europe. Et ça, Glucksmann est d’accord - prouvant, une nouvelle fois, qu’il n’y a guère de différence entre le programme des socialistes et celui des macronistes quand on parle d’Europe. Il appelle ça « ne pas faire de politique politicienne » : c’est tout à son honneur. On peut aussi, au passage, reconnaître qu’il explique son projet beaucoup mieux que Macron ne le ferait : étendre les intérêts vitaux de la France à la défense de l’Europe. Pour autant, si le socialiste est plus clair, il n’est pas plus explicite sur les modalités pratiques. Enfin, cela n’aurait vraiment de sens que si la France était leader de l’UE, sans contestation possible - par l’Allemagne, par exemple. Si nous régnions sur des États-Unis d’Europe, nous défendrions nos intérêts en défendant les leurs. Idem pour notre siège au Conseil de sécurité des Nations unies. Ce n’est pas le cas : nous sommes un membre important de l’UE, mais nous ne régnons pas. Et de la même façon que le projet de suppression du droit de veto des États de l’UE en tuerait net l’idéal démocratique, une France qui gouvernerait l’UE ne rencontrerait l’adhésion de personne.

On murmure, de plus en plus, que Macron a pour projet, quand il aura terminé son stage en France, de postuler à la succession d’Ursula von der Leyen. Cela commence à se voir.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Tourne que vire et quoiqu’il en soit, le PS et Place Publique sont fideles a la tradition de la vieille SFIO qui preferait la guerre a la paix !

  2. Au fait, sympa Macron et Glucksman .. Mais est ce que l’Europe nous paye pour cette protection nucléaire ??

  3. Comme tout chantre de l’empire americano-sioniste, il est pour tout ce qui est susceptible d’affaiblir la France, ou bien l’Europe face aux USA. Mème pas besoin de l’interviewer, vous pouvez prévoir ses pours et ses contres si vous gardez à l’esprit son origine et son parcours. Je commence à me demander si cet individu ne va pas être le candidat de l’oligarchie qui a mis Macron à l’Elysée, pour la prochaine présidentielle. Si vous pensez avoir touché le fond avec Macron, cramponnez-vous !

  4. Gluksmann devrait relire De Gaulle le père de la force de frappe française, ça ne se partage pas.

    • De toutes les façons, ça fait longtemps que nous n’avons plus rien à partager, sauf nos yeux pour pleurer.

  5. Glucksman semble trouver normal que la réflexion sur ce sujet soit engagée depuis des années avec les autres pays de l’UE, mais oublie que ce sujet n’a jamais été abordé au parlement Français ou par référendum ce qui serait pourtant la moindre des choses.
    De plus, comme tous « bon » politocard, il joue à nous faire peur avec le retour du Grizzli Trump à la Maison Blanche. Or il est évident que Trump ne laissera jamais tomber l’Europe car cela serait compris par les Chinois comme un feu vert pour envahir Taïwan. Ce que veut Trump, et c’est bien normal, c’est tout simplement que les Européens, qui ont un PIB comparable à celui des Etats-Unis, mettent la main à la poche pour leur propre défense. Pas de quoi en faire toute une histoire.

  6. Le nucléaire doit rester français et servir pour notre défense et ce serait perdre le peu de souveraineté qui nous reste . Nous avons bradé suffisamment d’industries et de savoir faire et peu de pays européens achètent français . De plus laisser à Macron la gestion de cette désicion c’est aller au suicide pour ce pays . Et il y a au sein de l’ UE des pays qui n’y ont pas leur place .

  7. Donc …. l’UE deviendrait une sorte d’OTAN bis et la France y jouerait une rôle équivalent à celui des US au niveau européen. C’est déjà « compliqué » avec l’OTAN, on peut imaginer les complications d’une extension des « compétences » de l’UE au domaine de la défense et donc de la diplomatie. On peut être curieux de savoir ce qu’en pensent les autres Pays d’Europe, l’Allemagne étant par exemble arrimée à la défense US. Et il y fort à parier qu’il en soit de même de la Pologne.

  8. Une prise de position de Raphaël Glucksmann qui :
    a) Tend à confirmer l’ancrage aussi ancien que profond du parti socialiste français dans le capitalisme exclusivement financier des mondialistes en dépit des fausses grimaces « de gauche » de ce parti;
    b) Tend à susciter des doutes sur la volonté profonde du candidat socialiste Raphaël Glucksmann de défendre efficacement les intérêts socio-économiques de la France.
    Mais il est vrai que le Parti Socialiste et son actuel candidat ne sont pas les seuls à laisser cette impression.

  9. Une prise de position de Raphaël Glucksmann qui :
    a) Tend à confirmer l’ancrage aussi ancien que profond du parti socialiste français dans le système capitaliste exclusivement financier des mondialistes en dépit de ses fausses grimaces « de gauche » ;
    b) Tend à susciter des doutes sur la volonté profonde du candidat socialiste Raphaël Glucksmann de défendre efficacement les intérêts socio-économiques de la France.
    Mais il est vrai que le Parti Socialiste et son actuel candidat ne sont pas les seuls à laisser cette impression.

  10. Les autres pays européens achètent des avions français ? Non.
    La gauche a toujours eut une grande passion pour l’argent des autres, celui des français.

  11. Monsieur Glucksmann n’a rien compris à la doctrine d’emploi de la force de dissuasion nucléaire FRANCAISE. Elle est exclusive de la défense des intérêts vitaux de la France souveraine.
    Pourquoi l’utiliser au profit d’un état européen agressé?
    Paris et plus serait vitrifié dans l’heure qui suit, tandis que le pays en question serait épargné par le feu nucléaire ennemi.
    D’ailleurs il me semble que monsieur Hollande, socialiste aussi, n’avait-il pas dit qu’il ne la mettrait jamais en oeuvre?

  12. Un pays c’est des frontières, une armée et une monnaie. L’Europe a des frontières ouvertes, autant dire qu’elle n’en a pas. La monnaie est commune mais les niveaux de vie ne le sont pas. Quant à l’Armée, lors de l’effondrement du bloc communiste, l’OTAN n’avait plus d’utilité, pourtant elle nous entraina dans deux conflits sur le sol Européen, en ex-Yougoslavie et maintenant en Ukraine. Avant de penser à une Armée Européenne, encore faudrait il que nous échappions à toute influence extérieure.

    • Un pays, c’est une langue aussi ! Et je ne pense pas que nos européens voisins accepteraient de parler la belle langue française.

  13. En contrepartie du généreux parapluie nucléaire américain , les pays protégés avaient l’ardente obligation d’acheter du matériel militaire américain .
    Première question , les Américains vont-ils abandonner ces clients captifs ?
    Deuxième question , les Français devenus protecteurs nucléaires vont-ils en contrepartie vendre leur matériel militaire aux protégés comme actuellement les Américains ?

    • N’est-ce pas au peuple de décider à quelle sauce il préfère devoir être manger ? Le pomponné est nourri, blanchi, entretenu de et par devant, derrière et tous les côtés… pourquoi devrions-nous nous plier à ses envies ?

  14. Il est évident que si un ennemi entrait en force dans un pays de l’UE se poserait la question de l’usage de l’arme nucléaire. Mais la décision ultime doit rester au président de la France. D’ailleurs , il faudrait peut être commencer par acheter Européen , pas comme ce qui est fait aujourd’hui , pourquoi du F.35 à gogo alors que le Rafale Français est un excellent choix. Quid du future char européen , toujours à l’étude , idem pour l’avion de combat du futur. Que dire des munitions , Nous sommes incapables d’en produire en quantité pour un combat de haute intensité. Voilà le résultat de la politique de nos  » zélites » qui nous ont dirigés depuis quarante ans !!! L’industrie ce n’était pas la priorité . Maintenant nous sommes dans les  » Choose »…

    • L’achat du F35 est la condition sine qua none à l’emport de l’arme atomique américaine… pas d’avion américain, pas de bombe !, hors de question que le vecteur soit français de surcroît.

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